Vous êtes consterné, avez-vous dit à la cantonade, Monsieur le président, à l'annonce par Israël d'un projet de construction d'une nouvelle colonie de 1.000 logements en Cisjordanie, dans un lot de terrain qui se situe dans El-Qods-Est! Pour Tel-Aviv, nous seulement il n'est pas question de geler les constructions de nouvelles colonies, mais surtout dit sur un ton péremptoire, il faut dès maintenant se résoudre à accepter cette stratégie rampante sans piper le moindre mot. Vous êtes consterné, Monsieur le président. Mais votre consternation n'est en rien l'égale de la nôtre. C'est-à-dire celle du citoyen arabe. Car nous sommes en train d'assister à un étrange spectacle: la nation la plus puissante du monde éconduite comme on le ferait avec une vulgaire république bananière. Il y a comme qui dirait de la servilité dans l'attitude américaine que peu d'analystes arrivent à saisir. En fait, on peut l'affirmer, Obama a essuyé là un camouflet humiliant. Venant après le terrible massacre perpétré par un soldat américain d'origine palestinienne, ce refus renvoie à une vérité amère à laquelle se heurte le locataire de la Maison-Blanche; ce n'est pas avec la politique de la carotte, qu'il pourrait faire plier l'Etat hébreu, mais en ouvrant les yeux sur le drame du peuple palestinien qui endure depuis une soixantaine d'années les pires avanies. Car qu'on le veuille ou non, l'horrible massacre de la semaine dernière dans un important camp de l'armée américaine, s'inscrit en lettres indélébiles dans la spirale de violence qui règne dans le Proche et Moyen-Orient depuis la création de l'Etat d'Israël. Au moment où ont lieu ces tragiques dérives, au moment où Obama tremble à l'idée de prendre à bras-le-corps le problème palestinien, les hommes de paix rendent un hommage funèbre à un homme de courage, pleuré par Bill Clinton lors de la commémoration de son assassinat, il y a quelques 15 ans: Isaac Rabin.