Les derniers développements dont le parti "Jamhouri", ou ce qui en reste, a été le théâtre montre, si besoin est, le niveau de décrépitude que cette formation politique a atteint, plus proche des relents d'agonie que des signes de revitalisation. Le chant du cygne dans toute son expression. "El Jamhouri", ex PDP, était promis, depuis 2011, à un rang incontournable dans le paysage politique national et à un poids électoral de premier ordre, a été sacrifié sur l'autel de l'ego démesuré et destructeur ainsi la quête effrénée de leadership de de son gourou, à savoir Ahmed Nejib Chebbi, appuyé dans tous ses travers par son frérot Issam. Pour des ambitions bassement personnelles, la fratrie Chebbi a fait une OPA sur la formation politique. Selon leurs humeurs et les tournures de la situation, ils en ont changé le nom, la stratégie et les alliances. Ils n'ont été accrocheurs et inventifs qu'uniquement dans leur œuvre d'autodestruction. Le bon vieux Néjib s'est longtemps cru principale pierre angulaire de son parti, il s'est avéré une triste pierre d'achoppement. En à peine trois ans, les frères Chebbi (Ahmed Néjib et son frangin Issam) ont fait descendre aux enfers leur parti, lequel, par retour de manivelle, a accusé une chute vertigineuse, voire même traumatisante sur l'échiquier politique national et dans les intentions de vote. Comment expliquer qu'un parti, entre les élections de 2011 et 2014, passe de quinze députés à un seul ?! Ont-ils pris la mesure et l'impact de cet assourdissant effondrement ? En ont-t-ils analysé les causes profondes? En ont-t-ils tiré les bons enseignements ? Qu'ont-t-ils fait pour remonter la pente ? Quelque part, sur leur lancée suicidaire, ils n'ont attaché manifestement aucune importance à l'érosion de leur formation et à la réduction en peau de chagrin de son électorat. Malgré la succession de débâcles, l'implosion du parti et la traversée de désert, aucune autocritique, juste la fuite en avant. Aucun bilan dressé, juste de la poudre aux yeux. Aux coulisses de "Jamhouri", on évoque les frères Chebbi beaucoup plus comme une source de blocage et de déroute du parti que comme des hommes de vision, de rassemblement et de relance. Ils ont fait leur temps et leur œuvre de nuisance, mais pas leur mea-culpa. Leur dernier burlesque et non moins paradoxal fait d'arme dont la contradiction n'a d'égal que la courte vue, à savoir la participation de "Jamhouri" à la manifestation de l'opposition "Manich Msameh" contre le projet de loi sur la réconciliation économique et financière, initiée par le chef d'Etat et soutenue par le gouvernement. Est-il utile de rappeler que "Jamhouri" en est membre, d'où le l'invraisemblance. Nul doute que PDP / "Jamhouri" a longtemps habitué l'opinion publique nationale à son jeu de Janus, à sa manie de chercher toujours à s'asseoir sur deux chaises, à avoir un pied dans l'opposition et un autre dans le pouvoir. Exercice périlleux et grand écart dont les frères Chebbi passé maitres. Les exemples, qui sont légion depuis 2011, continuent de plus belle. "Jamhouri" n'est pas à son premier coup en matière de posture ambiguë et manichéenne. S'entêter à être simultanément dans l'opposition et dans le gouvernement, le parti étant représenté par Iyed Dahmani, porte-parole du Gouvernement d'Union Nationale de Youssef Chahed, est le dernier clou dans le cercueil de "Jamhouri". En effet, en cas de remaniement ministériel, dont l'imminence bruit sur la scène politique et médiatique, Iyed Dahmani en sera immanquablement évincé, en premier. Il est impensable et politiquement incorrect qu'un chef de gouvernement accepte de garder, dans son équipe, un ministre dont le parti participe à la fronde contre son gouvernement et ébrèche son acte fondateur, supposé fédérateur, en l'occurrence le Pacte de Carthage. Le cas échéant, qu'en aurait gagné au retour "Jamhouri" sinon un nouveau fiasco dans une ardoise noire de revers. Agir à contre-pied du gouvernement, quitte à en payer le prix fort et à en être délogé aussitôt, pour se joindre à un camp opposé à une loi, c'est tout bonnement faire montre d'un banditisme politique sans précédent et sans contrepartie et faire preuve d'un manque flagrant et préjudiciable de discernement. La pauvre Iyed Dahmani n'est pas dans une position à envier, coincé entre le marteau gouvernemental et l'enclume partisane. Son parti, censé l'appuyer et le porter à bout de bras, et aussi et surtout capitaliser sur ce poste pour faire bouger ses lignes internes figées et retrouver un tant soit peu de ce crédit que les mauvais choix ont dilapidé, le contraint aujourd'hui à démissionner, soit de son parti, pour se maintenir au gouvernement, soit de celui-ci, pour rester fidèle à sa formation politique mère et ainsi porter le chapeau de ses errements. Dans les deux cas, le grand dommage est inévitable aussi bien pour "Jamhouri" que pour la carrière politique d'Iyed Dahmani. En conclusion, la duplicité politique de "Jamhouri", qui a fait pourtant couler le parti, reste au goût des frères Chebbi, lesquels, en vrais noctambules sur la corde raide, en font leur fonds de commerce et leur plan de communication. Ils se veulent électrons libres tout en braillant leur foi dans leur groupe. Ils n'ont pas de ligne de conduite ou de stratégie d'action mais des réflexes de survie. Imbus d'eux-mêmes, incapables de subtilité, ils ne tirent aucune leçon de leurs bourdes. Pour eux, tout est objet de tractation, de complicité, d'indiscipline et de revirement. Ils auraient dû faire un petit effort de modestie, de lucidité et de recul pour d'abord procéder à leur autocritique et analyser objectivement le parcours nettement et tristement régressif de leur parti, devenu chasse gardée et héritage familial et surtout le sauver et le remettre à flot. Un parti qui était perçu comme un futur étalon mais devenu un grossier tocard, et qui, sous leur insondable conduite, n'est plus qu'une maison hantée sinon un tas de ruines. Leur dernière sortie, duplice et immature, laisse penser que les frères Chebbi, agissant en propriétaires de "Jamhouri" et non en acteurs politiques avisés et éclairés, œuvrent, consciemment ou inconsciemment, à chever leur parti avant de s'achever eux-mêmes sur son cadavre. Quel beau gâchis !!