Trois chiffres. Autant d'indicateurs. Et des enseignements ! Au 10 janvier de cette nouvelle année, qui s'annonce difficile, les chiffres sont éloquents. Bien les analyser ; objectivement ; relève donc de l'honnêteté intellectuelle...mais aussi du pragmatisme politique. Le curseur a été mis sur un trio statistique : les « recettes touristiques cumulées », les « revenus du travail cumulés (en espèces) » et le " service de la dette extérieure cumulé ». Respectivement, ils sont de 102,9 MDT, 185,7MDT et 130,1 MDT ! Regardons d'abord, la moitié pleine du verre : les évolutions positives, sur les 10 premiers jours de 2023, du tourisme (+54 MDT) et des envois des TRE (+ 28,6 MDT). En revanche, pour la partie vide de ce même verre ; et elle pèse lourd dans cette balance ; le service de la dette continue sur un trend, devenu habituel, avec une hausse de 45,5MDT ! Positivons, pour mieux avancer. La palme revient aux Tunisiens résidents à l'étranger (TRE) qui, à eux seuls, ont quasiment pu gommer le service de la dette au cours de l'année2022 : 8467,7 MDT contre 8903,9 MDT en règlement de la dette extérieure. Mais, les revenus du travail ont cumulé jusqu'au double des recettes touristiques, qui étaient (seulement ?) de 4279,2 en 2022 ! Dressons alors un tableau de la situation d'un secteur, en l'occurrence le tourisme ; historiquement névralgique pour l'économie tunisienne ; est à la peine et cela depuis quelques années. Certains problèmes sont systémiques. Il n'arrive pas à répondre aux attentes en matière de diversification de l'offre, de qualité de services et de modernisation des unités. A quand un Diaspora bond ? Les TRE demeurent de ce fait le parent pauvre d'une approche économique – et non d'une vision, car inexistante – court termiste. Aucune stratégie de ciblage. Peu d'initiatives ou d'incitations destinées à une population aussi nostalgique qu'attachée au pays des origines. Au niveau financier ; et c'est là où le bât blesse ; les envois coûtent assez chers. Si au train actuel des choses, les TRE continuent à subventionner leurs familles ou proches, imaginons ce que cela donnera si nos décideurs optent pour un système bonifié pour les transferts d'argent ? Il serait ainsi possible d'augmenter davantage ces envois. Une manne financière considérable. Qui d'autant plus est libellé en devises étrangères. Ces dernières demeurent rares. Mieux ! Avec les difficultés d'accès aux marchés financiers internationaux ; à défaut bien évidemment d'un hypothétique accord avec le Fonds Monétaire Internationale (FMI) ; les autorités tunisiennes auraient pu imaginer, et donc concocter, un Diaspora bond. Comprendre, des emprunts obligataires émis par le gouvernement à destination de la diaspora tunisienne, afin de puiser dans ses actifs présents dans leurs pays de résidence. Et donc, financer des projets de développement. Facile ? Soit. Mais, uniquement en théorie, car faut-il prendre la décision et surtout l'appliquer. La loi des finances 2023 aurait d'ailleurs dû constituer le cadre idoine pour une telle initiative, louable. La Banque Centrale tunisienne aurait pu, de son côté, imaginer un mécanisme d'incitation pour cette frange de citoyens, certes résidant à l'étranger, mais qui souffre du peu d'informations sur les avantages qui lui sont accordés. Que nenni ! Nos décideurs voient en les TRE une manne financière. Ils les considèrent comme un acquis. Mais ils se trompent complètement. D'abord, la pyramide d'âge de la population TRE, montre qu'elle est vieillissante. Elle prend de l'âge : l'attache au « Bled » ne sera plus le même. Il sera remplacé par l'attrait du gain. Là-même, la Tunisie pourrait faire valoir des atouts de taille. Mais, à défaut de communication adéquate et ciblée, l'information ne passe pas. Ensuite, outre les sentiments, les TRE gagnent à transférer des fonds à leurs familles. A une certaine somme et dans un certain nombre de pays, ils sont défiscalisés. Aussi, le taux de change fait que ces transferts deviennent considérables après leur conversion en dinars tunisiens. Mais, attention, cette situation est conjoncturelle. La donne pourrait changer. Last but not least, le seuil des attentes des nouveaux TRE, dit de «3ème génération » sinon plus, est haut. La cherté des billets de transports aérien ou maritime, la qualité aléatoire de l'accueil, la versatilité de la réception dans les établissements touristiques pour un TRE par rapport à un touriste font qu'un certain malaise s'installe. Et donc, l'attachement s'effrite. D'ailleurs, comment, alors, convaincre un jeune européen d'origine tunisienne de venir passer les vacances en famille alors qu'il pourrait partir en Open sky vers un pays de l'Europe ou d'ailleurs pour le quart du prix d'un billet vers la Tunisie ? N'est-il pas venu le temps de constituer des outils professionnels de communication pour, avec et envers la diaspora tunisienne ? Des canaux efficaces, adéquats et bien pensés. Des relais non politisés et qui empruntent les codes de la communication digitale, 2.0 et orientés besoins spécifiques de la Diaspora ? Time is money !
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