Les forces de l'OTAN engagées en Libye disposent pour le moment de moyens suffisants, mais la situation pourrait devenir “critique” si les opérations se prolongeaient, admet, mardi, le commandant suprême allié pour la transformation de l'OTAN, le général français Stéphane Abrial. Si les opérations durent plus longtemps, bien sûr que la question des ressources deviendra critique”, a-t-il déclaré. “Pour le moment, les forces engagées ont absolument tous les moyens nécessaires pour conduire les opérations”, a-t-il souligné lors d'une conférence de presse accordée à Belgrade en marge d'une conférence de l'OTAN consacrée aux partenariats de l'Alliance atlantique. MAINTIEN DE LA “PRESSION” Une crainte réfutée par la porte-parole de l'Alliance atlantique, Oana Lungescu, qui a assuré mardi avoir les “moyens nécessaires” pour mener à bien sa mission en Libye. “Il est clair que l'OTAN a les moyens pour maintenir la pression sur Kadhafi”, a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse à Bruxelles, avant de reconnaître que l'opération “prend du temps”. Ces déclarations interviennent après que le secrétaire américain à la défense Robert Gates a mis en garde, vendredi, les alliés occidentaux de l'OTAN sur leur manque d'investissements militaires et de volonté politique. Ces “lacunes” pourraient “compromettre” l'efficacité de la mission en Libye, selon M. Gates. Mardi, le chef de la Royal Navy, l'amiral Mark Stanhope, a par ailleurs estimé que les priorités devront être repensées si l'opération lancée par l'OTAN durait plus de six mois. Pour sa part, le chef d'état-major de la marine française, l'amiral Pierre-François Forissier, a évoqué la semaine dernière “un problème de ressources humaines (…). Quand on est en opération, on ne fait plus d'école, plus de formation”, avait-il souligné. Si le porte-avions Charles de Gaulle “était engagé en Libye jusqu'à la fin 2011, il ne travaillerait plus du tout en opération en 2012″, essentiellement pour des raisons de maintenance, avait-il souligné. Huit des 28 pays de l'OTAN — Belgique, Canada, Danemark, Etats-Unis, France, Italie, Norvège et Royaume-Uni — participent aux frappes aériennes en Libye. La moitié des Etats membres de l'Alliance atlantique n'apportent aucune contribution. D'autres participent de manière limitée, comme l'Espagne ou les Pays-Bas, qui font seulement respecter la zone d'exclusion aérienne. LES REBELLES INVESTISSENT KIKLA Sur le terrain, les forces gouvernementales libyennes se sont retirées de Kikla, une ville à 150 km au sud-ouest de Tripoli désormais contrôlée par les rebelles. Youssef Boudlal, un photographe de Reuters, a indiqué que les forces kadhafistes s'étaient repliées à une dizaine de kilomètres de la ville. Les rebelles installent des positions défensives pour parer à toute contre-attaque, a-t-il ajouté. Kikla se trouve à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Zenten, dans le djebel Nefoussa, une région montagneuse majoritairement peuplée de Berbères, qui s'est soulevée contre le régime de Mouammar Kadhafi.