Une fois encore, la brouille s'installe entre Tel-Aviv et Ankara. Et encore pour la même raison: la Turquie n'a pas avalé, jusqu'à maintenant, les crimes de guerre perpétrés lors de l'offensive sur Gaza, il y a quelques mois. Ces horribles forfaits ont monté les Turcs, gouvernants et gouvernés, contre l'occupant du sol palestinien. Performance d'autant plus «méritoire» si l'on ose dire que les deux capitales s'entendaient, il y a peu, comme deux larrons en foire sur le dos des pauvres Palestiniens. Si les massacres de Dir Yacine et de Kafr Qassem et si la tuerie de Sabra et Chatila ont perdu quelque peu de leur affreuse actualité, il n'en est plus de même pour la guerre sur Gaza qui a dépassé en barbarie tout ce qui a été commis jusqu'à maintenant. Ce qui d'ailleurs explique l'impact exercé par le rapport Goldstein, impact d'autant plus profond qu'il émane d'un coreligionnaire des habitants d'Israël. On a souvent fermé pudiquement les yeux dans le camp occidental et des nations qui gravitent dans son orbite. Cela on ne peut plus le faire. Des voix nombreuses s'élèvent même dans le camp pro-israélien pour dénoncer le caractère colonialiste de l'Etat hébreu et de prendre conscience du drame palestinien. Maints revirements aujourd'hui: l'attitude de la Turquie en est peut-être l'exemple le plus spectaculaire. Le dernier épisode de cette situation conflictuelle et peut-être même la plus grave vient de défrayer l'actualité: la Turquie est en train de rompre son entente stratégique. Ordogan a interdit à l'aviation israélienne de participer aux manœuvres militaires organisées sous la férule de l'Otan dans la plaine de Konieh. Un pas très important a été franchi dans l'escalade entre les deux puissances, une escalade restée jusque-là au stade verbal. L'étau arabo-musulman se referme inexorablement sur Israël.