On lui attribue tous les problèmes et dysfonctionnements. On la qualifie de tous les mots, et on l'accuse d'être à l'origine de tous les maux : c'est l'administration publique. Dans le contexte actuel l'administration a un rôle très important comme « locomotive » du développement économique. En effet, une bonne gouvernance publique est essentielle pour le développement économique, Mais a-t-on un jours posé la question : comment la veut-on cette administration publique? Quel est le profil de l'administration parfaite ? Quelle est la situation des fonctionnaires qui y travaillent ? Nous allons essayer au cours de ce papier de dresser le profil de l'administration parfaite et performante qu'on veut, pour établir les comparaisons nécessaires entre le réel et l'idéal. C'est à partir de ce constat qu'on peut établir les stratégies et les programmes. Une vision d'ensemble : Généralement on demande beaucoup à l'administration publique, croyant qu'elle a une baguette magique pour tout changer ou rendre notre vie et notre confort paradisiaque. Mais tous le monde s'accorde à dire que l'administration publique doit être ouverte, plus responsable et plus accessible si elle veut gagner et garder la confiance des citoyens, des investisseurs et des consommateurs. Des consultations systématiques et efficaces des parties prenantes au processus d'élaboration des politiques des pouvoirs publics constituent des approches prometteuses pour faciliter la communication avec les citoyens. Les codes de conduite du service public destinés à instaurer une coopération constructive avec le secteur privé sont aussi importants. Voyant le rôle important de l'administration publique dans le développement économique, le Président Ben Ali a ordonné à l'occasion du 20ème anniversaire du Changement, l'organisation d'une consultation nationale sur la modernisation de la Fonction publique. Les travaux de cette consultation sont en cours et on attend beaucoup d'elle surtout après son extension à l'échelle régionale. Cette consultation vise surtout à proposer les plans pour moderniser davantage la Fonction publique, promouvoir son rendement aux différents plans central, régional et local et renforcer ses potentialités afin qu'elle soit en phase avec les mutations internationales. Le premier ministère a mis en œuvre depuis des mois, un programme de la qualité des prestations administratives. Ce programme concerne surtout l'application des règles et normes internationales en matière d'amélioration de l'accueil et de l'orientation, de diminution des documents administratifs demandés, la réduction des délais de fourniture des prestations, la poursuite du programme de suppression des autorisations administratives et d'actualisation des cahiers des charges. Il s'agit aussi d'améliorer le rendement de l'administration électronique à travers l'entretien, la révision et l'actualisation des sites web des services publics, l'intensification des prestations à distance et l'adoption des normes internationales dans ce domaine. Mais même avec tous les programmes et réformes initiés par les services concernés, on demande encore plus à notre administration, parce qu'on a dans la tête les critères de l'administration qu'on veut.
Le Profil de l'administration qu'on veut : C'est loin d'être facilement réalisable, mais le citoyen tunisien, ainsi que tous les opérateurs économiques, aspirent encore et toujours, à une administration qui répond à leurs aspirations et exigences, et qui sont toujours difficile à satisfaire. Nous avons essayé de voir ce qu'on cherche dans une administration publique, et la réponse était, qu'on veut : Une administration plus réactive : « Les clients » de l'administration publique veulent toujours une administration réactive qui ne laisse pas traîner les dossiers ni les problèmes. Il est certain que le traitement d'un problème ou d'une défaillance de suite, coûtera moins cher que son traitement après un certain moment. Par sa réactivité, l'administration publique répond aux citoyens dans les délais impartis, introduit plus de célérité dans son fonctionnement, et surtout consolide un sentiment de confiance dans l'appareil administratif. Une administration plus rationnelle dans ses dépenses : Avec les limites des ressources de l'Etat, dépenser sans compter n'est plus envisageable. L'administration doit essayer encore plus de réduire les coûts de son fonctionnement (transport, téléphone, eau, électricité, personnel) à travers des programmes bien ciblés et dirigés vers des « centre de coûts » bien définis. Ces programmes ne doivent en aucun cas réduire l'efficacité de l'administration et la qualité de ces services fournis aux citoyens. Il faut trouver le juste équilibre entre ces deux impératifs. L'adoption d'un système de gestion par objectif est très recommandée dans ce contexte, même si l'expérience a montré des difficultés dans l'application. Rationaliser les dépenses est aussi un impératif de