Après le duel Mohsen Marzouk/Hafedh Caïd Essebsi, nous voici, aujourd'hui, devant le duel Ridha Belhadj/Hafedh Caïd Essebsi : après une alliance sans nom, les deux dirigeants du mouvement de Nidaa Tounes ne cessent de défrayer la chronique à coup de démonstration de force et de confrontation. Dimanche dernier, Belhadj et Caïd Essebsi junior ont choisi de se défier publiquement après que chacun des deux ait organisé un meeting qui lui a servi d'ouvrir les hostilités. Accompagné par Sofiene Toubel, Boujemaâ Rmili, Abdelaziz Kotti, Khemaeis Kssila, Faouzi Elloumi et Moncef Sallemi, Ridha Belhadj a organisé une rencontre dans la ville de Sousse qui a regroupé les représentants du mouvement des régions du Sahel et de Kairouan. A l'issue de cette réunion, un communiqué, appelant à la suppression du poste de directeur-exécutif et à l'organisation d'un congrès électif en mars prochain, a été publié. Proposant la mise en place d'une direction collégiale, le groupe de la réforme et du sauvetage au sein de Nidaa Tounes a estimé que Hafedh Caïd Essebsi s'est accaparé des mécanismes du mouvement en excluant tous ses autres dirigeants. Dans ce sens, Ridha Belhadj a assuré qu'il n'est pas question d'évincer HCE de Nidaa Tounes mais qu'il s'agirait plutôt d'une tentative de réorganiser le mouvement. Au-delà du communiqué et des différentes déclarations, ce qui a le plus retenu l'attention de certains, c'est l'absence du portrait de Béji Caïd Essebsi, chef de l'Etat, dans la salle : alors que lors de toutes les précédentes réunions partisanes – qui s'étaient tenues, parfois, dans des conditions de crises plus aigues que celle-ci – les organisateurs de la réunion de Sousse n'avaient pas omis de placer ce portrait dont ils nous ont toujours défendu la symbolique. Simple inattention ou acte significatif adressant un message clair ? Même jour, même heure, différents endroits : pendant qu'à Sousse on essayait de mettre l'accent sur la nécessité de supprimer son poste, Hafedh Caïd Essebsi organisait, à Douar Hicher (la Manouba) une réunion avec des cadres régionaux du mouvement. Appelant ceux qu'il a qualifiés de dissidents – en référence au groupe de la réforme et du sauvetage au sein de Nidaa Tounes – à exposer leurs suggestions à l'intérieur du mouvement tout en respectant l'intérêt général du pays et les résultats du congrès de Sousse (janvier 2016), Hafedh Caïd Essebsi a exprimé son intention de continuer à présider les meetings des différentes structures du mouvement dans le dessein d'être à l'écoute des attentes et des objectifs de chacun. De son côté, la ministre du Tourisme et dirigeante du Nidaa, Salma Elloumi, a appelé, lors d'une déclaration accordée en marge d'un meeting qu'elle a elle-même présidé dimanche à Mornag, à l'accélération de la tenue d'un congrès électif estimant que cela représente la seule issue pour les crises sans fin que traverse Nidaa Tounes. L'origine de ces crises continuelles de Nidaa Tounes remonte à 2013 lorsque Béji Caïd Essebsi, président du mouvement à l'époque, avait décidé de nommer son fils coordinateur général des structures du mouvement. Si quelques-uns avaient catégoriquement rejeté cette nomination, d'autres (de ceux qui s'acharnent contre l'autorité de HCE aujourd'hui) ont fait mine de ne rien avoir vu. Par la suite, était venue la question de la tenue d'un congrès électif. Là encore, Béji Caïd Essebsi s'y était fermement opposé en appelant tous les dirigeants du mouvement à reporter la tenue d'un tel congrès pour une date ultérieure à celle des législatives et de la Présidentielle. Sachant très bien que la composition du mouvement était totalement hétérogène – puisque, à l'époque, il avait même déclaré qu'il était entouré de ‘requins' – BCE ne pouvait-il donc pas prévoir qu'en l'absence d'élection interne, son parti disparaîtrait avec son ascension au pouvoir ? Les dirigeants, des différents clans, qui continuent à appeler à la tenue d'un congrès électif aujourd'hui – en prétendant qu'il mettrait fin à tous ces conflits – ne sont-ils pas conscients du fait que peu importe le camp qui emporterait les élections, il sera inévitablement confronté au camp ‘perdant' qui ne resterait certainement pas sans réagir ? Tant de questions sur le fondement de toutes ces manœuvres qui s'inscrivent dans une pauvre guéguerre de positionnement en oubliant tout ce qui est élémentaire et essentiel.