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Temoignages
Une vidéo montrant Rached Ghannouchi en conclave avec des salafistes fait scandale
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 10 - 2012

Dans la foulée de la diffusion de la vidéo de M. Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha, La Presse a posé deux questions à MM. Samir Taïeb, Hédi Ben Abbès et Mohamed Bennour, respectivement porte-parole d'Al Massar, du CPR et d'Ettakattol.
1) Vous avez vu la vidéo de Rached Ghannouchi, qu'en pensez-vous ?
2) La vidéo est ancienne, elle daterait d'avril 2012 et a été fabriquée, selon le ministre de l'Intérieur, M. Ali Laârayedh. Pourquoi l'avoir diffusée maintenant, à ce timing précis, sur les réseaux sociaux ?
Issam Chebbi : «Ghannouchi a tombé le masque»
«Ghannouchi a tombé le masque, il est apparu sous son vrai jour. Ce n'est pas un homme d'Etat. Il faut le combattre et combattre ses idées»
«Je suis choqué par un discours du premier responsable du parti au pouvoir en Tunisie aujourd'hui. C'est son vrai discours sans maquillage. Il ne savait pas qu'il y avait une caméra en recevant la jeunesse salafiste. Ces déclarations montrent, sans aucun doute possible, que cet homme et son parti font du double langage une orientation politique choisie. C'est une voie dangereuse compromettant la transition démocratique, et le bon fonctionnement des institutions tunisiennes. Cette déclaration laisse voir que ceux qui sont à la tête du pouvoir au pays sont des gens motivés par le pouvoir de domination.
Ces gens ne croient pas à la démocratie ni à la cohésion pacifique ni aux principes de cohabitation, ni aux principes de dialogue. Cet homme divise les Tunisiens entre musulmans et mécréants, et accuse les partis démocrates, de gauche ou centristes de faire alliance contre l'Islam. Il s'est placé, lui comme l'identification de l'Islam, alors qu'il en est loin.
Rached Ghannouchi jusqu'à aujourd'hui promeut l'ancien discours (ousouli) qui ne croit pas en la démocratie, mais l'utilise comme tremplin pour dominer l'Etat et arriver au pouvoir et l'éliminer ensuite. De plus, son discours est dangereux par ses accusations à l'endroit de l'institution militaire. Cette institution qui a protégé la révolution, qui est restée neutre est accusée avec l'institution sécuritaire d'être sous la coupe des laïcs.
Ce discours appelle les salafsites à prendre patience pour dominer petit à petit les rouages du pays, de l'éducation, le réseau associatif et les médias et ajoute qu'il les soutient. Ce discours est responsable des violences et du traitement deux poids et deux mesures qui s'applique dans le pays aujourd'hui. Je tiens Ghannouchi pour responsable des problèmes de ce pays, des événements du 14 septembre et de toutes les dérives sécuritaires.
Aujourd'hui, Ghannouchi a tombé le masque, il est apparu sous son vrai jour. Ce n'est pas un homme d'Etat. Il faut le combattre et combattre ses idées, si on veut garantir la transition démocratique. Nous refusons le recours à la théorie du complot. Ces paroles ont été prononcées ou non. Le danger réside dans le propos et non dans le moment choisi de la diffusion. Ce discours a battu en brèche les ponts de dialogue ainsi que toute possibilité d'instaurer la confiance avec les partenaires politiques. Nous n'avons plus aucune confiance en un parti avec un tel chef qui prône de telles idées. Il a conduit le pays à une nouvelle crise politique dont il est seul responsable.
J'en appelle aujourd'hui aux démocrates, aux militants des droits de l'Homme, aux citoyens qui sont concernés par la révolution et par la transition démocratique, par le bien-être et le développement et par la défense d'un climat de liberté à nous unir pour écarter cet homme du pouvoir et des rouages de l'Etat. Nous devons nous unir pour garantir une transition démocratique et organiser les élections. Aujourd'hui, après ce discours, nous avons des doutes sur ceux qui tiennent le pays et les ministères régaliens et sensibles. Il ne faut plus que le ministère de l'Intérieur reste sous la direction d'un homme qui appartient à ce parti».
