SOUSSE, 11 déc 2009 (TAP)- M. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, a présidé, vendredi, l'ouverture de la 24ème session des journées de l'entreprise, organisée, les 11 et 12 décembre courant, à El Kantaoui, par l'Institut arabe des chefs d'entreprises, sous le haut patronage du président Zine El Abidine Ben Ali. Le Premier ministre s'est félicité, dans son allocution, du choix porté sur "L'Etat et l'Entreprise", en tant que sujet de débat de cette session, à la lumière des développements connus par le monde et, tout particulièrement, la crise économique mondiale et les approches qu'elle a générées et qui ont changé plusieurs concepts ayant trait au rôle de l'Etat et de l'Entreprise. Il a fait observer que parmi les principales conclusions tirées de l'étape écoulée, figure le fait que le régime libéral absolu qui accorde au marché une liberté totale, loin de toute contrainte et de tout rôle régulateur de l'Etat, est aujourd'hui l'objet de polémique, de débat et de régression. Cette situation, a-t-il ajouté, a été à l'origine de l'aggravation du fossé entre l'économie réelle et l'économie financière qui s'est orientée vers le profit rapide, alors qu'elle devait être un appui à l'économie réelle et aux secteurs de production. M. Ghannouchi a, également, relevé que les mécanismes de contrôle des entreprises internationales et les agences de notation ont donné la preuve de leur incapacité à prévenir la profondeur de la crise et à y remédier, mettant l'accent sur le retour en force des pays industrialisés et des pays émergents pour instituer des mesures destinées à renforcer le secteur bancaire et à consacrer, à cet effet, des budgets de relance colossaux. Le Premier ministre a mis en exergue l'émergence, au coeur de ces développements, d'orientations et d'analyses visant à introduire des amendements sur la gouvernance, aussi bien pour l'Etat que pour les institutions financières internationales ou les entreprises économiques et financières, relevant, à ce propos, la divergence des vues concernant le non-interventionnisme de l'Etat ou l'impératif d'imposer des règles dans les divers domaines pour garantir la stabilité financière et monétaire. Il a formé le voeu de voir le dialogue instauré durant cette session aider à la saisie des différentes données et approches et à l'échange des visions sur l'équation exigée entre la responsabilité de l'Etat et celle de l'entreprise, afin d'éviter les dérapages. Le premier ministre a insisté sur la nécessité de raffermir, de manière permanente, les relations entre le circuit économique et le secteur financier, dans l'objectif d'éviter de tomber dans la finance immatérielle, ce qui commande de revoir les mécanismes de régulation et de mettre en place davantage de réglementations dans le domaine du crédit et d'optimiser la gestion des risques, outre le réexamen du rôle des agences de notation et l'impératif de faire preuve de davantage de vigilance dans le traitement avec les produits financiers complexes. Il a mis l'accent, dans ce contexte, sur la nécessité d'arrêter des programmes exceptionnels pour soutenir les pays en développement et émergents qui ont été largement affectés par les incidences de la crise mondiale, en leur octroyant des financements additionnels à des conditions avantageuses par le biais des bailleurs de fonds internationaux et des grands groupements économiques, ce qui est de nature à leur permettre de renforcer leur infrastructure de base et leurs équipements collectifs, de valoriser leurs ressources humaines, de réduire les répercussions de la crise et de consolider aussi les économies des pays industrialisés. M. Mohamed Ghannouchi a souligné les bienfaits de la pluralité des pôles économiques dans le monde, s'agissant de la garantie du développement durable, de la stabilité et de la paix dans le monde entier, relevant l'impératif d'accélérer les négociations multilatérales de Doha, en tant que signal fort de la fin du protectionnisme et la nécessité de promouvoir la coopération en tant que principal facteur de paix et de stabilité dans le monde. Il a ajouté que la Tunisie suit avec toute l'attention requise les thèses et idées qui circulent dans le monde, à la lumière du choix délibéré de s'intégrer dans l'économie mondiale, indiquant que la Tunisie, qui poursuit, conformément à cette démarche initiée par le chef de l'Etat, une démarche qui a abouti à la réalisation d'excellentes performances dans le domaine de la mise à contribution de l'économie de partenariat en vue de consolider le processus économique national, la consécration de l'équation efficiente, fondée