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Ghazi Mabrouk analyse la politique étrangère sous Bourguiba, Ben Ali, Abdallah, Abdessalem et Jarandi
Publié dans Tuniscope le 04 - 07 - 2013

Lors du colloque du cercle Diplomatique ayant pour thème « Quelle politique étrangère pour la Tunisie de demain?», M. Ghazi Mabrouk a donné une allocution sans langue de bois.
Ghazi Mabrouk, fin connaisseur des réseaux institutionnels et des cercles politiques et économiques de l'Union européenne depuis vingt ans, est revenu lors de son intervention sur l'histoire de la politique étrangère tunisienne.
Commençant par la période Bourguiba qu'il a appelée "Soft power avant l'heure" et passant par la période désastreuse de Ben Ali avec Abdelwaheb Abdallah qu'il cite nominativement, Ghazi Mabrouk analyse aussi la période post révolutionnaire sous Rafik Abdessalem pour arriver à l'actuelle phase avec le ministre Othman Jarandi.
L'allocution de Ghazi Mabrouk a conclu sur la difficulté de la situation actuelle caractérisée par une position entre le marteau de l'héritage de Rafik Abdesslam et l'enclume du Président Moncef Marzouki.
Le texte complet de l'allocution se trouve en bas de la vidéo.
Permettez-moi tout d'abord - devant votre honorable Assemblée - une pensée particulière et compassée pour les jeunes de Tunisie, qui auraient tant souhaité façonner leur futur, dans un Etat à la hauteur de leurs espérances.
L'écume de nos cheveux blancs doit donc se faire humble, devant l'ampleur du tsunami de la jeunesse partisane. Toutes leurs dents sont déjà sorties afin de ne pas laisser tuer l'espoir, de manière pernicieuse ! Mais méfions-nous de « « l'enthousiasme mortel » qu'évoquait déjà Frantz Fanon, car « El mouhim layssa el nitham, bel el watan » !
Dans ce contexte, comment la politique étrangère de la Tunisie pouvait-elle rester imperméable ? Et comment l'image de la Tunisie à l'étranger se reflète-t-elle, au travers du prisme de sa politique étrangère ? Un prisme qui se heurte fatalement à la multiplicité de ses facettes !
Pour la Tunisie, avoir une image flamboyante constitue-t-il réellement une nécessité ? Pour certains dirigeants tunisiens, la réponse est non. Notre voisin de l'ouest ne s'en est jamais réellement inquiété outre mesure. Quasiment sans ressources et avec des ambitions de développement immenses, les pères fondateurs de la Tunisie moderne ont immédiatement pris la mesure de la portée de l'image que la politique étrangère du pays pourrait susciter. Ils ont ouvert la voie à l'industrie touristique et ont ainsi créé une source de rentabilité et de développement jusque-là ignorée.
Trois étapes et trois approches se sont succédé, durant le demi-siècle passé, pour doter la Tunisie d'une image porteuse, par-delà sa dimension géostratégique limitée.
La première étape a été celle de l'Indépendance. Le combattant nationaliste Habib Bourguiba a été le premier à comprendre que la Tunisie doit « se placer ». Il a développé un véritable lobbying avant-gardiste. Peu de gens connaissent Cécil Hourani. Et pourtant, il a constitué un relais indéniable entre Bourguiba et la plupart des réseaux d'influence occidentaux.
Bourguiba a su imposer l'image de la Tunisie et lui permettre de passer de l'ombre à la lumière. Qui ne se souvient du panache de la remontée triomphale de l'avenue Broadway à Manhattan en mai 1961 d'un Bourguiba, saluant debout la foule des américains, massée de chaque côté du parcours. Un hommage à notre si petit pays, devenu si grand de par sa politique étrangère, qui en fait forcément pâlir plus d'un aujourd'hui ? Une politique de « soft power » avant l'heure.
Image de la Tunisie sublimée par Habib Bourguiba Junior aux Etats-Unis et par Hédi Mabrouk en France. Symbolisée par des figures comme Madame Mendès-France ou Dag Hammarskjöld. Cette image de la Tunisie portée par Mongi Slim à l'ONU, Bahi Ladgham en Palestine, Habib Chatty à l'OCI, Chédly Klibi à la Ligue Arabe, Chédly Ayari à la BADEA, et tant d'autres encore.
Dans sa grandeur prophétique Bourguiba « irradiait » l'image de la Tunisie, là où son successeur en sera réduit à la « payer », au sens le plus vil et le plus sordide du terme, durant la seconde étape qui aura été celle de l'après 7 novembre 1987. Celle qui a suivi le Coup d'Etat pseudo-spartakiste d'un obscur troufion galonné, qui a laissé des traces tragiques de ce qu'il estimait comme son « droit de cuissage » sur la Tunisie.