Taïeb Baccouche : «Négation de l'Etat républicain»
«La vidéo révèle le fin fond de la pensée de Rached Ghannouchi, et sa conception du pouvoir. C'est-à-dire tout ce qui est la négation même de l'Etat républicain, civil et moderne»
«Il y a beaucoup de points obscurs, les responsables nahdaouis prétendent que c'est un montage, mais même si cette vidéo est authentique, pourquoi avoir choisi ce moment pour diffuser de tels propos? Le choix du moment où l'Ugtt, avec l'accord de tout le monde, allait organiser une rencontre pour débloquer la situation avant le 23 octobre ? D'un autre côté, les propos sont très graves, ils démontrent une absence totale du sens de l'Etat.
Ensuite, est-ce un hasard que juste après la diffusion de cette vidéo, la milice attaque les locaux de l'Ugtt, et nous savons qui a une milice maintenant. Tous ces éléments sont très graves et posent beaucoup de points d'interrogation sur les intentions de ceux qui ont agencé toutes ces données en même temps. Le lancement de la vidéo qui n'était pas connue, l'échéance du 16 octobre, vient après celle du 23, la violence organisée contres les autres partis et maintenant contre l'Ugtt.
Ensuite, la gravité de la vidéo réside dans le fait qu'elle remet en question le système politique, l'Etat tunisien, le dialogue social, la démocratie, et enfin la transition. Toutes ces questions qui devaient faire le consensus sont remises en cause. Maintenant, il faudra ajouter que cette vidéo révèle le fin fond de la pensée de Ghannouchi et sa conception du pouvoir, de la religion et de la société tunisienne. C'est-à-dire tout ce qui est la négation même de l'Etat républicain, civil et moderne. Ensuite, le fait de vouloir exclure Nida Tounès du dialogue national est un alibi, justement qui fait partie de cette panoplie d'éléments agencés ensemble pour éviter qu'il y ait un dialogue constructif.
Nida Tounès répondra à toutes les invitations. Nous sommes concernés par l'avenir de notre pays, par la réussite de la transition démocratique et tenons à défendre le régime politique et les véritables objectifs de la révolution qui sont: liberté, dignité, et travail».
Des sources proches d'Ennahdha ont expliqué que ce genre de rencontres avait pour objectif de canaliser les salafistes vers le jeu politique et l'action pacifique. Nouveau tour de passe-passe du leader ou réellement piégé par ses alliés salafistes ? Quoi qu'il en soit, en plus de ses problèmes, Ennahdha devra gérer le séisme provoqué par la diffusion de cette vidéo avec ses adversaires, mais notamment avec ses partenaires. Hella HABIB
Samir Taïeb : «Aucun sens de l'Etat»
1 - Je n'ai pas été surpris par ces propos parce que comme je n'ai jamais cessé de le répéter, M. Ghannouchi est le spécialiste n°1 du double langage : quand il s'adresse à la presse étrangère il se met dans la peau de l'homme modéré consensuel et au-dessus de la mêlée. Mais à vrai dire, toutes les dérives sur la scène sont le fait du président d'Ennahdha qui a une influence sur son parti et au-delà, autrement dit, dans les milieux salafistes.
Quand on regarde la vidéo on s'aperçoit qu'il est en train de donner des directives et des orientations à des gens qui, théoriquement, ne font pas partie de son mouvement mais qui sont sous sa coupe. La carte salafiste a été toujours utilisée tantôt en appelant au calme, tantôt en appuyant sur le bouton de la névrose pour détourner l'attention des échecs du gouvernement.
Quand il y a un problème à Gafsa, les salafistes attaquent à Bizerte, quand il y a un problème à Sidi Bouzid ou Kasserine, les salafistes attaquent le palais El Abdellia.
Mais le plus grave dans tout ça, est que M. Ghannouchi n'a aucun sens de l'Etat. En parlant de l'armée et de la police, il ne les considère pas comme des corps de la République, mais des instruments et des objets, afin d'assouvir sa soif de domination.
Le jour où il aura sous sa coupe l'armée et la police, il assoiera son pouvoir sur un Etat islamique. Je pense que Ghannouchi constitue le plus grand obstacle empêchant Ennahdha de se transformer d'un mouvement religieux et islamique en un mouvement politique et civil.
