Trois ans après le soulèvement, les acteurs de la transition politique tardent à traduire en actes, quand ils ne les ont pas bafouées les revendications de « Liberté, Dignité et Egalité» portées haut et fort par les Tunisien-ne-s pendant la révolution. Quelques extraits du rapport du le Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l'Homme. La transition va sans aucun doute connaître des développements essentiels pour l'avenir de la Tunisie en 2014. Les autorités tunisiennes et la classe politique doivent impérativement garantir la protection des libertés et l'universalité des droits humains et en particulier les principes d'égalité et de non discrimination. La lutte contre l'impunité et la justice sociale sont deux autres chantiers tout aussi cruciaux pour notamment rétablir la paix sociale. Les organisations signataires appellent ainsi les acteurs politiques tunisiens à prendre leurs responsabilités et à mettre en œuvre urgemment un certain nombre de recommandations émises à plusieurs reprises. Lutter contre l'impunité Lutter contre la violence politique, diligenter et mener à terme des enquêtes indépendantes et impartiales sur les actes de violence et les assassinats politiques et entamer des poursuites à l'encontre des responsables identifiés ; Lutter contre la violence policière et garantir que toutes les allégations de torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants fassent l'objet d'enquêtes et de poursuites judiciaires ; Réformer le secteur de la sécurité et du ministère de l'intérieur ; Garantir une justice transitionnelle respectueuse des standards internationaux pertinents et veiller notamment à ce que les auteurs des crimes du passé aient à rendre compte devant une justice impartiale, équitable et indépendante et que les victimes aient droit à réparation. Garantir l'accès aux archives dans le cadre du processus de justice transitionnelle. Mettre fin à la répression judiciaire des libertés d'expression et d'opinion Assurer la protection des libertés d'association et d'expression et mettre fin aux pratiques qui sont susceptibles d'entraver ces libertés, notamment par la voie de poursuites judiciaires ; Mettre en œuvre effectivement les décrets d'application de la loi sur les médias (décrets 116 et 115) et mettre fin aux harcèlements judiciaires des journalistes sur la base du code pénal. Garantir l'indépendance de la justice Réformer le système judiciaire en accord avec les standards internationaux, notamment en ce qui concerne l'indépendance de la justice. Amender le Statut général des forces de sécurité intérieur afin que les crimes commis et à fortiori les violations les plus graves des droits humains, ne soient pas jugés devant des tribunaux militaires mais des juridictions de droit commun. Promouvoir les droits économiques sociaux et culturels : Mise en œuvre des DESC et ratification du protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC). Force est de constater que le débat économique en Tunisie post-révolution n'a pas à ce jour apporté de réponse aux défis ouverts par la période de transition y compris la quête pour un développement juste et inclusif. D'importantes revendications pour une justice économique, sociale et culturelle ont été exprimées par de pans entiers de la population pendant le soulèvement et au cours de ces trois dernières années. Les discussions sur la loi de finances complémentaire pour l'année 2013 et le budget de l'Etat pour la nouvelle année 2014 ont permis de recentrer le débat public sur ces questions économiques. Rapport du le Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l'Homme.