Le tic-tac était déjà réglé à l'avance en matière de politique étrangère. Elle était façonnée pour le compte et à la mesure de ce personnage détestable et exécrable, que les tunisiens ont éjecté… pour ne pas dire « déjecté ».
La politique étrangère de la Tunisie était plate, sans relief et sans prises de positions saillantes. L'image de la Tunisie ne pouvait normalement qu'en pâtir. Mais il se trouve qu'une « machine de guerre » de la communication a été installée et a permis de maquiller les réalités. Elle a fait apparaitre la Tunisie comme un pays émergeant. Cette machine, bien huilée, avait été instaurée sur la base des mensonges, sur des habillages médiatiques et sur des tromperies sur les chiffres. Avec l'instrumentalisation des relais diplomatiques tunisiens - selon le principe de « la patate chaude » benalistique - ils auraient voulu que nos diplomates soient des diplomates-harkis. Mais ils n'y sont pas parvenus.
L'ATCE avait la haute main sur tout ce qui touchait à l'image du pouvoir. Tout cela était orchestré par un Goebbels local, à la fois Méphistophélès et Raspoutine. Une métaphore terriblement funeste, liée à un Abdelwaheb Abdallah de sinistre mémoire, et au système qu'il a érigé de manière poncepilatienne, alors que
Ponce Pilate lui-même n'aurait pas fait mieux, en matière de duplicité corruptive.
Qui peut ignorer les complicités honteuses - rémunérées - de toutes ces personnalités politiques étrangères - et de ces journalistes étrangers, qui ont permis de transformer l'image de la Tunisie en shadow-image ? Comme quoi, tout ce que Frédéric Mitterrand dit n'est pas forcément vrai. Ils se sont identifiés eux-mêmes par l'expression latine « azinus azinum fricat », dans ce fan-club benaliste - pas très farouche - à la fois garde-chasse et braconnier. Comme quoi les snippers peuvent être dissimulés dans l'ambulance même. Mais ils finiront bien par être « rattrapés par la patrouille » !
Et la « patrouille » les a, en effet, rattrapé en ce glorieux 14 janvier 2011 libérateur ! Le jour où l'image de la Tunisie a crevé les écrans sur le monde et où sa notoriété et sa popularité ont explosé sur tous les continents provoquant un standing-ovation exceptionnel du Congrès des Etats-Unis. Qu'a-t-on donc fait de cette image ?
Notre diplomatie est passée de la diplomatie chahutée et bousculée - avec le Ministre Kamel Morjane – à la diplomatie du franc-parler et de l'authenticité – avec le Ministre Ahmed Ounaïes. Puis de la diplomatie circonspecte – avec le Ministre Mouldi Kéfi – à la diplomatie de la savate – avec le Ministre Rafik Abdesselam Bouchlaka. Le résultat ?
C'est étrange non? C'est comme mettre dans sa propre poche une grenade dégoupillée. Ce qui démontre qu'il ne suffit pas de se pavaner avec un portefeuille - même ministériel - le tout est de savoir ce qu'il y a dedans.
Depuis lors, le nouveau Ministre Othman Jérandi s'est trouvé hériter de cette situation et serait pris entre le marteau de l'héritage de Rafik Abdesselam et l'enclume du tempérament du Président de la République. Celui-ci ayant engagé - bille en tête – une diplomatie tonitruante dans les dossiers de l'UMA, de la Syrie, de l'OUA et de Baghdadi Mahmoudi. Seule la Corée du Nord et le Japon auraient finalement trouvé grâce à ses yeux. Histoire de goûter à la taquinerie, « depuis qu'il n'entend plus parler de lui, il se croit sourd » – Pour paraphraser Talleyrand, le Prince des diplomates. Un grand moment de solitude, en quelque sorte ! Ce qui ne serait pas pour déplaire au Ministre Othman Jérandi qui a enfoncé un coin, en déclarant à un quotidien tunisien que « la diplomatie de grand bruit ne rime pas forcément avec efficacité ». Il voudrait engager une dynamique positive et vertueuse pour ressusciter l'image écornée de la Tunisie.
Mais, comme il y a toujours un effet caméléon entre le monde de la politique et celui de la diplomatie, notre Ministre va probablement s'appliquer à « murmurer à l'oreille des chevaux », pour mieux les enfourcher ensuite, sabre au clair. En tout cas ce sera toujours mieux que d'avoir l'oreille d'un autre type d'équidé.
Il est impératif de mettre du bleu dans le ciel de cette Tunisie ! Permettez-moi de terminer devant votre honorable assemblée par des éléments d'appréciation relatifs à l'image par le lobbying, souvent négligée.
Par méconnaissance, le sujet est entaché d'une certaine pudeur. Il s'agit néanmoins d'une véritable technique au service des institutions, de la gouvernance et des acteurs de la société civile.

