On savait que la patronne de l'extrême droite, Marine Le Pen, au nom de son "ennoblissement", a renié tous les débordements de son papa, moult fois condamné pour ses débordements racistes, islamophobes et judéophobes. Mais que la cheffe de file du Rassemblement national (RN) pousse le copinage avec Israël jusqu'à valider les horreurs insoutenables commises par Tsahal à Gaza depuis plus de 19 mois, personne ne s'y attendait… Même Trump est choqué, pas Mme Le Pen Il y a des limites à ce qu'on peut dire et faire pour plaire à l'Etat hébreu et au président américain, qui avait humilié Mme Le Pen quand elle était venue le voir en 2017 à New York. Mais même Donald Trump a fini par prendre ses distances avec Benjamin Netanyahu, il a d'ailleurs fait part de son émotion – c'est vous dire – face à la famine orchestrée par l'armée israélienne depuis le 2 mars dernier. Ces souffrances Mme Le Pen ne les voit pas. Le monde entier est horrifié par le «risque de génocide» à Gaza, pas la cheffe du RN. Nourriture, eau, électricité, médicaments… Tout est bloqué dans l'enclave palestinienne, mais la favorite des sondages pour la prochaine élection présidentielle ne le voit pas. La députée du Pas-de-Calais et présidente du groupe RN au Parlement est d'avis qu'Israël «fait ce qu'il peut dans une situation extrêmement difficile». Elle a tenu ces propos hier jeudi 15 mai sur la chaîne I24NEWS, dont le soutien à la politique de Netanyahu est notoire. Mme Le Pen assume son soutien à «l'objectif» d'Israël «d'éradiquer le Hamas (…). Il ne faut pas mettre Israël face à des injonctions contradictoires (…). Quand Israël veut déplacer des populations, on lui dit que c'est horrible et honteux. Mais j'imagine que ces déplacements servent à éradiquer le Hamas sans avoir une population civile qui sert de bouclier», argue-t-elle. Pas un mot sur les dizaines de civils tués quotidiennement, sur les hôpitaux et les écoles pulvérisés par les bombes de Tsahal, rien de tout ça, comme si ça n'existait pas. Rien à voir avec les propos du président Emmanuel Macron, en direct le 13 mai 2025 sur TF1. Il avait dénoncé fermement la stratégie militaire de Netanyahu, la qualifiant de «honte» et de riposte «inacceptable». Il a ajouté que ce qu'il a vu à la frontière égyptienne était «l'une des pires choses qui (lui) aient été données à voir»… Le chef de l'Etat français s'en est pris à la confiscation de l'aide alimentaire pour punir collectivement les Gazaouis. Reprenant à son compte la réplique musclée de l'exécutif israélien Mme Le Pen a dit que «cette déclaration est indigne». Elle a accusé Macron «multiplier les critiques à l'égard d'Israël» et d'être «incapable d'apporter une solution pour lutter contre le fondamentalisme islamiste». Selon elle la France est devenue une «catastrophe diplomatique» et le gouvernement devrait plutôt aider davantage l'Etat hébreu. C'est presque mot pour mot les accusations portées par Tel-Aviv après la dernière sortie du président français. Quand Médecins du Monde et d'autres organisations onusiennes s'émeuvent de la faim utilisée comme «arme de guerre», Mme Le Pen commente : «Qu'il y ait des difficultés humanitaires dans une guerre, ça n'étonne personne (…). Israël ne refuse pas de livrer de l'alimentation et des biens de première nécessité à Gaza, il ne veut simplement pas que ce soit le Hamas qui les distribue». Bien entendu Meyer Habib, ancien député de la 8e circonscription des Français de l'étranger et lobbyiste notoire au Parlement, applaudit. «Son discours est irréprochable, à la différence de celui d'Emmanuel Macron et de ses amis», a balancé l'ex-élu sur la même chaîne peu après l'entretien de Mme Le Pen. Mais venant d'un homme qui a qualifié en 2024 les Palestiniens de «cancer» ce n'est pas étonnant. Son programme : l'implosion de la France, sa dislocation Heureusement qu'en France il n'y a pas que des "Meyer Habib". La présidente des députés de La France insoumise (LFI), Mathilde Panot, qui est de tous les combats, a lâché que «l'héritière des Waffen-SS» est «aux avant-postes dans la défense des pires atrocités». Elle a ajouté que Mme le Pen a choisi le camp «des soutiens des génocidaires et des affameurs du peuple palestinien». Manuel Bompard, le coordinateur de LFI, souligne que Netanyahu «est sous mandat d'arrêt de la Cour Pénale Internationale (…). Le RN, toujours du plus mauvais côté de l'histoire. C'est une tradition». Et il rappelle les positions Marine Le Pen dans un passé très récent… En effet jusqu'en 2023 la patronne du RN, qui brandissait la posture gaulliste sur l'international, militait pour la solution à deux Etats. Une position «non-alignée» dans la droite ligne de la tradition diplomatique française. Maintenant elle parle de «guerre de civilisations», un argumentaire servi par l'extrême droite israélienne. Donc Mme Le Pen l'a rejointe, le masque tombe. Mais c'est aussi ce que ça nous dit du devenir de la France qui est terrifiant. Si la dame n'est pas stoppée par sa condamnation en appel après sa première condamnation pour détournements de fonds européens elle a toutes les chances de triompher à la présidentielle de 2027. Si ce n'est pas elle ça pourrait bien être le président du RN, Jordan Bardella, d'après les enquêtes. Bardella certes se garde jusqu'ici de verser dans les mêmes dérapages, mais que sait-on vraiment de ses convictions ? Mme Le Pen a fait dernièrement l'apologie de la colonisation française en Algérie, en dépit de tout ce qu'on sait de ce douloureux passé que les deux pays et leurs enfants traînent encore. Ce qu'elle propose c'est l'implosion de la France, ce qu'elle propose c'est une gestion conflictuelle de la nation qui mènera à sa dislocation.
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