L'Organisation Contre la Torture en Tunisie a tenu une conférence de presse aujourd'hui, durant laquelle, les familles des personnes mortes sous la torture ont témoigné. Ce sont les familles dont les proches ont été torturés et parfois les victimes elles-mêmes portant encore les traces des maltraitances qui se dirigent vers l'organisation pour déclarer ce qu'elles ont subi. « L'OCTT reçoit quotidiennement des plaintes » assure Radhia Nasraoui. La présidente de l'OCTT a souligné la persistance des pratiques qui ont marqué les régimes passés en Tunisie. « Ces pratiques n'ont pas baissé après la révolution de la dignité, la torture étant justement une atteinte à la dignité des personnes » a –t-elle dit. « 3 cas de décès suspects (pour ne pas dire morts sous la torture en attendant l'enquête) ont marqué le mois passé » a relevé Radhia Nasraoui durant cette conférence qui fait office s'une sonnette d'alarme que l'organisation tire à juste titre. L'OCTT estime que l'impunité est la raison principale qui fait que la torture persiste en Tunisie. L'autre raison est que la torture n'est pas reconnue par l'Etat ni par les institutions qui en sont responsables. Ces pratiques sont complètement niées, alors comment lutter contre quelque chose qui n'existe pas… est-ce qu'un malade peut se soigner s'il n'admet pas sa maladie d'abord ? S'interroge Me Nasraoui… Des facteurs comme la prolongation de la période de garde à vue (de 3 à 6 jours) ainsi que l'absence d'avocat lors de cette période, augmentent les possibilités de maltraitance et de torture dans les centres d'arrêt. Le dernier cas en date est celui de ‘Abdel Majid Ben Saad Jdai'. Ce jeune homme de Sidi Bouzid a déjà subi un mauvais traitement lors d'une précédente arrestation en février 2015 ; il a même déposé une plainte portant le numéro 83097 contre les agents de la brigade des enquêtes et des perquisitions de la garde nationale de Sidi Bouzid. C'est au siège de cette même brigade qu'Abdel Majid est mort le 13 mai 2015… sa mort a été mise sur le compte d'un suicide, hypthèse réfutée par la famille de la victime dont le corps porte des traces de torture (selon son avocat Me Khaled Aounia et les membres de sa famille). Voici le témoignage de la famille de Lotfi Hamida, qui a été arrêté de manière brutale le 20 avril 2015, arrestation que sa famille assimile à un braquage. Son état s'est détérioré depuis son arrestation (il a été vu par sa famille sur une chaise roulante lors d'une de leurs visites à la prison de Messadine) jusqu'à son décès le 28 avril 2015. Voici également les témoignages des mamans de Mohamed Ali Snoussi et de Ali Louati, tous les deux décédés. Les familles assurent que les décès sont dus à la torture en prison.