Il aura beau se démener, se déplacer, aller et venir, user de la séduction avec les bailleurs de fonds, jouer sur la fibre nationaliste des plus nantis, surfer sur la vague des sentiments et des souvenirs d'enfance de certaines personnalités... Il aura beau réussir à parachever la réforme de l'Education, si chère à son cœur, il aura beau retaper, grâce à ses relations et ses campagnes tous azimuts, pas moins de 4000 institutions cette année... Néji Jalloul reste toujours dans le collimateur de ses détracteurs, qui semblent lui en vouloir au point de tout faire pour saborder ce qu'il entreprend, même si c'est au prix de l'avenir de leurs enfants et de ceux de tous les tunisiens. Car ce qui frappe, par rapport à ce qui se passe au niveau du ministère de l'éducation, c'est le contraste entre ce qui est décidé et préconisé, et ce qui se passe en réalité, sur le terrain. Un contraste qui laisse suspecter une volonté de saboter, ou au mieux, d'ignorer, tout ce qui a été décidé au niveau du cabiner du ministre, de façon à ce que toutes les décisions prises et annoncées restent lettre morte, et les élèves, de même que leurs parents, ne trouvent, en fin de compte, que le contraire, si ce n'est pas, parfois, un résultat caricatural des mesures du ministre, qui ne manque pas d'enrager les parents, notamment. Or tout ce qui avait été décidé et annoncé n'a rien de difficile pour ce qui est de sa mise en œuvre. Et sa non-application dénoterait d'une volonté de boycott plus que de toute autre chose. Et ce qui a été réalisé, n'est pas une mince affaire, de même que ce qui est en cours de réalisation, comme le projet « d'un cartable pour tous » qui va mobiliser un budget de 2 milliards, tous sous forme de dons d'hommes d'affaire ; la création de l'office des œuvres scolaires, qui va organiser, entre autres, le transport, et les cantines pour les élèves ; la réouverture et l'inauguration du centre culturel scolaire, prévue pour le 20 de ce mois, le système de pénalités substitutives qui consistent à demander aux élèves, passibles de punitions disciplinaires, d'effectuer des travaux d'intérêt général au profit de l'école (peinture, nettoyage, jardinage...) au lieu d'écoper de renvois ou d'avertissement ; la réouverture de l'école normale supérieure pour parfaire la formation des éducateurs ; l'instauration du système des sms pour tenir les parents informés des problèmes rencontrés par leurs enfants ; la création de comités dans chaque école primaire avec la participation des parents ; et enfin, et c'est peut-être la décision qui a fait le plus mal, la décision que les directeurs centraux, les membres du cabinet, de même que les directeurs et cadres régionaux doivent reprendre le travail les samedis, du moment que les institutions qui relèvent de leur compétence fonctionnent les samedis. Mais au lieu de rendre compte de tous ce chemin parcouru, on n'entend plus, çà et là, que des faits divers pour discréditer le ministre et son travail, comme des toits qui ruissèlent sous une pluie diluvienne, ou des élèves mal élevés qui agressent leurs éducateurs, ou des responsables qui harcèlent sexuellement les enfants... que des faits divers, pour occulter les réalisations du secteur. Mais dans tout cette situation, et dans ce « bras de fer » qu'opposent les détracteurs du ministère à la réforme, Néji Jalloul aura su identifier les failles du système, il aura compris qu'il ne pourra pas abattre tout le travail tout seul, et il aura compris qu'il ne pourra pas, tel le soleil, briller partout, et qu'en l'absence d'une franche volonté de certains de ses administrés de suivre le train des réformes, il devra pouvoir compter sur les parents d'élèves, comme partie prenante du projet, et composer avec eux, en leur donnant la possibilité de lui faire parvenir leurs voix et leurs remarques, pour qu'il puisse rectifier le tir, à chaque fois que çà s'impose. D'où, le dernier-né des projets de Néji Jalloul, à savoir la création d'un espace de contact et de discussion avec les parents d'élèves, pour susciter leur participation active et leur suivi du projet de réforme de l'éducation de leurs enfants. Et en ce moment même, les conseillers du ministre sont en train de plancher sur ce dossier, afin d'étudier la meilleure formule pour créer cet espace, et s'il doit être réel ou virtuel ainsi que les axes d'intervention et d'intérêt des parents.