TUNIS, 16 juin 2010 (TAP) - ''Les opportunités d'investissement dans les industries culturelles'' tel a été le thème du débat organisé avec M. Abderraouf El Basti, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, mercredi, au siège du Conseil économique et social à Tunis, sous la présidence de M. Sadok Chaâbane, président du Conseil, en présence des membres du Conseil et de plusieurs hommes de culture et des médias. A cette occasion, le ministre a fait une communication dans laquelle il a indiqué que les mutations rapides survenues dans le monde ont imposé à la production culturelle d'intégrer le circuit économique. En contrepartie, plusieurs secteurs culturels participent désormais à la création de richesse et d'emplois. C'est dans ce nouveau contexte qu'on est venu à parler d'investissements dans les industries culturelles. L'importance accordée à la dimension économique de l'action culturelle, a fait remarquer le ministre, s'est en effet accrue à la faveur de l'accroissement de la participation de la production culturelle dans les économies de nombreux pays. Il a ajouté que les projets réalisés dans le secteur culturel nécessitent, comme dans le cas des projets économiques, des investissements matériels et immatériels, alors que le produit culturel et artistique diffère des autres produits, étant donné la brièveté de sa commercialisation, et l'élévation du taux de risque y afférent, d'autant que sa réussite commerciale dépend du goût artistique du récepteur et de ses orientations intellectuelles et idéologiques. Le ministre a évoqué les sources de financement de l'investissement dans les industries culturelles, dont le financement public direct représenté par le soutien à la production (4 millions de dinars en 2009 pour le cinéma, 750 mille dinars pour l'édition, 1 million de dinars pour la musique et 2 millions de dinars pour le théâtre). Il a rappelé par ailleurs les mécanismes de financement visant à encourager la création de sociétés privées spécialisées dans la culture, notamment des PME, outre le financement international, dans le cadre de la coopération technique, dont les programmes ''Media international'', ''Euromed audiovisuel''. M. El Basti a souligné par ailleurs que le rôle des investissements dans les industries culturelles ne se réduit pas à développer la richesse matérielle, mais vise également à impulser d'autres secteurs productifs susceptibles de bénéficier des contenus culturels et artistiques, à l'instar du secteur touristique. Il s'est interrogé dans ce contexte sur les raisons qui expliquent la faiblesse de l'industrie culturelle, en dépit des incitations et encouragements en vigueur, précisant que la participation de cette industrie dans le PNB ainsi que son employabilité, demeurent limitées. Il a justifié cette situation par l'inexistence de données statistiques actualisées en la matière, pouvant aider les structures de financement et les investisseurs, et par l'inexistence d'études permettant de faire connaître les domaines prometteurs dans ce secteur. Le ministre a annoncé que, pour remédier à cela, le président Zine El Abidine Ben Ali a ordonné la réalisation d'une étude scientifique sur l'état des lieux des industries culturelles, pour garantir la promotion de ces industries au cours des cinq prochaines années. Les participants à ce débat ont, pour leur part, mis l'accent dans leurs interventions sur l'importance de dépasser l'acception dominante de la culture comme activité récréative, proposant la mise en place d'une feuille de route des investissements, pour encourager les hommes d'affaires à investir dans le domaine culturel. L'un des intervenants a recommandé de mieux évaluer les œuvres artistiques et culturelles appelées à bénéficier des subventions publiques. Un autre intervenant s'est interrogé sur la présence du produit culturel tunisien (chansons, films, arts plastiques, etc.) dans les grandes manifestations arabes et internationales, invitant le ministère à accorder davantage d'intérêt à cette dimension. Auparavant, M. Chaâbane avait souligné, dans son allocution de bienvenue, l'importance de la culture dans le projet de société prôné par le président Zine El Abidine Ben Ali, mettant l'accent sur les nouvelles opportunités de production offertes par la matière culturelle, à une époque marquée par la dimension stratégique dévolue à la culture, devenue l'une des composantes du développement global.