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Erdogan: de l'utilitaire à l'humanitaire, Une pirouette réussie
Publié dans L'expert le 26 - 06 - 2011

Quand on compare la Turquie d'aujourd'hui à la Turquie d'il y a une vingtaine d'années, on est étonné par le changement opéré sur quasiment tous les plans de la vie. Un changement spectaculaire. Et pourtant on ne devrait pas l'être, car le pays est coutumier du fait. Consultons à ce sujet l'histoire récente de ce pays.
En 1918, l'Empire ottoman est défait et occupé par les Alliés de la Première Guerre mondiale. Mustapha Kemal dit Atatürk organise la résistance et entreprend la construction d'un Etat national turc, dont il change complètement les assises et l'esprit. Le Califat disparait, remplacé par une république laïque, moderne et occidentalisée. Virage à 180° au terme duquel la Turquie s'inscrit dans l'orbite européenne, se détournant complètement de l'arrière-pays proche-oriental.
Le changement d'aujourd'hui ne le cède en rien au précédent en matière d'ampleur sauf qu'il s'inscrit dans une toute autre logique, presque aux antipodes de la précédente. Le moment fort de ce dernier changement peut être appelé le retour aux sources avec la réhabilitation de la foi musulmane dont d'ailleurs est imprégné l'actuel Premier ministre, Recep Tayyib Erdogan (sur le petit écran, on peut voir sa femme et ses filles portant le voile). Ce retour aux sources est accompagné d'une mise à l'écart de l'armée, dans l'élaboration des grandes orientations politico-économiques et même dans la gestion proprement dite du pays. Cette mise en veilleuse des militaires a été facilitée par les échecs successifs des tentatives effectuées par la Turquie en vue d'intégrer l'Union européenne. Ces tentatives infructueuses ont fini, à la longue, par miner le sentiment pro-occidental qui n'avait cessé d'alimenter les constantes majeures de la Turquie kemalienne. L'amertume qui en a découlé n'a pas été loin de contribuer à l'érection d'un mur d'incompréhension entre la Turquie et son environnement européen, d'autant que les problèmes kurde et chypriote n'ont pas manqué d'attiser le sentiment anti-turc en Europe, allant jusqu'à réveiller le réflexe anti-musulman du temps des conquêtes foudroyantes des Ottomans en terre chrétienne.

La fin d'une idylle
L'appui américain jamais démenti à Ankara, bien qu'il y ait eu quelque malentendu pendant la guerre menée par G.W. Bush en Iraq, cet appui donc a permis de maintenir la politique étrangère turque dans une ligne de fidélité dans ses options majeures. Mais c'est avec l'attaque meurtrière de Gaza (qui avait fait plus de 1.300 morts) que le tournant a été pris en faveur des Palestiniens. L'embargo total imposé à la Bande a creusé davantage le fossé entre la Turquie et Israël, et notamment avec l'affaire du navire «Liberté» censé déverrouiller le blocus de la région. La mort de militants turcs à bord du navire sous les balles israéliennes, a fait le reste. Après une idylle de plusieurs décennies, voilà les amarres quasiment rompues entre les deux pays. Et c'est d'autant plus important pour l'avenir de la région que chacun des deux pays vise la pôle position. La sympathie dont allait bénéficier la Turquie, auprès des Arabes, jadis, méfiants à son égard depuis Atatürk, lui a permis de s'installer davantage dans leurs cœurs. Les Arabes étaient d'autant plus heureux de l'aubaine qu'elle venait d'une nation qui connait un foudroyant essor économique avec un taux de croissance qui frise presque les 10%. Ce qui, en ces temps de marasme économique, constitue une belle performance.
Mais voilà que survient le printemps arabe. Tel un tsunami, il balaie tout un pan de ce monde arabe douloureusement marqué par une tradition de tyrannie exercée par des Chefs d'Etat sans foi ni loi, plus proches de chefs de gangs mafieux que de véritables responsables en charge de nations. Une répression terrible, s'en est suivie, d'une férocité et d'une barbarie presque sans précédent. Une barbarie devant laquelle palissent les massacres de Sabra et Chatila.
Moment délicat pour Erdogan, lui qui a condamné avec véhémence les forfaits d'Israël. Que faire? Passe qu'on se taise sur la Tunisie, petit pays qui ne pèse sur l'échiquier que par sa position stratégique au cœur de la Méditerranée. Mais c'est encore loin géographiquement de la Turquie qui lorgne, dans sa poussée, plutôt l'Orient arabe et l'Asie centrale. Mais la Libye! Faut-il se taire devant les monstruosités d'un illuminé? Faut-il se voiler la face devant des carnages horribles? Faut-il sacrifier les intérêts énergétiques qui lient Ankara à Tripoli? Le problème est encore plus complexe en ce qui concerne la Syrie avec laquelle Erdogan avait engagé un voisinage empreint de profonde amitié et de respect partagé des intérêts économiques. Et surtout cette avancée est d'une portée capitale car faisant contrepoids aux menées délétères d'un Israël menaçant. Elle constitue la poutre-maîtresse du changement géostratégique initié par Erdogan. Poutre-maîtresse étayée par des relations amicales avec l'Irak, et surtout avec l'Iran, entité majeure dans cet espace plein de bruit et de fureur.
C'est la quadrature du cercle. Comment concilier les inconciliables, les intérêts géostratégiques et l'horrible jeu de massacre qu'orchestre un Bachar Al-Assad, ou plutôt son clan car ce dernier n'a pas grande autorité au sein du clan familial.
Au début de ce printemps arabe, Erdogan s'est abstenu de prendre parti, se contentant de voir comment les événements tourneraient, semblant même condamner in petto les deux insurrections. Cette attitude, il l'a adoptée aussi bien avec la Libye qu'avec la Syrie. Avec l'Egypte, l'éviction relativement rapide de Moubarak ne lui a pas donné l'occasion d'esquisser une valse hésitation. Mais cette attitude compréhensive à l'égard de Kaddhafi et d'Al-Assad n'a pas résisté devant les assauts rageurs des deux insurrections et aussi devant le revirement de pays européens, au début hésitants et, ensuite, prenant fermement fait et cause pour les deux peuples opprimés. Et puis, il y avait l'opinion publique internationale acquise en grande partie à la cause de la liberté et de la dignité et qu'il ne fallait pas braver. Le revirement progressif de la Chine et, surtout, de la Russie, naguère amis patentés des deux dictateurs ont amené le Premier ministre turc à nuancer son appréciation de la situation avant d'amorcer un virage assez significatif, abandonnant les deux hommes à leur sort sous le fallacieux prétexte de discussions sur une sortie de crise qui sauverait la face de l'un et de l'autre. La pirouette semble jusqu'à maintenant réussir à moins que quelque impondérable ne vienne remettre en cause le processus.


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