Rien ne bouge depuis les expulsions d'agents et fonctionnaires, Paris et Alger s'observent, se jaugent. Un statu quo mortifère, alors que le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a laissé entendre le 16 avril que le dialogue devait et allait reprendre ses droits. Mais rien depuis, pas une once de mouvement entre les partenaires historiques que leurs millions d'enfants condamnent à l'entente, comme l'a dit le président Emmanuel Macron le 28 février dernier. Puisque la nature a horreur du vide, surtout sur des dossiers aussi importants, des choses se trament ici et là, des développements qui n'augurent rien de bon. Le journal algérien "El Khabar" nous apprend ce mercredi 30 avril qu'il est «probable» que les autorités algériennes répliquent au nom de la «réciprocité». En cause des mesures restrictives qui frappent la résidence de l'ambassadeur d'Algérie à Neuilly-sur-Seine, un tour de vis signé par la mairie de cette ville très cossue de la région parisienne… A noter que cette municipalité française est pilotée par le maire de droite Jean-Christophe Fromantin (la mairie a été dirigée de 1983 à 2002 par l'ancien président Nicolas Sarkozy). D'après les sources du journal algérien l'édile a enlevé à la résidence des espaces de parking et décrété une taxe annuelle de 11 700 euros sur une toute petite loge à l'entrée de la résidence. Si ce n'est pas un geste inamical on ne sait pas ce que c'est. À Alger la chose ne passe pas et des idées de représailles sont dans l'air. Les autorités algériennes sont tentées de rendre à Paris la pièce de sa monnaie en rognant le périmètre de la résidence de l'ambassadeur de France en Algérie, la villa des Oliviers nichée à El Biar. Elle pourrait passer de 4 à 1 hectare. La même mesure pourrait s'étendre au siège de l'ambassade de France à Hydra, qui pourrait perdre 12 hectares (14 hectares actuellement). Le dossier des biens de l'Etat français en Algérie a été ouvert mi-mars dernier, alors que la crise diplomatique sévissait. Stéphane Romatet, ambassadeur de France à Alger, avait été convoqué au siège du département des Affaires étrangères pour «mettre sur la table» ce sujet «trop longtemps ignoré», en reprenant les expressions d'Algérie Presse Service (APS). L'agence officielle avait ajouté que la France profite des «largesses» de l'Algérie en occupant des biens immobiliers pour des montants modiques, en plus d'une pléthore d'avantages économiques… Les biens en question montent à 61 sur tout le territoire algérien et la France en dispose «moyennant des loyers ridiculement bas», toujours selon la même source. Donnant l'exemple de la villa des Oliviers, APS a indiqué que cette résidence de 4 hectares est louée «au franc symbolique, sur la base d'un prix de bail inchangé depuis 1962 jusqu'en août 2023». Le bail, qui a expiré depuis 2 ans, n'a pas été reconduit depuis. Alger fermait les yeux sur tout ça, mais puisque Paris regarde ailleurs quand son ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, déchire méthodiquement des décennies d'entente cordiale, les autorités algériennes se sont dit qu'il n'y a plus aucune raison de retenir leurs coups. Pour le moment on en est au stade des ballons d'essai mais attention, la vie dorée des diplomates français affectés à Alger pourrait vite devenir un enfer. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!