sur la répartition des rôles entre l'Etat et l'entreprise, de manière à permettre à l'Etat de se consacrer à sa fonction essentielle et à ouvrir de larges perspectives devant l'entreprise. Le premier ministre a indiqué que la démarche adoptée, sur instructions du président Ben Ali, pour s'adapter aux mutations internationales, bénéficie d'un consensus national et repose sur l'association de l'entreprise, des différents partis, des organisations nationales et des parties concernées à la conception des politiques efficaces. Il a, dans ce contexte, évoqué les mesures prises, à temps, et qui ont combiné le conjoncturel avec le structurel, pour aider les entreprises, ainsi que la création, à cet effet, d'une commission nationale chargée du suivi de l'évolution des événements et de l'interaction avec ces événements. Le premier ministre a indiqué que l'intervention de l'Etat dans ce domaine s'est fondée sur une série de constantes, au premier rang desquelles figurent le renforcement de l'efficience économique, la consolidation de la corrélation entre les dimensions économique et sociale, la stimulation de l'initiative privée, dans le cadre du partage des rôles entre l'Etat et l'entreprise, et la préservation des équilibres financiers, tout en prenant les ajustements qui s'imposent. Il a indiqué que l'intervention de l'Etat ne se limite pas aux périodes délicates mais repose sur des études prospectives à long terme et, constamment, actualisées, en vue d'accroître les investissements, d'instituer des politiques fiscales et monétaires fructueuses, de valoriser les ressources humaines et de conforter l'infrastructure économique. M. Mohamed Ghannouchi a affirmé que les programmes présidentiels mis en place, en la matière, et qui ont bénéficié de l'unanimité de l'ensemble des parties nationales, se sont appuyés sur une démarche immuable qui a renforcé la capacité du pays à atteindre les objectifs de développement, ce qui a garanti, a-t-il dit, la solidité de l'économie nationale et le développement des investissements nationaux et extérieurs. Le premier ministre s'est, dans ce contexte, dit satisfait de l'adhésion des investisseurs étrangers à ces orientations, qui a favorisé l'augmentation du nombre d'entreprises étrangères opérant, en Tunisie, qui est passé à environ 3000 entreprises, générateurs de quelque 250 mille postes d'emploi, dont notamment, des grandes entreprises à contenu technologique élevé. M. Ghannouchi a, d'autre part, mis en évidence l'augmentation enregistrée au niveau du taux de participation du secteur privé au développement économique. Il a précisé, à ce sujet, que le secteur privé contribue, à hauteur de 60% du volume global des investissements, contre 40% avant la conclusion de l'accord d'association avec l'Union Européennes, relevant, également, la contribution de ce secteur à la création de postes d'emploi, à concurrence de 90% environ, de 85% des exportations et de 75% du PIB. Il a, par ailleurs, précisé que bien que le taux de croissance ait atteint, au cours des dernières années 6%, il ne dépassera pas, en 2009, 3%, compte tenu des incidences de la crise mondiale. Il a affirmé que la Tunisie s'apprête à renouer avec un taux de croissance supérieur à 6% durant la période post-crise. En conclusion, le premier ministre s'est félicité des de la dimension méditerranéenne, arabe et africaine prise par la manifestation des "Journées de l'entreprise", soulignant que l'ère de l'unilatéralisme économique est révolue et que le choix d'une action économique collective et régionale, adoptée par le Chef de l'Etat, est à même de renforcer les capacités économiques du pays. Il a rappelé, à ce propos, la volonté constante de la Tunisie de renforcer la coopération et la complémentarité entre les pays maghrébins, l'Union européenne et les pays méditerranéens et de gagner le pari d'intégration dans l'économie du savoir et l'innovation technologique. Auparavant, M. Chékib Nouira, président de l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprise (IACE) avait fait part des remerciements et de la considération des membres de l'institut au Président Zine El Abidine Ben Ali pour avoir accepté de placer cette manifestation sous son haut patronage. Il a souligné le rôle majeur accompli par l'Etat dans la préservation des équilibres économiques et sociaux, dans l'encouragement du secteur privé et dans la dynamisation du rôle de l'administration et des cadres compétents dans le cycle économique. Il a fait remarquer que le programme présidentiel pour le prochain quinquennat est le cadre idoine pour la réalisation de ces objectifs.