ATHENES/LONDRES (Reuters) — Les marchés financiers ont réagi avec scepticisme hier à l'aide sans précédent mise en place pour la Grèce, les investisseurs redoutant toujours une contagion de la crise de la dette à d'autres pays de la zone euro. Signe de cette nervosité persistante, l'euro a effacé ses gains initiaux et perdait 0,4% contre le dollar en milieu de journée, se traitant autour de 1,3232 dollar. La monnaie unique perd du terrain depuis cinq mois face au dollar. Depuis un pic à 1,50 dollar touché en décembre, elle a cédé plus de 12%. Sur les marchés de taux, contrairement à ce qui avait été observé lors de précédents sauvetages opérés avec l'aide du Fonds monétaire international, la situation ne s'est améliorée que modérément sur le front des emprunts d'Etat grecs, dont les rendements sont revenus à des niveaux atteints au début de la semaine dernière contre ceux des emprunts allemands qui servent de référence. L'écart de rendement entre obligations grecques et allemandes à 10 ans s'établissait à environ 610 points de base, contre 662 points de base vendredi soir. L'écart de rendement des obligations espagnoles et portugaises par rapport aux Bunds se resserrait également. Les ministres des Finances de la zone euro ont déclenché dimanche un mécanisme d'aide sans précédent à la Grèce, qui s'est de son côté engagée à un nouveau plan d'austérité drastique dans le cadre de ses négociations avec le FMI et les institutions européennes. Banques mises à contribution La zone euro et le FMI ont décidé de mettre à la disposition d'Athènes une enveloppe de 110 milliards d'euros sur trois ans en réponse aux 30 milliards d'euros d'économies supplémentaires annoncées par le gouvernement grec. Cette aide doit être formellement déclenchée vendredi lors d'un sommet européen extraordinaire. "Les acteurs du marché ne sont pas totalement convaincus que nous avons là la solution idéale. On peut s'interroger sur la capacité (du gouvernement grec) à maintenir un tel niveau d'austérité sur une période aussi longue", a commenté Tony Morriss, analyste spécialiste des changes chez ANZ Bank. "Le marché doit digérer un certain nombre de points potentiellement difficiles: à court terme, il y a le passage du texte devant les Parlements, en particulier en Allemagne. Et est-ce que cela veut dire que les marchés vont maintenant se concentrer sur les perspectives budgétaires à long terme de pays comme l'Espagne et l'Italie?" Les marchés d'actions européens étaient en baisse. L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 cédait 0,3% après avoir abandonné 2,7% la semaine dernière, sa troisième semaine consécutive de baisse. Les valeurs bancaires grecques perdaient 0,6% dans un marché agité à la Bourse d'Athènes en dépit de l'annonce, par la Banque centrale européenne, de la suspension du seuil d'éligibilité des titres de la Grèce acceptés en échange des crédits de la BCE, afin de permettre au pays de continuer à se financer auprès de la Banque centrale en cas de nouvelle dégradation de sa dette souveraine par les agences de notation. L'indice sectoriel des bancaires européennes cédait 0,4%. A la Bourse de Paris, les banques françaises étant les plus exposées en Europe à la crise de la dette grecque, Société générale reprenait 1,6% et Crédit agricole 1,9%, mais BNP Paribas et Natixis restaient orientés à la baisse. Sous la pression des gouvernements, certaines banques européennes pourraient contribuer au plan de sauvetage grec. Selon des informations non confirmées officiellement du quotidien économique allemand Financial Times Deutschland, la Deutsche Bank pourrait prêter à la Grèce 500 millions d'euros aux mêmes taux que les Etats de la zone euro, tandis que les assureurs Allianz et Munich Re proposaient d'offrir respectivement 300 millions et 200 millions d'euros. Pour soutenir les obligations souveraines de la Grèce, les ministres des Finances de la zone euro vont de plus demander aux banques européennes de maintenir leur exposition aux emprunts grecs à leur niveau actuel pendant la durée du plan de sauvetage.