Pour la deuxième année consécutive Ernst & Young réalise le baromètre des entreprises en Tunisie pour mesurer le moral des chefs d'entreprises, leurs préoccupations et leurs perspectives. Selon M. Noureddine Hajji, Associé Directeur Général de Ernst & Young, le moral de nos entreprises, aujourd'hui, n'est pas au beau fixe, les inquiétudes sont fortes et les perspectives assombries par la confusion qui règne sur la scène politique et les craintes d'enlisement dans la violence et l'insécurité. Pourtant, les entreprises continuent à afficher une sérénité réconfortante quant à leur solidité et entretiennent un optimisme dans leur regard vers l'avenir même si l'horizon de stabilisation de la conjoncture apparaît pour elles aujourd'hui plus loin encore de ce qu'elles avaient estimé une année auparavant. Ce baromètre 2012 exprime d'une certaine façon l'appel sanglant des entreprises aux décideurs publics et à la classe politique dans son ensemble : elles n'ont besoin que d'une « décrispation » du paysage politique pour que leurs énergies soient définitivement libérées. De son coté Sami Zaoui, Associé Advisory services affirme que est avec beaucoup d'objectivité et de sincérité que les dirigeants d'entreprises se sont exprimés dans le cadre du baromètre 2012 réalisé par Ernst & Young. Objectivité puisqu'ils font la part des choses, en soulignant les fortes améliorations des douze derniers mois, mais en reconnaissant également les incertitudes de la période à venir. Sincérité car leurs réponses sont franches et directes, évoquant aussi bien les réalités du développement régional que les enjeux de l'ouverture à l'international, en passant par leurs attentes, que dis-je, leurs exigences vis-à-vis des gouvernants et des parties prenantes du monde économique. Le baromètre Ernst & Young 2012 porte un regard sur la période écoulée et invite les dirigeants d'entreprises à se projeter sur les douze prochains mois. En décidant de le réaliser tous les ans, Ernst & Young souhaite apporter sa modeste contribution au débat économique en Tunisie, œuvrant ainsi au nécessaire dialogue entre l'ensemble des acteurs du monde économique. Marché et ventes L'année 2012 apparaît comme une année de reprise, après le coup d'arrêt brutal qu'ont connu les entreprises au premier semestre de l'année 2011 : 67% des entreprises ont connu une augmentation par rapport à 2011. 21% des entreprises ont même connu une forte amélioration. Ainsi, les ventes repartent à la hausse et les processus internes d'approvisionnement, de production et de distribution retrouvent une meilleure stabilité par rapport à l'année précédente. Alors qu'en 2011, 78% des entreprises avaient déclaré avoir connu une baisse de leurs volumes d'affaires par rapport aux prévisions, l'année 2012 apparait comme étant une année de correction suite aux événements du début de l'année 2011. Situation interne Les performances opérationnelles des entreprises (approvisionnement, production, distribution) se sont nettement améliorées en 2012 pour 47% des dirigeants et la situation est restée stable pour 39% d'entre eux. Seules 14% des entreprises ont connu une dégradation de leur situation opérationnelle, liée pour la plupart aux procédures de dédouanement et de logistique portuaire. La même tendance d'amélioration par rapport à 2011 se retrouve aussi bien au niveau de la trésorerie que des ressources humaines. Les tensions sociales de l'année 2011 ont diminué en 2012 sans toutefois disparaître et restent un sujet de préoccupation pour de nombreux dirigeants.
Perspectives d'activité Les dirigeants d'entreprises portent un regard mitigé sur l'évolution de leurs perspectives commerciales sur les 12 prochains mois. Ils sont aussi moins optimistes aujourd'hui qu'une année auparavant. En 2011, 56% des entreprises prévoyaient une amélioration de leur situation commerciale, alors qu'elles ne sont plus que 43% à le prévoir en 2012. De même, 25% des dirigeants pressentent une dégradation de leur situation commerciale sur les douze prochains mois alors qu'ils n'étaient que 8% un an plus tôt. Les dirigeants d'entreprises sont, en revanche, plus optimistes s'agissant de l'évolution de la situation interne de leurs entreprises (Approvisionnement, production, distribution, trésorerie, ressources humaines). Leurs projections contrastent aussi avec l'estimation qu'ils se font de l'évolution de la conjoncture économique et sociale dans son ensemble. 58% des dirigeants estiment que la conjoncture va se dégrader au cours des 12 prochains mois alors qu'ils ne sont que 4% à estimer que la situation interne de leurs entreprises va elle-même se dégrader. A l'évidence, les dirigeants des entreprises sont confiants quant à la capacité de résilience de leurs entreprises et se préparent bien dans la perspective d'une dégradation progressive de la conjoncture. 70% d'entre eux estiment que la survie de leurs entreprises ne sera, en aucun cas, menacée. Investissements et recrutements La sérénité affichée par les entreprises se répercute dans leurs projections d'investissement et de recrutement. 32% des entreprises envisagent d'augmenter leurs investissements et 52% envisagent l'accroissement de leurs effectifs. Le point caractéristique nouvellement noté est que les regards des dirigeants d'entreprises sont plus tournés vers le développement à l'international que sur l'extension sur le marché local, ce qui traduit un signe de défiance par rapport au marché local et aussi une prise de conscience de l'intérêt d'un développement à l'international pour nourrir leur ambition de croissance. Plus spécifiquement, les 2/3 des entreprises interrogées déclarent ne pas être portées sur l'investissement dans les régions intérieures de la Tunisie en raison du manque d'infrastructures et des risques d'instabilité sécuritaire.