Tout le monde se souvient de cette manipulation qui a cherché à impliquer l'armée dans une divergence entre les gouvernants, celle-ci ne tardant pas à se transformer en conflit déclaré mais inégalement souligné en fonction des événements, de la conjoncture et des calculs des uns et des autres. La tension a cependant atteint son sommet quand le gouvernement a cédé Baghdadi Mahmoudi à la Libye, à l'insu de président de la République qui y est allé de toute sa colère, surtout contre le ministre de l'Intérieur et le Général Rachid Ammar. Ces deux derniers ne se sont pratiquement pas prononcés sur l'affaire ; un ancien conseiller de la présidence s'en est chargé pour les uns et pour les autres, sans avoir été mandaté pour cela : il en a fait les frais. Mais le ministre et le général, ont-ils été victimes de leur discipline gouvernementale ou du flou provoqué par la nature des rapports entre les trois parts du gâteau électoral ? De fait donc, on sentait s'aggraver l'orage et s'aiguiser la rage du président qui paraissait en profiter pour faire valoir une partie des attributions qu'il considère comme siennes même en état d'extrême limitation de ces attributions. On a donc assisté à une mise à l' écart effective et non déclarée du ministre de la Défense dont les rumeurs des réseaux sociaux annonçaient de temps en temps la démission, pour qu'un communiqué officiel démente, sans autre précision. Puis, un nouveau conseiller militaire étant installé au Palais de Carthage, on assistait à une mise à l'écart progressive et méthodique du général Ammar, contre de timides apparitions du ministre, en cas de nécessité ou pour passer un message de précision de tutelle. Finalement, le pèlerinage aidant, un scénario discret est conduit pour éconduire, sans tambours ni trompettes et sans jamais le faire officiellement, celui dont le nom commençait sans doute à devenir encombrant dans une période où la révolution n'est plus à l'héroïsme, mais à la compétition politique. Dernièrement, la démission du ministre de la Défense reparaît sur les réseaux sociaux et encore une fois, le porte-parole de la présidence cette fois, dément l'information sur les ondes de JawharaFM. Quoi qu'il en soit, il y a tout lieu de croire que ce départ est imminent parce qu'il n'arrange plus les deux principaux acteurs du gouvernement ; car au-delà du froid qui a toujours régné entre le ministre et le président, il devient encombrant comme un exemple (relativement) réussi de la neutralité politique des ministères de souveraineté. Sans doute s'agirait-il de trouver la sortie qui fasse le moins de tapage et voudrait-on surtout éviter une sortie aussi tonitruante que celle de Houcine Dimassi. En tout cas, ce qui paraît évident, c'est la stratégie menée pour négocier le repositionnement de l'armée dans la nouvelle Tunisie, en attendant de voir le prix et les fruits de cette négociation.