La Tunisie possède un patrimoine culturel parmi les plus riches en Méditerranée comprenant notamment des sites archéologiques de toutes les époques (préhistoriques, antiques et médiévales), des monuments (thermes, temples, amphithéâtres, mosquées, musées, églises et ribats) ainsi que des arts et traditions populaires (mosaïques, statues, bas-reliefs, costumes et bijoux). Cette richesse culturelle inestimable est la résultante de toute notre histoire. C'est un legs et une présence de notre passé. Elle nous rappelle tous nos ancêtres avec leur énergie, leurs espoirs, leurs traditions et leurs valeurs. Pour mieux faire connaître ce patrimoine et informer de tout ce qui touche de près ou de loin à sa protection et à sa valorisation, nous avons jugé utile d'instaurer une rubrique intitulée «Patrimoine tunisien». L'objectif visé est de contribuer à mettre en valeur les potentialités touristiques de ce secteur pleinement convaincus que nous sommes de l'opportunité de la mise en place d'une solide stratégie pour le développement d'un tourisme culturel tourné vers les sites du patrimoine national dans sa globalité. En fait, le développement d'un tourisme diversifié est de nature à contribuer au progrès des économies locales en stimulant les petites entreprises et en participant à la création d'emplois dans les domaines de la conservation, de la gestion des sites culturels et de la prestation de services touristiques. Dans ce contexte, il s'avère impératif d'intensifier la formation de spécialistes dans les domaines de la restauration et de la sauvegarde des fouilles archéologiques au moyen de méthodes modernes, de renforcer le partenariat scientifique ave les institutions mondiales spécialisées et surtout d'encourager davantage le secteur privé à investir dans le domaine archéologique et historique. Par ailleurs, il est nécessaire de réviser fondamentalement les procédures de restructuration des moyens et méthodes de fouilles au niveau régional afin d'enrichir la carte archéologique nationale et renforcer l'apport du patrimoine dans le développement régional.
Dougga: un des vestiges antiques le mieux conservé en Tunisie Dougga, la maison de Vénus L'organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) travaille avec les pays du monde entier à identifier et protéger les lieux culturels et naturels qui méritent d'être reconnus comme patrimoine commun à l'humanité. L'UNESCO a adopté la convention concernant la protection de ces sites culturels et naturels, en 1972. Depuis lors, 186 pays l'ont ratifiée dont la Tunisie qui dispose actuellement de 8 sites majeurs figurant sur la liste du patrimoine de l'humanité. Ce sont le site archéologique de Carthage, la cité punique de Kerkouane et sa nécropole, l'amphithéâtre d'El Jem, la Médina de Sousse, la Médina de Kairouan, la Médina de Tunis, le site de Dougga ainsi que le Parc national d'Ichkeul. Notre propos d'aujourd'hui, dans le cadre de notre nouvelle rubrique, est de parler du site archéologique de Dougga, l'antique Thugga considéré comme un des vestiges d'agglomération le mieux conservé en Tunisie. Située à environ 130 km au Sud-Ouest de Carthage, la cité de Thugga (toponyme numide) est tenue pour la patrie d'origine de Massinissa et de ses descendants Micipsa et Jugurtha. A l'époque romaine, le territoire de la cité était partagé entre la cité numide punicisée et un pagus (district de la colonie romaine de Carthage). Les ruines sont celles d'édifices édifiés par les notables du pagus. L'unification municipale n'eut lieu qu'en 205 après J.-C. quand Thugga accéda au rang de municipe puis de colonie à titre honorifique en 261 après J.-C. Le bon état de conservation des monuments de la cité permet d'imaginer les infrastructures dont disposait une agglomération de la protoconsulaire: douze temples païens dont trois transformés au 4ème siècle en églises, trois thermes, trois ensembles de citernes, un aqueduc, plusieurs fontaines, un nymphée, deux théâtres, un cirque et plusieurs nécropoles et mausolées. L'insécurité de l'antiquité tardive explique son déclin, mais la cité ne sombra dans l'oubli qu'à l'époque médiévale. Le mausolée numide de Dougga est le seul monument lybico-punique (2ème siècle av. J.-C.) qui nous est parvenu intact. Il mesure 21 mètres de haut et il a été érigé sur trois étages, de plan carré, avec un toit pyramidal. Par ailleurs, le capitole construit en 166-167 abrite la triade Jupiter, Junon, Minerve. Devant le capitole, une esplanade relie la place de la «rose des vents» au forum. Cette place comporte un cadran solaire sur lequel sont inscrits les noms de tous les vents qui soufflent en Tunisie et en particulier l'Africus (sirocco). Dans la même période fut construit le théâtre avec gradins en hémicycles encadrant l'orchestre dont l'arrière pouvait recevoir des sièges mobiles destinés aux dignitaires. Un mur percé de niches séparait l'orchestre de la scène. Ce théâtre pouvait recevoir jusqu'à 3.500 spectateurs.
Un nombre impressionnant de données épigraphiques Le site archéologique de Dougga se distingue particulièrement par sa richesse remarquable en données épigraphiques. Ainsi, pas moins de 2.000 textes (deux mille) découverts jusqu'à présent furent gravés sur des supports durs, généralement des pierres en calcaire. Ils fournissent d'amples informations renseignements et détails notamment sur la période pendant laquelle tel ou tel monument a été édifié, restauré ou réparé ainsi que son coût pour la collectivité ou le mécène qui l'a construit et les circonstances de son édification.