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Billet; La notion de travail décent: un moyen efficace pour relever les défis de la mondialisation de l'économie
Publié dans L'expert le 19 - 02 - 2011

Professeur Mahmoud Zani, enseignant à l'Université de Tunis

Fondée dans le cadre de la partie XIII du Traité de Versailles (1919) et étant la seule rescapée du naufrage de la Société des Nations (SDN), l'Organisation internationale du Travail (OIT) qu'on confond parfois avec son secrétariat permanent, le Bureau international du Travail (BIT), constitue par sa structure tripartite, l'unique Organisation intergouvernementale dont la politique et les programmes sont déterminés en commun par les représentants des employeurs et des travailleurs avec ceux des gouvernements. Durant ses neuf décennies d'histoire, le succès de l'Organisation d'Albert Thomas, premier Directeur général - celui-ci a réussi à s'identifier à tel point avec l'institution qu'il était difficile à beaucoup de personnes d'opérer un distinguo entre elle et son directeur - a reposé sur sa capacité à se renouveler, à évoluer et à s'adapter. Cette capacité d'adaptation trouve son assise dans le passé glorieux de l'OIT constituant un fonds d'expérience fécond, et est incontestablement pour l'essentiel, l'œuvre du Directeur général. Ce fut le cas, en 1944, avec le rapport I du Directeur général, Edward Phelan, intitulé "Principes d'action, programme et statut de l'Organisation internationale du Travail" et avec celui de 1963 consacré au "Programme et structure de l'OIT". En 1958, lors de la 42ème session de la Conférence internationale du Travail, David Morse, souligna que : "Le programme de l'OIT ne pourra être "stabilisé" ou fixé ne verietur, car les réalités sociales sont changeantes et, à tout moment, de nouveaux problèmes sociaux surgissent, qui exigent des solutions nouvelles. L'OIT doit donc être toujours prête à s'engager en cas de besoin sur une nouvelle voie" (L'OIT face à l'évolution du monde", 1958, p.7.). C'est dans ce sens que l'Organisation par l'intermédiaire de son actuel Directeur général, le chilien Juan Somavia, a imaginé en 1999 (deux rapports ont été établis «Un travail décent » et «Réduire le déficit de travail décent, un défi mondial»), le concept de travail décent pour répondre aux défis de la mondialisation de l'économie et les nécessités du commerce international.
La notion de travail décent cadre parfaitement avec les objectifs essentiels de l'Organisation, notamment la justice sociale et l'amélioration des conditions de travail des personnes. Ces objectifs déterminés et développés dans la Déclaration de Philadelphie, adoptée par la Conférence internationale du Travail (C.I.T.), lors de sa 26ème session, en mai 1944, reposent sur quatre principes fondamentaux: «Le travail n'est pas une marchandise»; «La pauvreté, où qu'elle existe, constitue un danger pour la prospérité de tous»; «Tous les êtres humains, quels que soient leur race, leur croyance ou leur sexe, ont le droit de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales»; «La réalisation des conditions permettant d'aboutir à ce résultat doit constituer le but central de toute politique nationale et internationale».
Les principes énoncés dans le préambule de la Constitution et la Déclaration de Philadelphie sont au cœur de la notion de travail décent. L'objectif principal de l'OIT consiste aujourd'hui à ce que chaque femme et chaque homme puissent accéder au travail décent et productif dans des conditions de liberté, de justice, de sécurité et de dignité. Les principes stratégiques qui fondent la notion de travail décent sont au nombre de quatre: les principes et droits fondamentaux au travail et les normes internationales du travail; les possibilités d'emploi et de rémunération ; la protection et la sécurité sociale; le dialogue social et le tripartisme. Le Pacte mondial (Global compact) lancé par l'ancien Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, le 26 juillet 2000, afin de trouver des solutions concrètes au problème de la mondialisation de l'économie, demande au secteur privé de faire figurer parmi ses principes, les valeurs qui fondent la notion de travail décent.Dans une déclaration adressée à la 12ème Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement à Accra (Ghana, 21-25 avril 2008), l'OIT a appelé la communauté internationale à redoubler d'efforts pour créer un environnement favorable au plein emploi et au travail décent pour tous.
En pratique, l'OIT a élaboré des programmes, notamment le programme pilote de travail décent de 2000, pour trouver des solutions aux problèmes des déficits de travail décent que sont le chômage et le sous-emploi, les travaux dangereux, les revenus précaires et l'exploitation des travailleurs migrants. Le concept de travail décent mis en place par l'Organisation comme moyen d'identifier ses priorités majeures a débouché sur un consensus international parmi les gouvernements, les employeurs et les syndicats, à savoir l'emploi productif et le travail décent sont des éléments clés d'une mondialisation juste et pour parvenir à éradiquer la pauvreté.
Sur le plan stratégique, le travail décent constitue le domaine de coopération par excellence avec l'ONU, y compris à la suite de la Déclaration ministérielle de 2006 du Conseil économique et social (ECOSOC) sur le plein emploi, la création d'emplois productifs et le travail décent pour tous. Cette déclaration témoigne de l'engagement sans réserve en faveur de la création d'emplois et de l'Agenda du travail décent de l'OIT et de ses quatre objectifs stratégiques; elle conforte le rôle de l'organisation dans les programmes nationaux et internationaux de développement en l'appelant à «se concentrer sur la mise en œuvre des engagements pris en vue de promouvoir un plein emploi productif et un travail décent pour tous dans le cadre des conférences et sommets importants des Nations unies, y compris les engagements figurant dans les textes issus du Sommet mondial de 2005 et du Sommet mondial pour le développement social, afin de parvenir à de véritables avancées en termes à la fois de politiques et de programmes opérationnels, et à élaborer des plans d'action pour 2015 assortis d'un calendrier précis, en collaboration avec toutes les parties concernées, pour atteindre cet objectif» (§.37).
La Déclaration de l'OIT sur la justice sociale pour une mondialisation équitable adoptée par la Conférence internationale du Travail, le 10 juin 2008, constitue une étape importante pour la promotion d'une mondialisation équitable fondée sur le travail décent, ainsi qu'un instrument pratique pour assurer l'application de l'Agenda du travail décent au niveau des pays. Du reste, cet Agenda contribue de manière significative à la réalisation des objectifs du Millénaire (OMD): éliminer l'extrême pauvreté et la faim, assurer l'éducation primaire pour tous, promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, assurer un environnement durable, mettre en place un partenariat mondial pour le développement, etc. Par ailleurs, l'adoption de la déclaration a permis l'institutionnalisation de la notion de travail décent ; en effet, celle-ci est désormais inscrite dans toutes les politiques dégagées par l'Organisation en vue d'atteindre ses objectifs constitutionnels.
De tout ce qui précède, il faut reconnaître volontiers que la notion de travail décent est devenue grâce aux efforts déployés par l'Organisation internationale du Travail une réalité dans les politiques nationales des Etats membres. La mise en œuvre de cette notion traduit de manière concrète l'idée selon laquelle le travail est source de dignité personnelle et de stabilité familiale et tend in fine à l'instauration d'une mondialisation à visage humain. Espérons donc qu'il en soit ainsi.


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