Selon les sources de TunisieNumerique, Youssef Chahed, le chef du gouvernement, serait tenté de se dérober de la pression du Palais de Carthage qui le somme d'opérer un remaniement ministériel pour tenter de corriger ce qu'il y a à corriger. Ses conseillers lui auraient sussuré d'éviter d'affronter le parlement avec une nouvelle proposition de remaniement au risque de se voir débouté dans sa démarche, ce qui signifierait pour lui le début de la fin, lui ont-ils rappelé. De ce fait, et au dernier moment, Chahed se serait rétracté quant au remaniement, et serait, plutôt, enclin à procéder à de « simples » limogeages de quelques ministres qui posent problème. Il espère, de cette manière, contourner les dispositions de la loi et de la constitution, et opérer quelques changements dans son équipe ministérielle, tout en évitant d'en référer au parlement. Ainsi, et toujours selon les sources de TunisieNumerique, Youssef Chahed serait sur le point d'annoncer, pas plus tard que dans quelques jours, le limogeage de la ministre des finances Lamia Zribi, pour la punir de n'avoir pas pu retenir sa langue et d'avoir déclaré tout haut ce que ses autres collaborateurs en matière de finances avaient concocté en sourdine. Son poste aux finances serait confié, par intérim, à l'actuel ministre du développement et de l'investissement Fadhel Abdelkefi. Comme çà, ni vu ni connu, et personne n'y trouvera rien à redire. Et, d'ailleurs, même le choix de Abdelkefi n'est pas tout à fait anodin, puisque ce jeune ministre boosté par sa brillante prestation dans la conférence Tunisia 2020, avait un réel besoin d'un petit coup d'arrêt, histoire d'empêcher une éventuelle ascension trop rapide, et rien de tel que les sables mouvants du ministère des finances pour l'embourber, voire le « griller » une fois pour toutes, surtout qu'en punissant Lamia Zribi, le pur produit de l'administration des finances, Chahed sait pertinemment que ses collègues au ministère ne rendront, certainement, pas la vie facile à son successeur. Autre annonce prévue par Chahed, pour dans quelques jours, celle du sacrifice de Neji Jalloul, ministre de l'éducation, sur l'autel des concessions aux syndicats, ou plutôt, l'autel où sera sacrifiée, une fois pour toute la notoriété de l'Etat. Et pour essayer d'amadouer les syndicalistes et leur donner l'aval de façon définitive, Chahed pense à charger Mohammed Trabelsi, actuel ministre des affaires sociales de l'intérim de l'éducation. Trabelsi étant l'enfant de la centrale syndicale. Et c'est de cette manière, en se dérobant de la pression de Carthage, et en voulant à tout prix éviter la confrontation avec les députés de l'ARP, et se préserver d'un éventuel affront, que Youssef Chahed compte sauver la mise, en risquant d'hypothéquer définitivement, la notoriété de l'Etat et ne sachant pas qu'il risque de perdre tout contrôle sur l'UGTT qui saura, désormais, que le simple fait de faire bouger les syndicats de base de tel ou tel secteur, suffirait à faire sauter le ministre en question et son remplacement par un disciple de la place Mohamed Ali. D'ailleurs, lequel des ministres qui vont rester, à part ceux qui jouissent de l'appui inconditionnel et fort de leur parti, va faire confiance au chef du gouvernement et travailler comme le voudrait la conjoncture, en sachant que son chef serait prêt à le sacrifier s'il fait bien son boulot, du moment que çà dérange ou que çà déplaise au tout puissant syndicat ? Est-ce qu'en voulant éviter de se laisser entrainer vers sa fin politique, Chahed ne serait-il pas en train d'accélérer le process en décidant tout bonnement de se suicider politiquement ?