Alors que la guerre en Ukraine continue d'isoler la Russie sur la scène internationale, le président russe Vladimir Poutine a adressé, lundi 27 mai, une mise en garde sévère aux entreprises occidentales encore présentes sur son territoire. Face à ce qu'il considère comme une hostilité persistante, le chef du Kremlin a promis de « les étrangler », s'en prenant notamment aux géants technologiques américains comme Zoom et Microsoft. Une réponse directe aux restrictions occidentales Cette déclaration a été faite lors d'une réunion avec des chefs d'entreprise russes, au cours de laquelle un homme d'affaires a interpellé Poutine sur les services réduits offerts par certaines entreprises américaines en Russie. En réponse, le président russe a lancé sans détour : « Nous devons les étrangler. Je suis complètement d'accord, et je le dis sans hésitation. » Vladimir Poutine reproche à ces entreprises de continuer à opérer en Russie tout en limitant leur coopération technologique, suivant les lignes imposées par les sanctions occidentales mises en place après le début de l'offensive militaire russe en Ukraine, en février 2022. Des conditions de sortie sévèrement durcies Depuis le début du conflit, des centaines d'entreprises étrangères ont quitté ou fortement réduit leur présence en Russie, sous pression des opinions publiques et des gouvernements occidentaux. Moscou, de son côté, a mis en place des mesures de rétorsion économiques, rendant la sortie du pays plus complexe. Les groupes souhaitant vendre leurs actifs doivent désormais le faire avec des remises substantielles et obtenir une autorisation officielle. Pour Poutine, la Russie a offert aux entreprises étrangères « les conditions les plus favorables », mais ces dernières ont « tenté de nous étrangler », justifiant ainsi une réponse symétrique : « Nous devons répondre de la même manière, refléter leurs actions. » Vers une autonomie technologique ? Au cœur de cette tension se trouve également la volonté du Kremlin d'accélérer l'autonomie numérique de la Russie, en particulier dans le secteur des logiciels. Les restrictions imposées par les entreprises américaines ont renforcé les efforts russes pour développer des solutions locales dans les technologies de l'information. Cependant, le climat reste ambivalent. Kirill Dmitriev, président du fonds souverain russe, a récemment affirmé que plusieurs entreprises américaines auraient exprimé leur volonté de revenir sur le marché russe. Aucune de ces intentions n'a toutefois été confirmée publiquement à ce jour. Le cas McDonald's, emblème du désengagement occidental Parmi les marques emblématiques ayant quitté la Russie figure McDonald's, qui a totalement cédé ses activités en 2022. Vladimir Poutine a pris cet exemple pour illustrer son propos : « Ils sont partis, et maintenant, s'ils veulent revenir, sommes-nous censés leur dérouler le tapis ? Non, bien sûr que non. » Une manière pour le président russe de signaler que le retour des entreprises occidentales ne se fera pas sans conditions, et qu'un revirement opportuniste ne sera pas facilement accepté. Un climat d'affaires de plus en plus tendu Ce durcissement de ton s'inscrit dans une stratégie plus large de réaffirmation de la souveraineté économique russe, en pleine recomposition des échanges internationaux. Pour les entreprises encore présentes ou souhaitant revenir sur le marché russe, l'environnement juridique et politique devient plus incertain que jamais. L'enjeu est désormais double : Moscou cherche à punir les retraits jugés hostiles, tout en contrôlant les conditions d'un éventuel retour, afin de protéger ses intérêts stratégiques et favoriser les entreprises jugées loyales au régime. Dans un contexte où les tensions géopolitiques redéfinissent les règles du commerce mondial, les choix économiques deviennent aussi politiques. Et en Russie, ces choix pourraient bientôt se transformer en épreuve de force pour les entreprises occidentales. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!