L'homme d'affaires et membre conseiller des affaires économiques du Majlis Choura d'Ennahdha, connu pour son franc parler, a réagi, à travers un post sur sa page Facebook, par rapport au coût réel de la grève d'aujourd'hui. J'ai pu lire des chiffres farfelus sur le coût de cette grève générale sans aucun fondement. Le dernier (chiffre fantaisiste) a été débité par l'ancien ministre des Finances, Houcine Dimassi, qui a avancé le montant de 200 millions de dinars ! Qu'en est-il au juste ? La masse salariale (MS) de la fonction publique en 2018 s'élève à 14,7 milliards de dinars. Par ailleurs, le nombre de jours ouvrables (NJO) en 2018 en Tunisie est de 253 jours. Je rappelle que les jours ouvrables représentent tous les jours de l'année civile durant lesquels une entreprise ou une administration est légalement en activité. Pour calculer le NJO, on retranche les samedis et les dimanches de l'année (104) ainsi que les jours fériés qui arivent du lundi au vendredi, selon le calendrier de 2018 (8 jours). Ainsi: NJO = 365-104-8=253. Ensuite, on calcule le coût d'un jour ouvrable dans l'administration : (CJO = MS/NJO). CJO=14,7/253= 58 Million de dinars. Or, parmi les 690 milles fonctionnaires de l'administration, il faudrait distinguer les 235 milles qui appartiennent aux différents corps militaires et para-militaires (Armée, Gendarmerie, Police, Protection civile, Services Pénitentiaires et Douanes). Tous ces braves gens ne sont pas autorisés constitutionnellement à faire grève (l'Article 36 stipule que le droit de grève ne s'applique ni à l'Armée nationale, ni aux forces de la sécurité intérieure ni à la douane). La règle de trois nous donne une bonne approximation du coût de la journée de grève dans l'administration civile: CJOC=CJO X (690-235)/690=38 millions de dinars. Ainsi, tous les fonctionnaires de l'administration civile coûtent 38 millions de dinars par jour ouvrable. Cependant, il est de notoriété que ceux appartenant au corps A ( les directeurs généraux, les cabinets, les directeurs centraux etc.) ne suivent pas généralement les grèves pour des raisons de responsabilité et de continuité de l'état. Cette catégorie représente 28% des effectifs et 42% de la masse salariale. Ainsi, En supposant que le taux de grève est de 100% dans les catégories restantes, le coût d'un jour de grève est 38X58%=22 Millions de dinars. Enfin, que représente le montant de 22 millions de dinars dans l'équation d'un pays démocratique ? il faudrait le comparer aux coûts des différentes institutions constitutionnelles (Parlement, ISIE, INLUCC…) sans lesquelles on ne pourrait se prévaloir d'être en démocratie. Quant à M. Houcine Dimassi, je pense qu'il s'est trompé d'un zéro. Il est ici pardonné puisqu'il a fait un progrès considérable. A l'époque il s'est trompé de trois zéro en confondant en direct les milliards de dinars et les millions de dinars. Enfin, Il est bon de rappeler à certains, l'article 36 de la Constitution: Le droit syndical, y compris le droit de grève, est garanti.