GAMMARTH, 3 nov 2009 (TAP) - M. Abdelwaheb Abdallah, membre du Bureau politique du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) et ministre des Affaires étrangères, a affirmé que la crise financière et économique mondiale, qui a touché la majorité des pays, généré des incidences majeures et freiné les processus de développement, a fait apparaître les défaillances et les lacunes du système financier international, en dépit des mesures prises, à temps, par les Etats afin d'en atténuer l'impact. Il a, dans ce sens, relevé que les principales lacunes de ce système consistent en l'élargissement du fossé et des écarts de développement entre les pays pauvres et les pays riches. Vers un nouveau système économique mondial plus équilibré et plus juste M. Abdelwaheb Abdallah, membre du Bureau politique du RCD et ministre des Affaires étrangères Présidant, mardi, la troisième séance, du XXIe symposium international du RCD, sur le thème: "Pour un système économique mondial plus humain et garant d'un développement solidaire et durable", M. Abdelwaheb Abdallah a mis l'accent sur le besoin impérieux de revoir le système économique mondial et de réviser ses modes avec réalisme et objectivité. Il a, à ce propos, fait observer que l'élargissement du fossé de développement entre les pays riches et les pays pauvres ainsi que la pauvreté et l'endettement sont les principaux dangers qui menacent la sécurité et la paix dans le monde et qui sont générateurs de sentiments de désespoir et d'abattement chez les populations les moins nanties. M. Abdelwaheb Abdallah a, également, insisté sur la nécessité de surmonter les obstacles qui entravent le développement et d'instaurer un système économique mondial plus équilibré et plus juste, à même, a-t-il dit, de réaliser un partenariat mondial solidaire, dans un cadre d'égalité des chances entre les peuples, rappelant les multiples appels et initiatives lancés par le Président Zine El Abidine Ben Ali dans ce sens. Le ministre des Affaires étrangères a, en outre, indiqué que l'actuelle conjoncture mondiale, qui se distingue par sa complexité et son déséquilibre, implique la conjugaison des efforts de tous les Etats et de l'ensemble des groupements régionaux, des organisations internationales et des structures spécialisées, ainsi que le renforcement de la coordination des politiques commerciales, financières et monétaires, conformément à une approche commune, fondée sur la justice et la solidarité, propre à garantir la pérennité du développement au profit des générations présentes et futures, précisant, à ce propos, qu'"il est grand temps de passer à l'action et à l'initiative". Courage et clairvoyance pour "la réinvention de l'économie" M. Jean-Noel Guérini, président du Conseil général des Bouches-du-Rhône La parole a été, ensuite, donnée à M. Jean-Noel Guérini, président du Conseil général des Bouches-du-Rhône (France), qui a affirmé, dans sa communication, que ce symposium offre l'opportunité d'échanger les vues, de discuter des questions majeures et d'apprendre, sans pour autant donner de leçons. Il a estimé, que face à une telle crise financière et économique, qu'il a qualifiée de "sévère, durable et complexe", le pragmatisme est une arme certainement plus efficace que le lyrisme. M. Guérini a indiqué que l'action à entreprendre doit être accompagnée d'une vision audacieuse, ancrée dans les valeurs de solidarité, de progrès et de partage, un triptyque qui doit servir de sésame, tant au plan local qu'au plan national ou international, pour relever les défis qu'impose la reconstruction d'un système économique, "où l'homme ne se ferait pas dicter une loi déterminée par des enjeux financiers". Il s'est, par ailleurs, interrogé sur l'opportunité de réinventer une économie, de privilégier le développement durable et de redonner un sens au terme "égalité", sans sacrifier les espérances de ceux qui ont pris le train du développement, ainsi que sur le lien qu'il faut continuer à tisser entre les deux rives de la Méditerranée, tout en jetant les ponts d'une coopération cohérente et équitable entre le Nord et le Sud. "La réinvention de l'économie exige du courage et de la clairvoyance, et ne pourra aboutir qu'au prix d'un dialogue constant, qui doit être mené sans tabous, mais avec empathie et enthousiasme", a-t-il ajouté. Dans le même ordre d'idées, il a estimé que pour aller de l'avant, dans une perspective durable, il est primordial d'inventer de nouvelles formes de production, de nouveaux modes de consommation, à la fois plus solidaires et surtout plus respectueux de l'environnement, indiquant qu'un développement économique durable implique de veiller à ce que la redistribution des richesses se conjugue avec la justice sociale, et que le bien-être et la qualité de vie de la population soient une préoccupation constante des gouvernements. Il a, à ce propos, cité en modèle les politiques engagées, sous la sage conduite du Président Zine El Abidine Ben Ali, politiques qui ont permis d'offrir des infrastructures et des services publics, des logements pour tous, une scolarisation de qualité, un système de santé et un statut de la femme à l'égal de l'homme, "un bel exemple des efforts d'un Etat pour favoriser la mise en place d'un système économique plus humain, solidaire et durable", a-t-il précisé. Le président du conseil général des Bouches-du-Rhône a conclu sa communication, en estimant que face aux dangers économiques et écologiques, qui deviennent de plus en plus indissociables, la solidarité demeure la seule réponse intellectuellement lucide, moralement acceptable et politiquement efficace. Un nouveau multilatéralisme doit être mis en place M. Pascal Boniface, Directeur de l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) Pour sa part, M. Pascal Boniface, Directeur de l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) (France) a fait, dans son exposé, une lecture stratégique du contexte de la crise et de ses impacts. Il a souligné que la série de ruptures historiques, présentées comme telles par de nombreux observateurs, au cours des 15 derniers mois, ne sont en réalité que des événements importants, qui montrent que le monde d'aujourd'hui a, grandement, besoin de solutions communes et de davantage de solidarité. Il a, également, indiqué que les crises actuelles nécessitent des réponses communes et qu'un nouveau multilatéralisme doit être mis en place, précisant, à ce propos, que le monde actuel est un monde où les événements qui surviennent ont des répercussions directes et rapides partout, compte tenu de la globalisation galopante qui le caractérise. M. Boniface a ajouté que dans un monde globalisé, il ne saurait y avoir de place à l'unipolarité et que chaque événement nouveau montre les limites de ce concept. Il a affirmé, à ce sujet, que le monde d'aujourd'hui n'est ni bipolaire (la bipolarité n'est plus d'actualité depuis la chute du mur de Berlin en 1989), ni unipolaire, ni encore multipolaire, "mais un monde en voie de multipolarisation". Il a, également, fait remarquer que le multilatéralisme n'est pas un choix moral, mais plutôt "un choix rationnel". M. Boniface a, aussi, établi un distinguo entre unipolarité et unilatéralisme, indiquant qu'une série de problèmes, dont souffre le monde, proviennent de la confusion faite entre ces deux concepts. Il a, sur un autre plan, indiqué qu'il "n'est plus possible de vivre dans un monde où certains décident et où d'autres obéissent" et que le temps est révolu où les occidentaux dominaient le monde et dictaient leurs choix sans réaction ni résistance, et où "il suffisait de se placer en donneur de leçon pour être écouté". Il a, par ailleurs, souligné qu'en dépit des mutations qui ont métamorphosé la face du monde, les Etats demeurent "les pivots et les acteurs centraux", voire incontournables, de l'échiquier mondial, qui puissent apporter des solutions aux problèmes en suspens. M. Boniface a conclu son propos en indiquant qu"on peut être égoïste mais qu'on n'a nullement le droit de ne pas être intelligent".