« Je ne suis pas fâché que tu m'aies menti. Je suis seulement contrarié qu'à partir de maintenant, je ne puisse plus te faire confiance ». Friedrich Nietzsche Les Tunisiens sont en droit d'intenter un procès à leurs gouvernants sous l'accusation de mensonge ayant occasionné de très graves préjudices. Les familles des victimes du terrorisme, les plus éprouvées par le mensonge gouvernemental, sont les mieux placées pour se constituer partie civile, mais nous estimons qu'il serait plus judicieux que ce procès en particulier soit pris en charge par la Tunisie. La raison en est que cette dernière est menacée, à cause de la duplicité et de la perfidie gouvernementales, de dissolution. L'assassinat de l'Etat civil tunisien, que la troïka au pouvoir s'est engagée solennellement à sauvegarder lors de sa prise du pouvoir, a été perpétré froidement pour favoriser l'avènement d'une théocratie. Ce meurtre a été commis par le parti Ennahdha avec la complicité de ses deux alliés. Le parti religieux devrait donc être interdit immédiatement parce qu'il aurait menti effrontément au peuple tunisien en se faisant passer pour ce qu'il n'est pas. Si les Tunisiens avaient été avertis que la Nahdha est une confrérie et non un parti politique, ils n'auraient pas commis l'erreur fatale de lui confier leur pays. Aujourd'hui, le fait est là. La Tunisie meurtrie et sanguinolente lèche ses plaies et grimace de douleur en attendant que ceux qui se disent être, depuis le 23 octobre 2011, ses « propriétaires », daignent lui venir en aide ou acceptent au moins de la laisser tranquille. Pourquoi diable s'acharnent-ils sur elle de cette façon ? Pourquoi refusent-ils de délier les liens dont ils l'ont eux-mêmes accablée ? Pourquoi n'arrêtent-ils pas de mentir ? Pourquoi ne sont-ils pas traduits en justice pour tout le mal qu'ils lui ont fait ? La Tunisie estime que la troïka est à l'origine de tous ses malheurs, mais considère, en même temps, que tous ses enfants sont coupables, parce qu'ils n'ont pas essayé de mettre fin à son calvaire. Ils l'ont abandonnée entre les mains d'une formation insolite qui l'a, en moins de deux ans, réduite à néant. Comment se fait-il que les Tunisiens ne se soient pas rendus compte que le capitaine, à qui ils ont confié le gouvernail de leur patrie, est un charlatan ? Comment ont-ils pu se laisser abuser par autant de tartuffes ? Ces derniers pourraient, à limite, avoir leur place dans une mosquée – et encore –, mais pas à Carthage, au Bardo et à la Casbah. Il est ridicule de demander à un saint, ou plus précisément à celui qui se fait passer pour tel, de faire le métier de roi ou de ministre. Il est non moins ridicule de penser qu'un pays puisse être sauvé par des faux thaumaturges et des fieffés menteurs. Car est menteur celui qui postule pour un métier qu'il ne maîtrise pas. Or, il ne fait pas de doute que gouverner n'est pas prier. Pourquoi diable, se demande la Tunisie, mes enfants m'ont-ils livrée, poings et pieds ligotés, à ce clergé inculte ? Les Tunisiens sont-ils donc si crédules pour s'être laissés berner par cette bande de tartuffes ? Les contradictions flagrantes de ces derniers, la duplicité de leur discours, leurs promesses manquées, leurs complots sordides sont autant d'indices qui auraient dû les alerter. D'ailleurs, les Tunisiens n'ont pas besoin de tant d'indices, un seul, le plus accablant de tous, aurait pu suffire. Ils auraient dû se demander pourquoi ce soi-disant parti politique, qui a remporté la mise le 23 octobre 2011, s'est employé, deux ans durant, à lui interdire les bienfaits de la lumière, sous prétexte que cette dernière est préjudiciable à sa vertu ! Les Gannouchi, les Khadimi et consorts, aidés par des hordes de tartuffes venus de partout, se sont fait un devoir de dépouiller la Tunisie de tous ses habits pour lui faire endosser une tunique hideuse, toute noire. Les Gannouchi, les Louz, les Chourou, les Bannani, pour ne citer que les célébrités, se sont plu deux ans durant à prodiguer deux excuses aux énergumènes qui, sous prétexte d'œuvrer pour la réalisation des objectifs de la révolution, se sont employés à mettre l'Etat et le pays en pièces. Là encore, les Tunisiens auraient dû se rendre compte que tout ce beau monde s'obstine à faire un autre travail que celui pour lequel il est payé. En effet, ces dignes « députés » se désintéressent totalement de leur métier pour jouer aux objecteurs de conscience, aux prédicateurs et, pour certains d'entre eux, aux prophètes. Or, la Tunisie n'avait besoin que d'administrateurs qui maîtrisent leur travail. Les Gannouchi, les Jbali, les Larayeïdh, les Bhiri, les Khadimi, les Mourou, les Marzouki et les Ben Jâafar n'ont pas arrêté, deux années durant, de répéter, à ceux qui voudraient bien les entendre, que la Tunisie est sur la bonne voix, que la leçon tunisienne, comme la révolution tunisienne, est exceptionnelle, que la démocratie est en train de s'installer lentement, mais sûrement. Entretemps, les extrémistes religieux assassinent coup sur coup Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, les milices à la solde du pouvoir lynchent au grand jour un militant d'un parti d'opposition, des artistes sont traînés devant la justice sous l'accusation d'atteinte au sacré, un libre-penseur est condamné à une lourde peine de prison parce qu'il a osé se dire athée, des policiers et des militaires sont sauvagement massacrés par les « enfants spirituels » ou les « sportifs » de celui qui se fait passer pour le maître incontesté du pays. Ces couleuvres qui ont métamorphosé le pays auraient dû mettre la puce à l'oreille des Tunisiens. Il est vrai que plusieurs d'entre eux ont dénoncé ces mensonges grossiers, mais bien d'autres se sont ingéniés à trouver des excuses aux menteurs doublés d'incompétents. La Tunisie estime que la mascarade a suffisamment duré, qu'il est grand temps que ses enfants comprennent que les charlatans, qui ne veulent pas lâcher le gouvernail, n'ont qu'une idée en tête, celle de la démolir méthodiquement et entièrement. Entretemps, ils continuent de répéter les sornettes usuelles, comme quoi ils seraient contre l'Etat religieux, qu'ils seraient favorables à la démocratie et à l'alternance… etc. Autrement dit, ils continuent de mentir de plus belle !