Au mépris de l'accord convenu entre le Ministre des Affaires Etrangères et le Syndicat de base de réserver exclusivement les postes consulaires au corps diplomatique , Karim Azzouz, membre du Collectif des musulmans de France, actuel chargé de mission auprès du secrétaire d'Etat à l'Emigration et des Tunisiens à l'étranger et Représentant d'Ennahdha en France, vient d'être Bombardé Consul Général de Tunisie à Paris. Hasard de calendrier ou lien de cause à effet, la nomination en question vient juste après l'émission de France 24 consacrée à la Tunisie sous le thème “la démocratie est-elle en danger en Tunisie”, où Karim Azzouz, auteur d'une prestation pour le moins déphasée sinon franchement insidieuse, a rendu une pale et non moins grotesque copie. D'intérêt public par excellence, donc requérant par définition neutralité et globalité, les services consulaires, fournis au profit de la colonie tunisienne, sont censés échapper aux tractations politiques et aux manœuvres partisanes. Il s'agit là incontestablement d'un impair commis par la Troïka, contre le bon sens et la nature de la tâche. En effet, de par sa dimension diplomatique, sa nature technique et son enjeu social et culturel, l'instrument consulaire exige un savoir-faire, une expertise, une expérience dont seuls les professionnels disposent. En outre, ni dans la fonction ni dans l'exercice, le poste n'a de consistance ou de rang politique, bien au contraire, en matière consulaire, le ver politique finira par avarier tout le fruit. Ceci dit, revenons à notre Karim Azzouz. Tristement célèbre suite à ce débat, ses invectives ont fait le tour des réseaux sociaux et des organes médiatiques. Le bonhomme, imperméable à la différence ou la diversité et empêtré dans ses méandres idéologiques, il a multiplié les clichés, les lieux communs et les préjugés, dans un discours suintant la misogynie et le parti-pris politique et social. Sur le droit à l'égalité, revendiqué par les femmes tunisiennes, le sulfureux Karim Azzouz s'est fendu d'un pathétique “les civils inquiets sont juste des femmes bourgeoises minoritaires”. Il a tout confiné à un stéréotype “les habitants de la Marsa et les propriétaires de BMW”. Propos révélant le ressentiment d'un homme aigri et non d'un homme politique. Un poncif de classe, réducteur, parachuté et malvenu, que rien ne justifie. Donc, selon cette vision manichéenne, les prestations consulaires seront-elles fournies à la tête du client ? Un tunisien habitant le XVIème arrondissement ou roulant en BMW serait-il refoulé à la porte de notre Consulat Général à Paris ? Karim Azzouz serait-il sélectif dans sa gestion et sa démarche, sur une base uniquement sociale ? En principe, et par définition, le Consul Général est au service de tous les tunisiens, sans distinction de sexe, de religion, de couleur politique ou de catégorie sociale. En résumé, et au-delà du cursus et profil de Karim Azzouz, l'inoculation politique pervertit et gangrène le corps et remet en cause les principes de neutralité et d'impartialité dont se prévaut objectivement et impérativement le service public consulaire.