taille. En effet il est important de prioriser les projets de développement pour parvenir à leur réalisation à échéance et ne pas se trouver face à des projets dont l'utilité n'est que partielle. Une administration qui développe le milieu des affaires Sans essayer d'être simplement accusateur, il est important de souligner que l'administration publique était à plusieurs reprises la source de l'abandon d'importants investissements par des étrangers ou des nationaux. Ce sont parfois des agissements personnels, et dans d'autres cas c'est le système administratif en soi qui en est la source. Le milieu des affaires se développe dans un environnement administratif actif, transparent, et surtout qui se caractérise par la célérité dans toutes ses opérations. Il est impératif d'avoir une administration publique qui édicte les lois et les applique, et ne les fait pas changer d'une manière périodique pour maintenir une stabilité du cadre réglementaire. Une administration qui maîtrise le label « qualité des services » : Les services dans l'administration tunisienne laisse encore à désirer. Le citoyen veut une administration qui fournit des services de qualité. Le plan national de la qualité dans l'administration publique, instauré par le premier ministère peine à être réalisé tant qu'il n'y a pas une certification nationale ou internationale des services de l'administration. La notion de qualité reste encore peu palpable par les fonctionnaires et les cadres. Une administration qui motive et améliore les compétences de ses ressources humaines : Une administration performante ne fonctionne qu'avec des hommes motivés et compétents. Un système de motivation financier, et la promotion par le mérite sont nécessaires. Il faut aussi améliorer la qualité des formations présentées pour les fonctionnaires à l'échelle régionale et centrale. Les hauts cadres de l'administration sont aussi appelés à poursuivre les formations adéquates à leurs postes et à leurs statuts Une administration qui maîtrise les technologies de l'information et de télécommunication : Les technologies de l'information et des communications créent de nouvelles opportunités pour améliorer les relations entre l'administration et les citoyens, réduire les barrières administratives et améliorer l'efficacité des services publics. Dans ce contexte l'administration tunisienne semble être à la traîne malgré les efforts forts louables déployés ces dernières années. Les réformes existent, et les programmes sont annoncés mais le rythme de réalisation reste très lent. Les premiers résultats d'une étude stratégique sur l'administration électronique en Tunisie, ont démontré plus d'une insuffisance à ce niveau. Dans le projet "e-gov" (gouvernement électronique) de la Banque Mondiale, la Tunisie n'arrive à décrocher que la 106eme place mondiale. Une administration qui répond aux critères des indicateurs internationaux de développement de l'administration : Dans un environnement d'ouverture, l'administration publique tunisienne ne doit pas se contenter des simples critères de satisfaction à l'échelle nationale, mais doit répondre à certaines exigences et indicateurs internationaux de développement administratif. Si la Tunisie envisage d'attirer encore plus d'investissements étrangers, et améliorer sa coopération avec des organismes et des institutions internationales, elle doit s'aligner à des critères d'ordre international et qui sont plus strictes et plus rigoureux. Une administration plus proche du citoyen et à l'écoute de ses préoccupations : C'est le souhait tant affiché par les citoyens. Ils veulent une administration moins centralisée, qui offre les canaux d'écoute et d'orientation, loin de toute démagogie ou langue de bois. Si l'administration tunisienne est arrivé aujourd'hui à instaurer les bases d'un système de relation avec les citoyens, avec les Bureaux de Relation avec les Citoyens, les services du Médiateur administratif, les lignes vertes ; développer d'autres moyens plus accessibles reste toujours un objectif important pour être plus proche et à l'écoute du citoyen. Le moral des troupes : L'administration publique n'est pas une machine ou un phénomène virtuel, mais ce sont quelques 440 milles hommes et femmes fonctionnaires qui y travaillent. L'administration publique ne peut pas fonctionner convenablement et atteindre les objectifs qui lui sont fixés si le moral de ses troupes n'est pas au beau fixe. Dans le cadre de la consultation nationale sur la modernisation de la fonction publique, il sera intéressant d'effectuer un sondage d'opinion par un bureau privé, et non par des structures administratives, pour étudier la psychologie du fonctionnaire et dresser l'état des lieux, sans état d'âme, sans à priori et sans parti pris. Il est temps que l'administration publique tunisienne joue pleinement son rôle comme pilier du développement économique, et pas comme un centre de coût inscrit dans le budget de l'Etat.