L'horizon 2020, un horizon classique des projets de loi de finances (PLF) depuis 2016, cet horizon est intégré dans les projets des bailleurs de fonds, techniquement et politiquement ce n'est ni un horizon tenable ni responsable. Le projet de développement qui entoure cette date a été dépassé par les évènements, et pour quelqu'un qui annonce vouloir sortir de l'emprise du FMI et de la WB il aurait mieux valu qu'il sorte déjà de leur emprise intellectuelle et que le gouvernement propose son propre projet avec son échéancier et qu'il soit vraiment réaliste À titre d'exemple, Youssef Chahed annonce à corps et à cris qu'enfin la Tunisie va réformer la caisse de compensation en agitant un projet de réforme qui date de 2013. Youssef Chahed engage une nouvelle série de dépenses comme l'élargissement du programme douteux du premier foyer ou encore les aides à droite à gauche comme un futur candidat à l'élection présidentielle sans aucune programmation ou planification sérieuse des ressources. En effet Youssef Chahed a été plus prolixe sur la manière dont il allait dépenser l'argent qu'il n'a pas et approximatif sur la manière dont il allait l'obtenir, tout le monde reconnait la nécessité d'entretenir et de remettre en état et de rénover hôpitaux et écoles mais l'état tunisien a déjà des dettes envers les opérateurs privés a des créances qui en 2016 ont nécessité la création d'une commission à la présidence du gouvernement en charge du contentieux faramineux avec les opérateurs privés. Le premier ministre a aussi prévu une série de hausses d'impôt qui auront comme conséquence de démultiplier l'impact de l'inflation et de faire peser un poids plus important sur les épaules de la classe moyenne et des plus fragiles d'entre nous. La loi de finances alimente aussi un nouveau cycle d'endettement et de défauts de paiements puisque l'Etat a du mal à répondre à ses obligations dans le cadre des marchés publics ou face à certaines créances étrangères pourtant Youssef Chahed persévère dans le creusement des déficits. Il faut aussi souligner que ce creusement des déficits a pour conséquence un autre vice de Chahed, son addiction aux dépenses publiques. En effet, depuis le fameux crédit d'impôt et les jeux d'écriture avec les Qataris, nul n'ignore que Chahed ne peut réduire les dépenses publiques et que sous sa direction l'administration ne peut prédire de manière convenable le volume des rentrées fiscales d'où une partie des dérapages budgétaires successifs. La question de l'économie de la rente : la définition avancée par Chahed au sujet de l'économie de la rente est assez floue donc à qui ou à quoi le gouvernement a décidé de faire les poches ? Est-ce au secteur immobilier et donc aux propriétaires, les entreprises en situation de monopoles, les secteurs réglementés (assurances...) ou encore au secteur financier. Chacun de ces secteurs est extrêmement sensible chacun aux défaillances de l'état et du secteur bancaire depuis 2011 et constituent les derniers éléments économiques fiables du pays à titre d'exemple le marché financier a permis d'alléger les demandes de financements adressées au secteur bancaire les secteurs réglementés constituent une source de recette fiscale et d'emplois. Le PLF exprime une volonté de freiner le marché financier, depuis 2011 le marché financier s'est mis en avant pour répondre aux problèmes de financements de l'économie causés par la fragilité du système bancaire. Le développement du système financier a été laborieux et aujourd'hui les intervenants ont rempli leur part du contrat alors que l'état n'a pas accompli son rôle pour accompagner la mise en place d'une gouvernance de qualité ni pour faire évoluer le cadre législatif qui entoure l'activité dans les marchés financiers ... à vouloir taxer le secteur financier, les dernières activités rentables et surtout structurantes aujourd'hui, Youssef Chahed est en train de pousser vers une fuite des capitaux qui sera facilitée par ses propres mesures de libéralisation du change etc . il est temps de crier Halte à la Schizophrénie économique. Youssef Chahed dans son PLF démontre à nouveau qu'il est dans une posture attentiste face à l'économie mondiale espérant que la Tunisie se fera tracter par le convoi et qu'il n'aura pas besoin de faire de reformes ou du mieux qu'il les fera à minima. Enfin, il postule que la relance dans la Zone Euro stimulera la production en France et en Italie donc le tissu productif de la Tunisie. Bien sûr, Youssef Chahed par un drôle de tour de passe-passe psychique en faisant semblant d'oublier qu'énormément d'entreprises ont quitté le pays et que la Tunisie souffre d'un problème de compétitivité qui ne sera pas résolu par sa mirifique relance. Le PLF de l'année 2018 est encore une aberration économique, une de plus, dans la longue liste que Youssef Chahed s'échine à prolonger. En effet, après la loi de finances malhonnête et déséquilibrée de 2017, il nous gratifie d'un nouveau projet hybride sans oublier que sa dernière prestation à l'ARP avait un énième gout de déjà vu, faut-il lui rappeler que les effets de manches, les grands mouvements de bras, le brassage de l'air n'ajoutent aucunement de la crédibilité à ses propos ni même ses longs phrasés saccadés qu'il veut fermes peuvent avoir de l'effet lors d'une première au mieux une seconde montée sur scène mais plus à la énième, faut-il aussi lui rappeler que gouverner ne se résume nullement à des discours grandiloquents sentencieux et menaçants. Rym Mourali, Secrétaire générale du mouvement de l'indépendance tunisienne