À l'ouverture du Festival de Cannes 2025, une tribune publiée mardi 13 mai dans le quotidien Libération réunit les voix de près de 380 artistes internationaux, dénonçant le « génocide » en cours à Gaza, et le silence assourdissant du monde de la culture. Parmi les signataires figurent des noms prestigieux du cinéma : Leïla Bekhti, Richard Gere, Javier Bardem, Pedro Almodovar, ainsi que les réalisateurs David Cronenberg et Ruben Östlund, lauréat de deux Palmes d'or. Dans leur texte, ils expriment un malaise profond face à l'inaction de leurs institutions et pairs, estimant qu'un devoir moral incombe aux artistes face à de telles violences. « Nous ne pouvons rester silencieux.se.s tandis qu'un génocide est en cours à Gaza », peut-on lire dès les premières lignes de la tribune. Une prise de parole coordonnée à l'ouverture de Cannes Ce texte collectif coïncide avec le lancement du 77e Festival de Cannes, où sera projeté un documentaire en hommage à la photojournaliste palestinienne Fatima Hassouna, tuée lors d'un bombardement israélien en avril, aux côtés de dix membres de sa famille, dont sa sœur enceinte. Elle devient, à travers ce documentaire, un symbole de l'engagement culturel palestinien dans un contexte de guerre. Les signataires déplorent l'indifférence de nombreuses figures du cinéma international, y compris celles qui ont fait de l'engagement social un fondement de leur œuvre. « Une telle passivité nous fait honte », affirment-ils, dénonçant aussi le mutisme de l'Académie des Oscars face à l'agression du réalisateur palestinien Hamdan Ballal, récompensé pour son film No Other Land puis attaqué par des colons israéliens en mars. Une position polémique, mais pas isolée L'initiative n'est pas sans précédent. Déjà en 2014, Pedro Almodovar et d'autres figures de la culture européenne avaient dénoncé les bombardements israéliens sur Gaza durant l'opération « Bordure protectrice ». Aujourd'hui, dans un contexte d'escalade extrême, ces voix se font de nouveau entendre, accusant une partie du monde artistique de se désintéresser du réel, en particulier des oppressions vécues par les artistes palestiniens. La présence initialement évoquée de Juliette Binoche parmi les signataires a toutefois été démentie dans l'édition papier de Libération, alors qu'elle préside cette année le jury cannois. Une absence qui suscite déjà des interrogations. Une guerre au bilan humain dévastateur Les attaques israéliennes ont fait, selon le ministère de la Santé du Hamas plus de 52.862 morts à Gaza, majoritairement civils — un bilan jugé crédible par les Nations unies. Des ONG comme Amnesty International et Human Rights Watch accusent l'Etat israélien d'avoir commis des actes de génocide, des allégations que Tel-Aviv rejette fermement. Une interpellation morale adressée au monde artistique En filigrane, les signataires appellent à une prise de conscience collective. « Pourquoi le cinéma, vivier d'œuvres engagées, paraît se désintéresser de l'horreur du réel ? » interroge la tribune. Pour eux, le cinéma a la responsabilité de porter la voix de celles et ceux qui meurent dans l'indifférence, dans les salles comme sur la scène internationale. Le Festival de Cannes, souvent critiqué pour ses silences politiques, sera-t-il cette année le théâtre d'un réveil des consciences ? Les jours à venir diront si cette interpellation parvient à secouer un monde culturel parfois accusé de frilosité face aux grands enjeux de notre temps. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!