2 - M. Ali Laârayedh a parlé d'extraits sortis de leur contexte, mais il n'a pas mis en cause les propos de M. Rached Ghannouchi. Pourquoi maintenant ? Je vous réponds que je n'en sais rien. Peut-être que le président d'Ennahdha dérange certains milieux. C'est vrai que le timing a son importance mais moi, je ne peux que juger le contenu de la vidéo.
Hédi Ben Abbès : «Une tentative de déstabiliser la scène tunisienne»
«La vidéo ne représente pas un document officiel, néanmoins il y a des lignes rouges à ne pas franchir»
1 - Tout d'abord, le CPR ne peut prendre une position officielle concernant cette vidéo qu'après avoir déterminé la nature exacte du document et vérifié s'il n'a pas subi des modifications.
Ensuite, le CPR prend en considération toutes les déclarations officielles d'Ennahdha qui traduisent le programme rendu public par ce parti comme tous les autres, d'ailleurs. Il semblerait que cette vidéo a été enregistrée au mois d'avril dernier dans le contexte d'un entretien entre Rached Ghannouchi et un groupe de salafistes. Or pour nous, elle ne représente pas un document officiel qui nous permet d'arrêter une position définitive par rapport à ces propos.
Néanmoins, pour le CPR, il y a des lignes rouges à ne pas franchir, et cela est valable pour tous les partis politiques, à savoir la neutralité de l'administration et l'indépendance des institutions de l'Etat.
Tout parti qui franchirait les lignes rouges ne peut être considéré comme parti démocratique, quel qu'il soit . C'est une position de principe concernant l'Etat de droit et le fonctionnement des institutions démocratiques. Nous ne désignons aucun parti en particulier. Il s'agit pour nous de déclaration de principes qui guide notre action politique et sur la base desquels nous avons construit la Troïka.
2 - La diffusion de cette vidéo à l'heure actuelle ne peut être considérée comme un acte innocent, surtout qu'elle a été rendue publique sur Youtube depuis le mois d'avril dernier. On peut supposer que ceux qui ont mis, ces jours-ci, la vidéo en évidence sur les réseaux sociaux visent à déstabiliser la scène politique tunisienne dans un contexte qui est déjà assez mouvementé.
La stabilité du pays, l'importance de cette période historique que nous traversons, les défis relatifs à la rédaction de la Constitution et aux échéances ô combien importantes qui sont devant nous obligent, et obligent tous ceux qui ont le souci de l'avenir de la Tunisie, à s'abstenir d'envenimer la situation et de garder la Tunisie et la démocratie comme seuls critères et comme seuls paramètres de jugement.
Mohamed Bennou : «L'armée, garante des principes de la République»
1 - Plusieurs sources d'Ennahdha parlent de fabrication de la vidéo. Quelle que soit la véracité des versions de la vidéo, le parti Ettakatol ne peut jamais accepter la mainmise, de quelque parti politique que ce soit, sur l'administration ou sur la police. Nous avons de tout temps, avant et après la Révolution, défendu le principe de la séparation entre les partis et l'Etat. Nous avons, avant la Révolution, dénoncé la mainmise du PSD et du RCD sur l'administration et la police. Nous continuons à défendre farouchement l'indépendance de ces deux institutions garantes des principes de la République. Quant à l'armée, rempart contre tous les dangers intérieurs et extérieurs, elle doit être maintenue à l'écart de toutes les convoitises, car cette institution est le symbole de la République, de notre souveraineté et de notre indépendance.
Cela dit, les propos tenus par M. Rached Ghannouchi et adressés à un groupe de salafistes entrent dans le cadre d'un dialogue visant à calmer les esprits des membres de ce courant.
Cet effort doit être maintenu dans le but d'empêcher toute forme de violence. L'Etat tunisien doit jouer son rôle de garant de la loi et doit sévir contre toute velléité de violence, quelle qu'en soit l'origine.
2 - La diffusion de cette vidéo dans ce contexte politique et à la veille du 23 octobre n'est pas fortuite. Les tentatives de faire échouer les objectifs de la révolution se précisent de plus en plus. Les Tunisiens sauront séparer le bon grain de l'ivraie. Propos recueillis par Samira DAMI


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