Ce que font les forces de la coalition en Libye n'est pas une guerre, ni une occupation, ni une opération tendant à faire tomber Kaddafi… C'est tout simplement une intervention ponctuelle, limitée dans le temps, dans le seul but de protéger et sauver la vie des civils… Voilà en quelques mots ce que disent l'ensemble des intervenants et ce que vient de confirmer à Tunis, le Secrétaire Général de l'ONU, M. Ban Ki-moon lors du point de presse qu'il a donné avant-hier. La valse des hésitations Il ne faut pas être grand connaisseur des arcanes politiques et des labyrinthes diplomatiques pour constater que pour le cas de la Libye les actes ne sont curieusement pas conformes aux dires et que ces dires ne coïncident forcément pas avec les intentions… D'où une situation de flou qui donne naissance à une atmosphère de doute, jusqu'à ne plus savoir de quoi il s'agit au juste… Selon une expression française, quand on ne sait pas sur quel pied danser, l'on risque de se casser les deux pieds… M. Amr Moussa, Secrétaire Général de la Ligue des Etats Arabes nous a paru tellement hésitant et imprécis sur le dossier libyen qu'il a fini par nous faire douter de la position de cette auguste assemblée arabe… Il a fallu un forcing onusien et un travail de «corps-à-corps» des Européens pour qu'il lâche le mot… Sinon il ne donnait pas l'assurance de vouloir ce qu'il disait, encore moins de dire ce qu'il voulait… Dans le même registre, mais venant d'ailleurs, M. Poutine a paru tellement vague dans ses propos qu'il a fini par tomber dans la contradiction… Ce qui aurait vraisemblablement déclenché une réaction pas très amicale de la part du président russe Medvedev… Cela n'est point étonnant, la diplomatie russe a une grande habitude et une habilité sans limite pour dire tout et rien, le pour et le contre, en même temps… Ce qui ne fâche personne, même si c'est à la fin, une belle cacophonie.
D'autres encore… D'autres parties, non moins importantes dans le dossier libyen, comme la Turquie, la Chine ou même l'Italie au départ de l'affaire, n'ont pas l'air d'avoir trouvé la juste mesure et la position qu'il faut… Elles sont contre les frappes aériennes, contre l'occupation, mais aussi contre le régime de Kaddafi et les atrocités qu'il commet contre les populations. Elles sont aussi favorables à la liberté et à la nécessité de protéger les civils innocents… Allez comprendre quelque chose dans ce magma inextricable! Le tableau du doute et de l'hésitation ne peut être complet sans citer les positions des pays qui constituent les forces de la coalition. Il suffit de se pencher de plus près sur les démarches, les déclarations et les intentions des uns et des autres pour déceler, ici et là, quelques indices préoccupants… Les choses ne sont pas dites par leurs noms. En Libye, quels objectifs exacts et réels les pays de la coalition se sont-ils fixés? Quel est l'agenda de leurs interventions en termes de «Timing»? Pourquoi cette répartition des tâches qui coïncide avec une répartition géographique Est-Ouest du territoire libyen ? Pourquoi avoir déclenché les opérations militaires sous une forme donnée pour les confier, juste après, aux forces de l'OTAN? Quelles explications aurions-nous pour justifier les déclarations incohérentes entre la diplomatie française (un cessez-le-feu réel de la part de Kaddafi pourrait être un élément positif d'arrêt des hostilités) et les plus récentes déclarations de Mme Hillary Clinton qui assure et rassure que le départ de Kaddafi est un objectif essentiel pour la paix dans la région?
L'arbre qui cache la forêt Autant de questions qui laissent perplexe… D'autres aussi sont là pour nous dire que, peut-être, la campagne militaire contre le régime de Kaddafi n'est pas aussi humanitaire et innocente que l'on veut bien nous le faire croire… Et si tout cela ne s'avère être qu'une belle opération de diversion? Les militaires en savent quelque chose dans ce registre… Et si les actuels intervenants font tout pour laisser la situation pourrir jusqu'à nous proposer, à la fin, la seule et l'unique solution possible: la partition de la Libye? Il y a assez pour tout le monde. Deux capitales (Tripoli et Benghazi) pour deux pays de plus de 500 mille kilomètres carrés de superficie pour chacun, ce n'est pas mauvais, surtout que les deux bénéficieront du pétrole, cette richesse maléfique à la fin.