Saïd Aïdi, ministre de la santé s'est rendu samedi dernier à Ben Guerdene, et a du se frotter à la colère, à peine réprimée des habitants de la ville. En effet, à peine a-t-il mis pied sur le sol de l'hôpital régional de Ben Guerdene, Saïd Aïdi a été pris d'assaut par la foule qui l'attendait, non pas pour le saluer, ni pour l'applaudir, comme ils ont fait quelques heurs après, avec le chef du gouvernement, lors de son déplacement à la ville, mais, plutôt, pour lui témoigner leur colère et leur mécontentement. Saïd Aïdi a été pris à partie par la foule qui criait son mécontentement du manque de matériel et de personnel spécialisé dont souffre l'hôpital de leur ville. Pour parcourir les quelques pas qui le séparaient du hall de l'hôpital Saïd Aïdi a du jouer des coudes et affronter une foule débridée. A un moment, il a, même tenté d'amadouer un citoyen qui lui faisait face pour lui signifier sa colère, en lui donnant l'accolade et en l'embrassant. Mais c'était peine perdue, le citoyen en question n'en démordit point, et continua son discours réprobateur. A sa sortie de l'hôpital, Saïd Aïdi dût affronter une foule encore plus mécontente et encore plus compacte qui lui demandait des comptes. Et des comptes, il leur en donna, et sans le vouloir, il s'enfonça encore un peu plus, avec les habitats de Ben Guerdene, en leur signifiant qu'il était venu les mains vides, et qu'il n'avait à leur proposer que des promesses, encore des promesses. Et il était visiblement mal à l'aise et très gêné, il en perdait même, par moments, la voix, et n'arrivait pas à retrouver les mots qu'il devait prononcer. Audio:Said Aïdi Chahuté à l'hôpital Ben Guerdene Pourtant, Saïd Aïdi aurait du s'attendre à un accueil pareil, et il aurait pu anticiper, et amortir, un tant soit peu, la colère des habitants de Ben Guerdene. Car ce que lui reprochaient ces citoyens, c'est qu'il avait négligé la crise par laquelle passait la ville, comme si ce qui s'y passait ne le concernait nullement. Pourtant, la première institution attaquée par les terroristes, le 7 mars à l'aube, c'était bel et bien l'hôpital de la ville, soit une institution qui relève de sa compétence. Ils lui reprochent de s'être contenté d'envoyer sur place un médecin réanimateur, ce qui est, en soit, très en deçà des attentes de la région. Il n'a pas daigné se déplacer pour soutenir ses hommes sur place, qui se sont tués à la tâche, comme l'avaient si bien fait ses collègues de l'intérieur et de la défense nationale, qui étaient à pied d'œuvre à Ben Guerdène dès la matinée du 7 mars, alors que les fusillades éclataient encore çà et là, dans la ville. Les habitants de Ben Guerdene lui en voulaient, car il a attendu que son patron, le chef du gouvernement lui intime l'ordre d'aller à Ben Guerdene, et il n'avait, à aucun moment, pris l'initiative d'y aller de sa propre décision. Ensuite, et surtout, les habitants de Ben Guerdene, ont compris en le voyant débarquer les mains vides, qu'il a été contraint d'aller les visiter, et qu'il n'en était pas, le moins du monde, convaincu, sinon, il aurait pu envoyer avant sa visite, ou ramener avec lui, ne serait que quelques une des requêtes de la région, sachant qu'il les connaissait par cœur, avant son déplacement. D'ailleurs, ils lui reprochent aussi qu'il ait pris tout son temps et qu'il n'y est allé que le samedi, alors que le chef du gouvernement avait annoncé sa visite depuis le jeudi après midi. En résumé, Saïd Aïdi a raté une occasion de s'illustrer, et s'est fait remarquer par contraste par rapport au chef du gouvernement qui a été, lui, le lendemain même de sa visite, acclamé par la foule, qui lui était, tout simplement, reconnaissante pour sa sollicitude et pour l'intérêt qu'il avait à leur cause et à leur situation. Et plus grave, encore, il a, sans doute sans le vouloir, confirmé ce qu'on disait de lui, qu'il ne s'intéressait guère aux régions intérieures du pays, mais qu'il était obligé de les tenir en compte, uniquement quand il y avait des problèmes.