Le secteur bancaire doit-il être aidé pour faire-face à la crise ? Les mutations internationales ont-elles été un facteur négatif pour le secteur financier en Tunisie ? Des questions parmi d'autres qui ont été débattues lors du séminaire organisé par la Banque Nationale Agricole (BNA), dans le cadre des festivités marquant son cinquantième anniversaire. L'ouverture de ce séminaire a été rehaussé par la présence de Mr Taoufik Baccar, gouverneur de la Banque Centrale (BCT), Mr Mohamed Rachid Kchiche, ministre des Finances, Mr Chedly Ayari et Mr Pierre –Henri Cassou, expert français. La BNA, créée en juin 1959, a accompagné l'essor de la Tunisie, est la première banque avec un réseau d'agences implantées partout. Les réformes engagées par la BNA ont permis de ramener les dettes classées de 21,1% en 2004 à 12% actuellement. Elle a aussi réussi un taux de couverture de 60%. Mr Moncef Dakhli, PDG de la BNA, a souligné que la banque a pu au cours de cette année porter le capital de 100 à 160 Millions de dinars et réussi l'émission d'un emprunt obligatoire de 50 millions de dinars. La BNA a constitué, dès sa création en juin 1959, le noyau autour duquel s'est constitué progressivement un système de financement agricole en Tunisie. Mr Moncef Dakhli, PDG de la Banque, a noté que, depuis le changement, le Chef de l'Etat s'est efforcé de faire de la Tunisie un pôle de services bancaires et un centre financier régional comme indiqué au programme présidentiel 2009-2014. Les revenus de la Banque ont augmenté de 60,5% et les bénéfices de 3,1 millions de dinars à 31,7 millions de dinars entre 2004-2008.
Evoquant le réseau national de la Banque, Mr Dakhli a déclaré qu'outre les 155 agences existantes, 29 agences seront mises en place durant la période 2009-2013. Il est à noter que plus d'un tiers du réseau de la BNA a été rénové au cours des cinq dernières années pour répondre aux exigences des clients. Avec une série d'options incluant les NTIC pour assurer une meilleure proximité et des services à haute valeur technologique : internet, SMS, mailing. Succédant à Mr Dakhli, Mr Taoufik Baccar, Gouverneur de la Banque Centrale BCT, a évoqué le parcours de la BNA, jalonné d'une série de réussite, débutée dès 1959. La BNA a réussi le pari d'instaurer une culture bancaire chez les citoyens et ses retombées ont été bénéfiques. Actuellement la BNA dispose de 910 mille comptes particuliers et a réussi plusieurs changements et innovations permettant à l'agriculture tunisienne de prospérer. S'agissant de la crise financière mondiale, le gouverneur de la Banque Centrale a rappelé que le secteur vit ces dernières années, des changements structurels. Les marchés sont devenus dernièrement très fragiles. D'où la nécessité de comprendre les spécificités et les contours permettant de mieux cerner les dangers inhérents à ces situations. Une lecture démontre que le paysage financier international vit aujourd'hui une intégration entre les marchés monétaires, dépassant les cadres géographiques et les lois. Cette mondialisation est la résultante directe de la règle communément appelée la règle des 3D qui englobe : dérèglementation, désintermédiation et décloisonnement.
Cette crise a démontré la nécessité de créer des organes de contrôle pour une clarté et une alliance entre les cycles. Cette crise a démontré la politique de bonne gouvernance prônée par le Président Ben Ali. Ceci afin de pallier toutes les entraves et permettre une stabilité à long terme des marchés financiers et du taux de développement. Notre avenir s'est fixé pour ambitions d'appuyer les règles de contrôle, tel que l'a souligné le comité stratégique du secteur. Ce point nous oblige à revenir aux mécanismes de contrôle et de mieux organiser la profession bancaire afin qu'elle joue le rôle qui lui est dévolu, ceci en concertation continue avec les autorités réglementaires du secteur bancaire et les secteurs à forte valeur ajoutée.
De son côté, Mr Pierre –Henri Cassou, expert français, a affirmé que la crise financière actuelle recèle des opportunités pour le secteur bancaire, notamment l'identification des nouveaux besoins de la clientèle (entreprises et ménages) dont le comportement et les méthodes de gestion sont en passe de changer en raison de la crise.
Pour Mr Pierre Henri Cassou, les institutions financières sont appelées, dans ce contexte, à adapter leurs offres aux besoins de cette clientèle en proposant de nouveaux produits et en adaptant leur offre aux besoins et en proposant de nouvelles méthodes de commercialisation et de gestion interne. La profession bancaire doit mieux communiquer sur cette crise tout en œuvrant à mieux contrôler, évaluer et gérer le risque et son coût.
Mr Mohamed Rachid Kechiche, ministre des Finances, a mis en exergue le fait que la BNA joue dans le financement de l'économie nationale un rôle de premier plan, notamment dans des secteurs clés tels que l'agriculture. Dans ce contexte, il a mis l'accent sur les efforts que les cadres et agents de la Banque accomplissent afin de concrétiser les orientations présidentielles et de réaliser un appui aux entreprises nationales. Il a également souligné le souci constant du Chef de l'Etat de moderniser le secteur financier national et de renforcer ses assises financières, ajoutant que la crise financière n'a pas eu d'impact ni sur la structure du secteur ni sur le volume de ses interventions prouvant ainsi l'option de prudence et le suivi minutieux de la situation financière internationale.