On a souvent tendance à confondre le Lobbying, le Marketing Politique et la Communication, qui correspondent pourtant chacun à des actions spécifiques, bien qu'ils soient complémentaires.

Prenons une opération qui vient d'être engagée par les dirigeants tunisiens à coups de milliards. Notamment le slogan « la Tunisie qu'on aime ». Or, parler de « la Tunisie qu'on aime » pointe du doigt « l'autre Tunisie qu'on n'aime pas », sous-entendant la Tunisie actuelle. C'est ce que l'on appelle un anti-message « en creux » ! Mais s'en sont-ils seulement aperçus?
Dans une autre opération, le Maire de Paris, Bertrand Delanoë, a joué – en solo – en faveur de l'image de la Tunisie. Trois places inaugurées coup sur coup à Paris. Bouazizi, Hached, Bourguiba. Là, c'était du véritable marketing politique d'exception et non de la simple com'.

Mais inutile de surcharger la barge davantage. Selon le dicton tunisien, « el henna fil aqdam ouel khair el qoddam » ! S'il y a un Paradis, c'est justement parce qu'il y a un Enfer.
En un moment où l'image de la Tunisie a besoin de relooking et où la diplomatie économique est sous-explorée. En un moment où les appels sont restés vains pour la création d'une plateforme ad-hoc à Bruxelles, en direction des réseaux d'influence, qui sont complètement occultés. En un moment où les bases que pourraient constituer l'Unesco et l'Ocde à Paris, sont totalement inexploitées. Cherchez l'erreur !

C'est inconcevable, alors que ça papillote pourtant drôlement en ce moment, en matière de ChocoTom et de Story-Telling en série.

Que dire - lorsque pour certains - la couleur du chat importe peu, pourvu qu'il attrape la souris ?

En vérité, si les gouvernants actuels veulent constater la véritable image que reflète la Tunisie, il suffirait qu'ils se regardent dans leur propre miroir...à moins qu'il ne s'agisse d'un miroir sans tain !

Je vous remercie de votre attention, cela a été un honneur pour moi que de m'exprimer devant vous !


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