Destiné à appuyer le Plan Solaire Tunisien, le Programme des nations unies au développement (PNUD) rapport présente les résultats d'une analyse de modélisation du rapport coût-efficacité des mesures d'action publique d'atténuation des risques pouvant être prises en vue de promouvoir les investissements du secteur privé dans l'énergie éolienne et le solaire photovoltaïque (solaire PV) à grande échelle en Tunisie. L'analyse présentée rentre dans le cadre de l'appui apporté par le PNUD au gouvernement de la Tunisie en vue d'élaborer des mesures d'atténuation appropriées au niveau national (NAMA) pour le Plan Solaire Tunisien (PST). Le PNUD apporte son soutien dans le cadre du projet financé par le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), intitulé « NAMA d'appui au Plan Solaire Tunisien » (le « Projet NAMA PST »). Le partenaire national de réalisation est l'Agence Nationale pour la Maîtrise de l'Energie en Tunisie (ANME). Le Projet NAMA PST sera mis en oeuvre entre 2015 et 2019. Le PST, initialement formulé en 2009 et mis à jour en 2012, est le plan officiel de long terme lancé par la Tunisie pour attirer les investissements dans les énergies renouvelables dans le secteur de l'électricité. Le PST cherche à atteindre un objectif de pénétration des énergies renouvelables de 30% du mix énergétique des différentes sources de production électrique d'ici à 2030. Prenant acte de l'échelle des investissements nécessaires d'ici à 2030, le PST prévoit que 80% du financement requis proviendra du secteur privé. La Tunisie est également en train de mettre en œuvre des mesures visant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, sous la forme de NAMA présentées dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Sélection d'un instrument d'action publique La modélisation utilise des objectifs fixés pour 2030, sur la base du Plan Solaire Tunisien, tant pour l'énergie éolienne (1,404 MW) que pour le solaire PV (736 MW) à grande échelle. Elle modélise ensuite la mise en œuvre d'un ensemble d'instruments d'action publique, comprenant des instruments politiques d'atténuation des risques et des instruments financiers d'atténuation des risques, en vue de promouvoir les investissements nécessaires pour atteindre ces objectifs. Les instruments sont sélectionnés en vue de cibler spécifiquement les catégories de risques identifiées dans la cascade des coûts de financement. En ce qui concerne l'énergie éolienne, les coûts nécessaires d'ici à 2030 sont estimés à 8,5 millions d'euros pour financer les instruments politiques d'atténuation des risques, et à 279,0 millions d'euros pour les instruments financiers d'atténuation des risques. Pour le solaire PV, les instruments politiques d'atténuation des risques sont estimés à 4,4 millions d'euros, et les instruments financiers d'atténuation des risques à 140,6 millions d'euros. Implications pour la promotion des énergies renouvelables en Tunisie Les résultats confirment que les coûts de financement de l'énergie éolienne et du solaire PV en Tunisie sont actuellement élevés, notamment si on les compare avec ceux des pays bénéficiant d'environnements plus favorables au niveau de l'investissement. Le coût des fonds propres pour l'énergie éolienne et le solaire PV est estimé aujourd'hui en Tunisie à 15,0% (en euros), et le coût de la dette à 6,5% (en euros). La modélisation identifie neuf catégories de risques différentes, qui contribuent à rendre ces coûts de financement supérieurs en Tunisie. Le risque du marché de l'énergie – qui concerne les risques liés aux réglementations et aux mécanismes d'établissement des prix appliqués aux énergies renouvelables – est identifié comme étant la catégorie de risque la plus significative, contribuant selon les estimations à 1,4% du coût des fonds propres. Quatre autres catégories – risque de réseau/transmission, risque de contrepartie, risque politique and risque monétaire/macroéconomique – contribuent également largement au caractère élevé des coûts de financement, augmentant le coût des fonds propres d'environ 1,0% chacun. Une des conclusions essentielles pouvant être tirées de la modélisation est qu'investir dans des mesures d'atténuation des risques pour s'attaquer à ces risques d'investissement constitue une approche dotée d'un bon rapport coût-efficacité pour la réalisation des objectifs d'investissements stipulés dans le Plan Solaire Tunisien. Les mesures d'atténuation qui sont modélisées font baisser le coût de production de l'énergie éolienne de 7,5 centimes d'euro par kWh à 5,8 centimes d'euro par kWh, tout comme celui de l'énergie solaire PV, qui passe de 9,9 centimes d'euro par kWh à 7,7 centimes d'euro par kWh. Ces coûts de production inférieurs ont des implications importantes au niveau de l'accessibilité financière pour les utilisateurs finaux tunisiens. La modélisation démontre également que le fait d'investir dans des mesures d'atténuation des risques est avantageux financièrement par rapport au paiement d'un prix préférentiel pour l'énergie éolienne et le solaire PV. ● S'agissant de l'énergie éolienne, dans le scénario de référence, la modélisation estime qu'un prix préférentiel d'une valeur totale de 642 millions d'euros sera nécessaire au cours des 20 prochaines années pour réaliser l'objectif du PST. Toutefois, si un investissement total de 287 millions d'euros est consacré aux mesures d'atténuation des risques (soit 20,5 millions d'euros par an jusqu'à 203015), l'énergie éolienne devient meilleur marché que le coût de l'énergie de référence, éliminant le besoin de prix préférentiel, et permettant d'économiser 712 millions d'euros de coûts de production sur 20 ans. ● S'agissant du solaire PV, dans le scénario de référence, la modélisation estime qu'un prix préférentiel d'une valeur totale de 634 millions d'euros sera nécessaire au cours des 20 prochaines années pour réaliser l'objectif du PST. Toutefois, si un investissement total de 145 millions d'euros est consacré aux mesures d'atténuation des risques (soit 8,5 millions d'euros par an jusqu'à 203016), le coût de production de l'énergie solaire PV diminue, et le prix préférentiel est réduit de 359 millions d'euros sur 20 ans. La nouvelle exigence du prix préférentiel est estimée à 276 millions d'euros sur 20 ans Globalement, les résultats indiquent que tous les instruments d'atténuation des risques qui peuvent être immédiatement mis en œuvre doivent, dans la mesure du possible, se voir donner la priorité avant de recourir à des prix préférentiels pour compenser tout risque résiduel. Prochaines étapes Les résultats du rapport ne doivent pas être interprétés comme une analyse quantitative définitive de l'énergie éolienne et du solaire PV en Tunisie, mais plutôt comme une contribution à un processus de prise de décisions politiques global. Ses rédacteurs espèrent que les conclusions de ce rapport pourront être comparées, mises en perspective et combinées à d'autres analyses. L'équipe de modélisation a identifié un certain nombre de domaines où le travail doit être approfondi en vue d'applications futures de la méthode DREI en Tunisie, y compris en examinant le rôle des subventions accordées aux énergies fossiles, les analyses de sensibilité additionnelles et le travail réalisé sur les coûts des instruments d'action publique.