TUNIS, 23 avr 2011 (TAP) - La conférence de presse organisée, samedi, à l'espace El Teatro, par le Mouvement d'Unité Populaire (MUP) et présidée par son secrétaire général, l'ancien ministre de Bourguiba, Ahmed Ben Salah, a été l'occasion de présenter le programme du Mouvement et ses principes idéologiques, ainsi que des témoignages historiques sur la période des années 60, marquée par la politique de collectivisme. M. Ahmed Ben Salah a donné, lors de cette conférence, son avis sur les mesures prises par la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, dont notamment celles relatives à l'exclusion du Rassemblement Constitutionnel Démocratique dissous de la participation aux élections de l'Assemblée nationale constituante, et à l'institution de la parité dans les listes des candidates à ces élections. Il a exprimé, à ce propos, son refus de la politique de règlement de compte exercée contre ce parti dissous, faisant observer que cette question est du ressort exclusif de l'appareil judiciaire. Il a déclaré que "s'il est impératif de sanctionner le RCD dissous, il suffirait de geler ses activités pour une période bien déterminée et non pas l'exclure carrément du paysage politique, qui est une chose inacceptable". Il a également émis des réserves sur le principe de la parité, indiquant que son adoption "est en contradiction avec le principe de la liberté individuelle, de même qu'il incite à un conflit entre hommes et femmes, que nous pouvons éviter". S'agissant des objectifs du mouvement, M. Ben Salah a précisé que le MUP vise à édifier une société démocratique, fondée sur le principe de la justice sociale et l'enracinement de la société tunisienne dans son identité arabo-musulmane, tout en s'ouvrant sur la modernité. Aussi, le mouvement oeuvrera-t-il à permettre au peuple d'exercer directement sa souveraineté et à instaurer une société socialiste, où prévalent justice, liberté et progrès, à édifier le Grand Maghreb Arabe en tant que premier pas vers l'union arabe, et à raffermir les liens de fraternité et de solidarité entre le peuple tunisien et les peuples du monde entier. Il a affirmé que le MUP "continue de croire en l'édification d'une société équilibrée, non gouvernée par le système des classes et fondée sur trois principes essentiels pour un développement équilibré, que sont l'Etat, le secteur privé et le collectivisme". M. Ben Salah a, en outre, appelé les cellules du Mouvement dans les régions à mettre sur pied des commissions, chargées de l'économie, du développement, de l'enseignement et de la culture, faisant remarquer que la première des priorités en cette étape est la révision totale du système d'enseignement et le succès du processus politique dans le pays. Le secrétaire général du MUP a critiqué l'émergence d'un grand nombre de partis politiques sur la scène nationale, qui "ne sert pas le processus de transition démocratique", appelant ces mêmes partis à se regrouper en des coalitions. Il a fait part, dans ce contexte, de l'existence de contacts entre son mouvement et d'autres partis afin d'instaurer une coopération mutuelle. Dans l'attente de l'élaboration d'une nouvelle constitution, il a également proposé la formation d'un parlement provisoire, chargé du suivi de la vie politique, afin qu'il joue le rôle du conseil de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, au sein de laquelle le Mouvement n'est pas représenté. Il a déclaré, à ce sujet : "Puisque le président de la République, le Premier ministre et le gouvernement sont provisoires, alors qu'est-ce qui empêche d'avoir un parlement provisoire, représentatif des régions, qui assurera le suivi des projets urgents de développement et veillera à l'élaboration de la Constitution". Il a, d'autre part, appelé à investir les fonds saisis au palais du président déchu, à Sidi Bou Saïd, dans des projets de développement, dans les régions défavorisées, soulignant le besoin en Tunisie de fonds propres et non étrangers pour développer le pays. Après avoir rappelé la période des années 60, marquée par la politique de collectivisme, il a précisé qu'en dépit de l'idée négative qu'ont les gens de cette période, le Mouvement continue "de défendre le collectivisme scientifique et étudié".