La Tunisie vit, depuis quelques semaines, l'une des plus sombres périodes de son histoire, sous le règne de Youssef Chahed, le plus jeune, peut-être, mais loin d'être le plus brillant chef de gouvernement qu'ait connu le pays. D'ailleurs, pas plus tard que ce vendredi matin, un de ses ministres a confirmé qu'il était loin d'être le type « hyper-intelligent » capable de régler la situation du pays en huit mois. Pourtant, en éjectant son prédécesseur, Habib Essid, son « Patron » nous le présentait comme étant le Zorro des temps modernes, celui par qui le salut aller venir, et sans tarder. Or, huit mois après sa prise du pouvoir, quel bilan, n'en déplaise à son ministre du développement qui veut grignoter encore quelques mois, va-t-il pouvoir présenter ? A supposer que, comme le disait son lieutenant, « huit mois, c'est trop court pour juger du travail de quelqu'un », est-il, au moins sur la bonne voie ? A-t-il parcouru assez de chemin en vue de la relance ? En a-t-il, au moins, tracé, ne serait-ce que les ébauches des grandes lignes ? Eh bien, apparemment, non ! Nous sommes bien loin du compte, et nous sommes sûrs que nous avons, au contraire, régressé de façon phénoménale ! Le gouvernement Chahed a, en effet, accumulé échec sur échec, depuis son baptême du feu, avec le dossier de Petrofac à Kerkennah, jusqu'à dernièrement, celui du pétrole à Tataouine ou des étudiants en droit, en passant par les dizaines d'autres dossiers gérés à la manière de pompiers « débutants » qui ne pensent qu'à éteindre le feu qui risque de les bouffer, sans aucune étude ni aucun raisonnement qui tienne. Chahed s'est même, cru, un moment, le propriétaire absolu du pays, dans la mesure où il s'est mis à dilapider le bien public, sans aucune raison, en oubliant que, par exemple, les terres domaniales et les domaines de l'Etat, étaient, en réalité, propriété du contribuable, et qu'il était mandaté pour les sauvegarder, et non point, pour les offrir à des squatteurs... Un gouvernement qui a peur d'affronter la réalité et les protestations et qui agit sur la défensive, en distribuant çà et là, des tranquillisants, ne pourrait aspirer durer assez longtemps. Et le pire, c'est qu'il ne pourrait ignorer cela. Et, donc, le fait qu'il continue à agir de la sorte, en apprenti pompier, voudrait, tout simplement dire, qu'il est, soit, kamikaze et qu'il se jette directement dans la gueule du loup, soit, qu'il a un agenda bien particulier, et qu'il est là, uniquement pour gagner le temps suffisant pour le faire aboutir ! Le pays est, depuis quelques semaines, complètement à l'arrêt. Les routes principales sont bloquées par les protestations. Des protestations qui n'ont aucun sens, mais qui sont, paradoxalement soutenues par tous les partis et toutes les organisations, y compris les deux grands partis de la coalition au pouvoir que sont Nidaa Tounes et Ennahdha. Des étudiants, mus par certains partis, qui battent le pavé et qui harcèlent les policiers et crient, en même temps, au retour de la dictature et de l'Etat policier, histoire, peut-être de décourager les policiers d'intervenir, le moment voulu, quand les « choses sérieuses » vont commencer. Les instances financières mondiales refusent de secourir le pays... Des relations diplomatiques trébuchantes qui nous privent du soutien financier, et autre, de la part de nos « amis » traditionnels... Et en face de tout cela... Un gouvernement inscrit aux abonnés absents. Aucune réaction, aucune initiative, aucun signe de sursaut... Un gouvernement qui laisse aller et qui se laisse faire, en attendant, on dirait, que le secours vienne de quelque part... Et en attendant, le pays qu'on croyait qu'il avait atteint le fond, ne cesse de creuser pour aller encore plus au fond de l'abîme. La seule réaction qui nous est parvenue du gouvernement, c'est quand il y a eu la rumeur d'une éventuelle démission de Youssef Chahed. Alors là, oui, la réaction a été on ne peut plus franche : Jamais de la vie... Jamais, au grand jamais, il ne démissionnerait !!! Pourtant, cette histoire de démission, n'est plus qu'une simple rumeur... Elle est devenue, quasiment, une fatalité, une obligation. Et il ne faudrait plus perdre du temps à chercher les sauveurs, dans la nouvelle classe, soi-disant, politique. Il va falloir se rendre à l'évidence que seuls les anciens hauts cadres de l'Etat, nous entendons par là, ceux de l'administration tunisienne, sont capables et ont le savoir et les ressources nécessaires pour tenter de sauver ce qui reste à sauver. Toujours, faudrait-il, qu'ils soient conduits par un homme fort. Un homme qui ne dépende pas des partis, et encore moins du simulacre d'assemblée dont on nous a gratifiés. Un homme qui soit capable de dire « Non », ou, quand il le faut, de dire « Oui », et de prendre les décisions qui s'imposent au vu de la situation explosive que vit le pays.