Le monde de la mode est en deuil. Le couturier italien Giorgio Armani est mort à l'âge de 91 ans, laissant derrière lui une empreinte indélébile dans l'histoire du design vestimentaire. Symbole du minimalisme élégant et de la sobriété raffinée, il aura marqué plus d'un demi-siècle avec ses couleurs neutres, son style épuré et une maison de couture restée indépendante jusqu'au bout. Contrairement à d'autres figures flamboyantes comme Karl Lagerfeld ou Pierre Cardin, Armani s'est distingué par une constance rare. Son style, centré sur la déconstruction du vêtement et la mise en valeur du corps sans artifices, s'enracinait dans son sens de l'observation et son autodidaxie. Sans formation académique en design, il a débuté comme étalagiste chez Rinascente à Milan dans les années 1960, avant de devenir styliste chez Cerruti. En 1973, il fonde sa propre entreprise avec son compagnon Sergio Galeotti, disparu prématurément en 1985. Dès lors, Armani impose ses collections marquées par des vestes souples, des costumes sans épaulettes ni doublures, et des pantalons fluides. Une révolution pour le vestiaire masculin qui deviendra sa signature. Propulsé par le cinéma et reconnu par la presse Le cinéma a joué un rôle majeur dans la carrière d'Armani. En 1980, l'acteur Richard Gere, vêtu par la maison italienne dans American Gigolo, propulse ses créations au rang d'icônes. Deux ans plus tard, le magazine Time lui consacre sa couverture, signe d'une reconnaissance internationale. Dès 1976, Armani s'était déjà lancé dans la mode féminine, inversant les codes avec des coupes masculines adoucies par des tissus fluides, offrant une vision moderne de l'émancipation des femmes bien avant que ce terme ne s'impose. L'image d'un créateur infatigable Figure incontournable de la fashion week milanaise, Armani apparaissait toujours en t-shirt sombre, saluant discrètement ses défilés. Ses couleurs sobres, dont le fameux "grège" (mélange de gris et de beige), sont devenues des signatures du luxe discret, parfois critiqué pour son austérité mais universellement reconnu pour son élégance. Son talent de créateur allait de pair avec une vision d'entrepreneur. La maison Armani, avec ses multiples lignes (plus de 10 marques au total, dont Giorgio Armani et Emporio Armani), a su combiner prestige et accessibilité. Les parfums (produits par L'Oréal) et les lunettes (en partenariat avec Essilor Luxottica) représentent une part essentielle de ses revenus, assurant à la griffe une indépendance financière rare dans un secteur dominé par de grands groupes. Armani n'a pas limité son empreinte aux vêtements. Avec Armani Casa, il a investi l'univers de la maison, et ses hôtels à Milan et Dubaï témoignent de son ambition de créer un "style de vie Armani" global. Son lien avec l'art et le cinéma était profond : costumes pour l'opéra (Cosi fan tutte dans les années 1990), production de documentaires comme Mon voyage en Italie de Martin Scorsese, et création de l'espace culturel Armani/Teatro avec l'architecte Tadao Ando. La question de la succession Sans héritiers directs, Giorgio Armani laisse derrière lui une maison prestigieuse et indépendante. Ses nièces Roberta et Silvana, son neveu Andrea Camerana ou encore son fidèle collaborateur Leo Dell'Orco, aux côtés de lui depuis 1977, sont évoqués pour assurer la continuité. Une fondation créée en 2016 pourrait également jouer un rôle clé. En près de 50 ans, Giorgio Armani aura incarné la quintessence de l'élégance italienne : une mode sobre, raffinée, intemporelle et profondément influente. Sa disparition marque la fin d'une ère, mais son héritage continuera de rayonner à travers une maison restée fidèle à ses valeurs et à son indépendance. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!