Le pays, et depuis un certain hiver 2011, ne cesse de sombrer dans les abîmes de la déchéance et dans les gouffres de la faillite quasi-totale, et bientôt, irrécupérable. Et pour expliquer tout cet état de choses, nos illustres politiciens de la nouvelle génération, ne voulant guère reconnaitre leur incapacité et leur inaptitude à gérer un Etat, cherchent toujours les causes de la catastrophe, qu'ils ont occasionnée eux même, ailleurs que dans leur incompétence. C'est dans cet ordre d'idées que nous entendons toujours, et sans relâche, que la cause du désastre que vit actuellement la Tunisie, réside, essentiellement, dans la situation sécuritaire dégradée. Et que si on arrivait à arranger cette situation sécuritaire, tout allait s'arranger automatiquement. On nous ressasse chaque jour, que les fonds manquent parce que les investisseurs évitent un pays où règne l'insécurité. On nous répète sans cesse que le pays va mal car le tourisme trébuche, et que les touristes fuient le pays pour des raisons sécuritaires. En fait, on veut nous faire croire que tout va bien dans le meilleur des mondes, si ce n'étaient ces foutus terroristes qui nous agacent en faisant fuir et les touristes, et les investisseurs. Comme quoi, il s'agirait d'une force majeure et qu'en présence de ces groupes terroristes, rien ne pourra marcher, et que nous, et surtout, eux, n'y sommes pour rien. Mais en réalité, il n'y a pas que les terroristes qui sont en train de saborder l'économie du pays. A la limite, on pourrait, même, se hasarder à dire, que la Tunisie, et les tunisiens, n'ont nullement besoin de ces terroristes pour anéantir l'économie du pays, tellement, ils s'y prennent avec beaucoup d'entrain et, surtout, beaucoup plus de réussite que ces foutus terroristes. Jugez-en plutôt... La malheureuse anecdote s'est passée à Tunis, à peine trois jours après le drame de l'attaque du Bardo. Il s'agit de deux riches expatriés tunisiens, assez crédules du reste, qui se sont débrouillés pour convaincre deux hommes d'affaires français de leurs connaissances, pour venir investir en Tunisie, et en l'occurrence, acheter une unité hôtelière du côté de Djerba, pour la remettre à niveau et la faire fonctionner. Vous diriez que c'est fabuleux ! D'un seul coup, on a, comme qui dirait, trouvé remède à tous nos maux : Ramener des investisseurs étrangers, avec plein de devises. Donner un coup de fouet à l'industrie hôtelière. Fournir du travail à des centaines de jeunes. Faire tourner le business entourant le tourisme, comme l'artisanat, et tout le reste. Nos deux tunisiens accompagnés de leurs deux investisseurs français débarquent à Tunis le vendredi 20 mars. Ils descendent dans un hôtel de la place, pour y passer la nuit, après avoir pris le soin de réserver sur le vol de samedi 21 mars au matin à destination de Djerba. Le samedi, donc, notre quatuor se rend de bonne heure à l'aéroport de TunisCarthage. Ils enregistrent leurs bagages et se résignent à attendre l'heure d'embarquement. Sauf que cet embarquement, ils n'en ont pas fini de l'attendre. Une demi heure après l'heure prévue du décollage, et comme rien n'arrivait, ils ont osé aller aux nouvelles. Rien à faire, il n'y avait personne pour répondre à leur requête de connaitre l'heure à laquelle ils allaient pouvoir décoller. Et ce n'est qu'une heure plus tard, qu'un agent, apparemment des douanes, rentre à la salle d'embarquement, cigarette à la main, précisent nos bonhommes scandalisés, pour annoncer le plus simplement du monde que le vol avait été, tout bonnement, annulé. Comme çà, aussi sec, sans aucune explication du comment du pourquoi. C'est alors que nos deux amis français sont allés récupérer leurs bagages, et au lieu de repartir vers l'hôtel, ils sont directement passés à l'agence d'Air France à l'aéroport, pour confirmer leurs places sur le premier vol en partance pour l'hexagone. Eh oui ! Tout simplement, ces messieurs sont repartis investir leurs biens chez eux en France. Le plus drôle dans cette histoire (qui n'a rien de drôle) c'est que ces messieurs n'ont pas été découragés d'investir chez nous, par l'énorme drame de l'attentat du Bardo, par contre ils l'ont été par l'énormissime drame que constituait le manque de sérieux et la nonchalance du personnel de la compagnie qui devait assurer le vol, en l'occurrence, Tunis Air Express, qui a de ce fait, su faire beaucoup plus fort et plus efficace que les deux terroristes du Bardo et leur vingtaine de victimes.