Un message bouleversant circule sur les réseaux sociaux ce mercredi 28 mai 2025. Il émane d'un professeur s'adressant à son élève, Anas Chatouna, un jeune lycéen arrêté le 26 mai lors d'une manifestation contre la pollution industrielle à Gabès. « Aujourd'hui, Anas aurait dû être en classe, en train de passer ses examens », écrit l'enseignant. « Il est sorti manifester, comme tant d'autres, pour une Gabès sans poisons… Et le résultat ? La prison ». Le professeur rappelle qu'Anas est mineur, qu'il n'a pas encore 18 ans, et qu'il ne représente aucun danger pour la sécurité publique. « Ce n'est pas un criminel pour qu'on l'enferme avec des meurtriers ou des trafiquants », poursuit-il, dénonçant une mesure injuste et disproportionnée. Il conclut par un message de soutien et de dignité : « Tu finiras par sortir, Anas. Redresse la tête. Ce genre d'épreuve forge les hommes ». L'émotion soulevée par cette lettre rejoint celle exprimée par de nombreuses organisations de la société civile. Selon Bassem Trifi, avocat et président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH), Anas fait partie de trois jeunes de la région de Gabès placés en détention préventive après avoir participé à des manifestations dénonçant la pollution, les atteintes à l'environnement et la mauvaise gestion des ressources en eau. Dans une publication datée du 26 mai, Bassem Trifi précise que ces jeunes sont poursuivis en vertu des articles 79 et 127 du Code pénal. Ils sont accusés d'avoir pris part à un attroupement jugé susceptible de troubler l'ordre public, ainsi que d'avoir exercé des violences contre un agent de l'Etat. L'association Intersection pour les droits et les libertés a signalé que l'un des jeunes poursuivis, Mohamed Ali Trimi, avait été arrêté alors qu'il tentait de porter secours à un citoyen agressé par des policiers. Il aurait ensuite été conduit au poste de police de Gabès, où il aurait subi des violences en représailles. L'association demande l'abandon des charges et la libération immédiate des trois jeunes détenus.
Le 25 mai, quatorze associations ont publié un communiqué commun condamnant les violences policières et les arrestations jugées arbitraires lors des manifestations. Les signataires dénoncent des accusations injustifiées telles que rébellion, outrage à agent et constitution de bande criminelle. Elles réclament la libération des détenus, la suspension des poursuites et l'ouverture d'une enquête administrative sur les faits reprochés aux agents du ministère de l'Intérieur. Selon elles, des jeunes activistes auraient été victimes de tortures et de mauvais traitements, provoquant des séquelles physiques et psychologiques constatées par leurs avocats. Un rassemblement de soutien a eu lieu lundi devant le tribunal de première instance de Gabès pour rappeler que la défense de l'environnement et la liberté d'expression ne devraient pas mener en prison.