Avec 1.280.000 ha, les forêts tunisiennes constituent un important puits de carbone. Selon les études présentées par la Direction Générale des Forêts, le stock de carbone dans la forêt tunisienne a évolué de 1990 à 2005 en fonction de l'évolution de la superficie forestière. De 43 millions de tonnes de CO2 en 1990 pour une superficie forestière de 971 000 ha, il est passé à 52 millions t/CO2 en 2000 pour une superficie de 1.151.000 ha et atteint les 56 millions t/ CO2 en 2005. Le volume de CO2 stocké a ainsi suivi l'évolution des superficies forestières boisées. Mais on sait que cette superficie atteindra les 1.600.000 ha en 2016, c'est-à-dire que le volume de CO2 stocké suivra la même courbe. Au sein de ces importantes superficies soumises à une programmation rigoureuse de boisement, de reboisement et d'amélioration de leur état, nous comptons une subéraie multifonctionnelle d'une superficie de 90.000 hectares qui, grâce à ses potentialités, joue un rôle socio-économique et environnemental d'une importance capitale. Ces forêts de chêne liège qui abritent une grande richesse en biodiversité constituée de près de 700 espèces végétales, de 70 espèces d'oiseaux et de 25 espèces de mammifères constituent, en plus, le couloir de mouvement du cerf de berbéris. De plus, cette subéraie abrite cinq aires protégées, alors que trois autres y sont en voie de création. Parler d'une biodiversité riche dans la subéraie c'est parler d'exploitation, autrement dit de facteurs anthropiques qui n'ont pas toujours été «doux». Bien au contraire, la richesse de la subéraie en plants aromatiques, en gibiers et en autres produits comestibles prisés a soumis ces zones à une surexploitation qui a engendré une dégradation en l'absence d'alternatives accessibles aux populations de la zone. Cette sollicitation de la subéraie d'une façon qui dépasse les potentialités exploitables entrave la régénération du peuplement et menace cette forêt et l'écosystème. Il faut ajouter que la subéraie est située dans le nord de la Tunisie, dans une région particulièrement pluvieuse où la moyenne des précipitations atteint les 100 m/m, et abrite de ce fait plusieurs châteaux d'eau du pays. Elle joue, grâce à sa couverture, un rôle important dans la protection des bassins versants, des vallées à vocation agro-pastorale, des villages et cités en aval des zones montagneuses et des infrastructures hydrauliques. La subéraie qui bénéficie d'un taux de stockage de CO2 supérieur à celui des forêts ordinaires, sauvegarde la biodiversité et joue un rôle important dans l'enrichissement du sol en matière organique. Autant de facteurs qui nous permettent d'apprécier les atouts de la subéraie et qui dictent la nécessite d'intervenir pour garantir sa pérennité et de relever les défis qui menacent cet écosystème. C'est dans ce cadre que s'inscrit l'atelier de travail organisé dernièrement par le Ministère de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques pour l'élaboration d'une stratégie de conservation et de développement de la subéraie tunisienne. Cet atelier a passé en revue l'ensemble des études orientées vers le développement de la subéraie située dans les gouvernorats de Béja, Jendouba et Bizerte et leur adaptation au changement climatique. L'atelier a donc étudié le contenu du projet et la stratégie élaborée. Les responsables des services des forêts et les représentants des organisations partenaires ont pris part aux débats au sein de quatre commissions. La première s'est attaquée à l'inventaire établi à cet effet et à la base de référence et a focalisé son attention sur la consolidation des acquis par des connaissances complémentaires. La deuxième a traité du changement classique et de la modélisation. La troisième commission s'est penchée sur la stratégie à prendre en compte que ce soit au plan de l'adaptation ou à celui de l'atténuation. Enfin, la quatrième commission a examiné le problème des capacités institutionnelles des partenaires impliqués dans l'opération. Au cours de la séance plénière, les intervenants ont insisté sur la nécessité de clarifier davantage les aspects des C.C qui ont un impact sur la subéraie et sur le savoir-faire ancestral inné et traditionnel qui est pratiqué spécifiquement dans chacune de nos régions pour s'adapter aux conditions climatiques et aux aléas. Il faut puiser, dans ces comportements, les us et gestes et les améliorer. Il a été de même question de la nécessite de mettre à niveau des connaissances actuelles de la subéraie. Autrement dit, tenir une banque de données et d'informations perpétuellement enrichie. Au plan des orientations stratégiques, il a été recommandé de mettre en œuvre des outils d'action pour mener à bonne fin toute action à programmer, notamment par la mise en œuvre de plans techniques d'aménagement tout en tenant compte des C.C. Il s'agit à ce sujet de réviser les plans d'aménagement, des programmes de formation du personnel et le testage de cette nouvelle méthodologie. Les C.C étant un phénomène global, il a été recommandé de développer une stratégie de communication et de sensibilisation des leaders et des divers partenaires impliqués. Le programme de formation et de sensibilisation doit être soutenu dans le temps par un programme de recherche et de développement continuellement mis à jour par l'apport de nouvelles connaissances.