Trois assassinats politiques dans moins d'un an. Le dernier est celui de Mohamed Brahmi tué de 14 balles devant chez lui et en plein jour. Des actes terroristes. Des caches d'armes. Des «arrestations». Des imams qui prêchent la violence et appellent au meurtre des « mécréants ». Anathèmes des adversaires politiques et volonté et leur exclusion. Un congrès national de lutte contre la violence et le terrorisme au Palais les 18 et 19 juin dernier. Avec bien sûr l'élaboration d'un pacte national de lutte contre la violence et le terrorisme, ratifié par les partis et les acteurs de la société civile qui y ont participé. Tout cela montre que la violence est devenue une donnée consubstantielle du paysage politique national. Mais quelle leçon peut-on tirer de l'enchevêtrement, de la confusion et de l'accélération de ces évènements et données ? Terroriser les Tunisiens et faire basculer le pays dans le cycle de la violence et de la contre-violence. Bien sûr, les hypothèses sur les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi et sur les réseaux terroristes ne manquent pas et ne vont pas manquer. Tout cela donne, paradoxalement, plus de visibilité au terrorisme sur le terrain médiatique et rend le citoyen et l'entrepreneur plus sceptiques quant à la sécurité dans le pays. Et cela ne soulage en aucun cas les familles de ceux qui sont victimes des actions terroristes et des assassinats politiques. En termes d'efficacité dans la lutte contre le terrorisme et la violence politique, il vaudrait mieux cantonner le problème dans un cadre purement technique et laisser les militaires et les agents de sécurité nationale faire leur travail dans le calme et la sérénité, après quoi ils rendront compte du bilan de leur action à l'opinion publique. Et il faut peut-être qu'on se débarrasse des faux fuyants politiciens de ceux qui encouragent la violence politique et le terrorisme en fermant les yeux sur des pratiques et des comportements qui cultivent la haine, nourrissent la violence politique et prêchent l'excommunication. Et de ceux continuent à faire semblant de ne pas entendre ceux qui prêchent ici et là dans l'espace public et dans les mosquées le discours de la haine et de la violence. En effet, tous ceux qui articulent l'opportunisme et le discours de la duplicité pour ne pas condamner de manière ferme et rigoureuse la violence politique, oublient que cela porte préjudice d'abord à leur propre image d'hommes politiques aspirant à prendre le gouvernail du pays, à l'image d'un pays connu par tolérance, son vivre-ensemble dans la paix et la concorde et surtout à l'industrie du tourisme qui reste l'une des principales sources de revenues du pays. Cette absence de volonté politique claire à mettre fin au spectre de la violence politique et du terrorisme est une erreur qui a, hélas, bien coûté des vies humaines. Elle a aussi coûté la mort de trois de trois figures de la vie politique. A savoir les martyrs Lotfi Nagadeh, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.