A Tunis, en ce 13 aout, on ne parle que de çà, de la dernière trouvaille du Cheikh Rached Ghannouchi président du mouvement islamiste d'Ennahdha, branche tunisienne de la confrérie des frères musulmans. En effet, le Cheikh, et en bon Cheikh qui se respecte, n'a pas pu réprimer un réflexe qui a de tous temps, caractérisé les Cheikhs des « Kouttabs » (écoles coraniques), qui est celui de taper sur les gamins dont ils ont la charge, pour des futilités et souvent pour cacher leur ignorances derrière ce comportement agressif. Par la suite, ces Cheikhs menacent des pires sévices ceux des chérubins qui oseraient pleurer sous les coups de bastonnade. Et c'est exactement ce que nous a sorti aujourd'hui notre Cheikh national, en profitant de la célébration de la fête de la femme, et en surfant du coq à l'âne sans aucune logique, il a dévié son discours sur les risques du terrorisme, pour, ensuite, et avec un à propos dont lui seul a le secret, il s'est attaqué à l'ancien régime en décrétant que tout éloge à Ben Ali et à l'ancien régime devrait être considéré comme un crime. Il est même allé jusqu'à solliciter de ses « troupes » à l'ANC d'inscrire ce « crime » dans le registre des crimes terroristes !!! Ce qu'il semble ignorer, le Cheikh, c'est que s'il est en train de constater le regain de nostalgie que commencent à afficher les tunisiens à Ben Ali et à son époque, c'est bien grâce à lui, et à ses lumières de politiciens dont il s'est entouré. Ils ont tellement brillé dans la gestion du pays et dans le combat de la corruption de même que dans le combat des nominations partisanes dont ils accusaient Ben Ali et les siens, que presque tous les tunisiens se sont surpris en train de pleurer les temps de l'ancien régime, les temps où les ministres étaient de vrais ministres et où l'administration était une vraie administration. Nombreux parmi ceux-là mêmes qui croyaient être sortis dans la rue pour réclamer le départ de Ben Ali, et ceux qui croyaient, pour de bon, qu'ils ont réussi à le faire partir, nombreux d'entre eux déclarent sans vergogne qu'ils n'ont pas assez de doigts pour se mordre pour ce qu'ils croient avoir fait. Ceux là qui avaient des griefs contre Ben Ali et les siens, en sont arrivés à regretter son époque, au vu de l'état dans lequel les chacals de politiciens de nos jours ont mis le pays. Avec leur comportement et leur savoir faire en politique comme en finances, les islamistes ont réussi l'exploit de faire regretter aux tunisiens les années Ben Ali. Alors s'il y a quelqu'un à punir pour avoir fait l'apologie de l'ancien régime, ce sont bien nos amis les islamistes d'Ennahdha et leurs brillantissimes associés au pouvoir. Par ailleurs, ces leaders ne semblent pas comprendre que la plupart des tunisiens raffolent de tout ce qui pourrait horrifier les amis du Cheikh, au point où il ne serait point étonnant qu'on assiste pendant les heures qui viennent à une véritable campagne d'éloges de l'ancien régime, et pas uniquement pour enrager les amis du Cheikh. Car ce qu'il faudrait savoir c'est que ce dernier accès de rage du Cheikh n'est pas né d'un pur hasard, mais plutôt de sa constatation du soudain regain d'intérêt affiché par de nombreux tunisiens pour les anciens ministres de Ben Ali, notamment, qui semblent bien partis dans la reconquête de la confiance de leurs concitoyens qui les considèrent comme les seules « bouées de sauvetage » du pays. Alors de grâce, monsieur le Cheikh. Vous avez eu tout le loisir de couler le bateau. Laissez, au moins, aux passagers une dernière chance de trouver une bouée à laquelle s'agripper. A moins que ce sont les tunisiens et pas seulement la Tunisie que vous-vous êtes jurés de couler !