La coalition qui n'a pas marché ! Ennahdha est une entité qui existe, qui s'impose et avec laquelle il faudra bien composer ! Béji Caïed Essebsi l'a compris, il l'a dit, pas plus tard qu'hier. Ce que BCE ne veut pas dire tout haut, c'est qu'Ennahdha, actuellement, ne joue pas seulement un rôle dans la scène politique tunisienne. Elle joue le premier rôle, et elle entend bien ne rien lâcher. Mais ce qu'Ennahdha ne veut pas comprendre, c'est que BCE avait tout à fait raison quand il disait que nul ne peut gouverner seul, le pays, du moins dans la conjoncture actuelle. Ennahdha, a bien essayé dès le départ, au lendemain des élections d'octobre 2011, de créer une coalition pour gouverner à l'aise. Mais elle a vite déchanté, elle avait misé sur les mauvais numéros. Elle a jeté son dévolu sur deux partis qu'elle savait pouvoir maîtriser, mais ce qu'elle n'avait pas prévu, c'est que ces deux partis avaient un électorat « volatile ». Mais le coup était parti, et les jeux faits. Et Ennahdha avait tout misé sur ces deux formations, bien avant le scrutin. C'était l'erreur tactique à ne pas commettre, celle de tourner le dos à ses « amis». Ennahdha a, en effet, boudé ses alliés du front du 18 octobre 2005, ceux-là même qui ont remué ciel et terre pour ratisser le terrain pour elle aux premiers jours de la « transition ». Ennahdha fait cavalier seul ! Devant le fiasco total de ses deux « associés », et sous la pression de ses membres aux dents trop longues, le mouvement opère son premier virage, en optant pour le va-t-en guerre, tout seul, comme un grand. Le parti décide de faire cavalier seul. Et pour ça, il avait besoin de l'appui de tous ses « enfants » y compris les salafistes. Il fallait investir la rue, faire pression, intimider les concurrents. Et c'était, à priori, aisé sachant le caractère pacifiste et, à la limite, timide du tunisien. Mais, là aussi, les calculs d'Ennahdha se sont avérés faux. Les salafistes sont devenus incontrôlables, et ont fini par lui causer plus de tort que tout autre parti. Leurs débordements ont fini par isoler Ennahdha aussi bien à l'intérieur, qu'à l'étranger. Par ailleurs, certains membres du parti ont versé dans l'excès de zèle, et ont fini par mettre dans l'embarras leur hiérarchie. Mais voilà, le temps devient compté, et l'opposition ne cesse d'agiter la pancarte « fin de légitimité ». Il est temps de réagir ! Retour aux premiers amours ! Ennahdha décide, alors, d'opérer son deuxième virage. Il faut rappeler (pas trop rudement) les salafistes à l'ordre. Il faut, aussi, trouver un compromis avec ses propres membres pour qu'ils mettent la sourdine. Et puis, il faut repartir à la conquête de sa crédibilité entamée. Pour cela, il est devenu impossible de continuer à jouer en solo. Il faut se reconstruire des alliances, et pas avec des partis devenus fantoches. Il est peut-être encore temps de s'accommoder d'une alliance avec l'UGTT qui représenterait un allié de taille, mais il faudrait donner le change en adhérant à son initiative. Et pourquoi ne pas se rabattre sur ses premiers amours, les amis du front du 18 octobre ? Et puis le 18, c'est pour bientôt, alors faisons jouer la fibre de la nostalgie, faisons de cette date Ô combien symbolique, la date de la réconciliation, celle de la main tendue. Et d'un autre côté, comme un 18 ça vient forcément après un 16, dons la date tombe à point nommé pour donner à réfléchir aux participants à l'initiative de l'UGTT. En d'autres termes, il y a fort à parier que cette annonce va faire capoter les discussions du 16 octobre. Mais il semblerait que les amis d'antan sont vexés pour de bon ! Il y en a qui ont opté pour l'ennemi juré. Et il y en a qui ont formé leur propre front. Il va être désormais difficile de les rallier à sa cause ! Difficile, mais pas impossible ! Ceux qui ont rallié l'ennemi disent à qui veut les entendre que la « collaboration » n'est pas encore consommée, et que rien n'était joué. Ceux qui ont créé leur propre front, l'ont uniquement fait pour se démarquer d'Ennahdha qui semble en perte de vitesse, certains hommes politiques ne pouvaient tout de même pas rester sans soutien valable en cas de faillite d'Ennahdha. Mais les revirements de situation, en politique, sont toujours du domaine du réalisable. Attendons de voir comment vont se dérouler les choses dans la dernière ligne droite !