« Ne nous laissons pas bouffer par les politicards et leur démagogie boueuse ».Citations de Slogans de mai 68 Il est permis à tout un chacun d'avoir une opinion propre, de l'exprimer et de la défendre contre d'éventuels contradicteurs. Il s'agit là d'un droit inaliénable auquel il ne faut attenter sous n'importe quel prétexte. A cet endroit, il est impératif de se rappeler le dogme voltairien en vertu duquel la différence ne justifie aucunement la persécution. Quand je prends la défense de quelqu'un, avec lequel je suis en total désaccord, c'est moi-même que je défends, ma liberté dépendant étroitement de la liberté de chacun. Défendre l'autre, relève chez Voltaire d'une éthique qui repose sur le principe, érigé en loi, que le droit à la différence est le fondement de la socialité et le principe structurant de tout régime qui se dit – et se veut – démocratique, mais pas sur le mode tunisien, en voie d'institution par la rocambolesque ANC qui fait tout de travers. Nous y reviendrons. C'est sur cette base que les législations modernes dénoncent toute violation de cette liberté fondamentale comme étant un crime, d'autant plus odieux qu'il serait l'expression d'un fanatisme outrancier qui justifie, sous prétexte de faire triompher la Vérité (dont on ruinerait la majesté, selon les croisés de l'intransigeante ANC, de l'envergure des Ayadi, Ben Amor, Maatar, Abbou, Badi, si on la privait du grand V, auquel elle a naturellement droit), de tous les excès et de toutes les abominations. Le rival, l'adversaire, l'ennemi, le contradicteur, l'opposant, l'autre, décrits sous les dehors de monstres immondes, sont systématiquement diabolisés de telle sorte que leur liquidation, matérielle et symbolique à la fois, s'impose comme une obligation morale dont dépend, selon les cas, le salut de la société, de la patrie, voire de l'humanité entière. La liberté d'expression est aujourd'hui un droit reconnu par toutes les législations. Dans le contexte institutionnel, qui est aujourd'hui le nôtre, il est impossible de priver un individu, qui plus est un « élu » du peuple – en règle ou en infraction peu importe –, ou une collectivité (dont les blocs parlementaires contrebandiers de ladite ANC, sans permis d'exercer depuis le 23 octobre 2012) de ce droit élémentaire. Ceci dit, la liberté d'expression, envisagée comme une conduite sociale et politique à la fois (se traduisant dans la dialectique de la majorité et de l'opposition, en panne à l'ANC où la majorité présumée est officiellement et volontairement à la touche), est soumise à un certain nombre de règles qui en explicitent les modalités de fonctionnement et en indiquent, de ce fait, les limites. Entre autres platitudes affligeantes, il conviendrait de rappeler que les voix autorisées à exprimer l'opinion du « peuple » ne pourraient s'acquitter de cette tâche que dans les limites temporelles qui leur sont imparties, soit une année pour les ténors de l'ANC, ceux qui entendent, plus d'une année après l'expiration de leur mandat, soumettre à la question des membres d'un gouvernement de technocrates indépendants ! A ces énergumènes qui tiennent tellement à jouir de leurs prérogatives d'« élus », en possession de tous leurs moyens, il ne serait pas inutile de rappeler qu'ils sont, autant qu'ils sont (y compris ceux qui n'arrêtent pas de répéter qu'il est grand temps, pour eux, de vider les lieux !), en infraction et que leur entêtement à faire valoir leurs droits, caducs depuis belle lurette, procède du sabotage. Dans le domaine public ou, plus précisément, politique, la liberté d'expression consiste dans la possibilité, pour chacun des acteurs du domaine, en l'occurrence l'ANC, de développer un discours critique sur une œuvre donnée, toutes catégories administratives et économiques confondues. Faut-il rappeler ici que le discours critique est, par essence, un discours particularisant parce qu'il procède d'un savoir limité généralement à une sphère bien précise, c'est-à-dire à une discipline, à une option, à une spécialité ? En termes politiques, le discours critique est censé réparer un excès, un abus, un dérapage perpétrés par le pouvoir en place. Le devoir d'un – ou d'une – ministre du tourisme est de faire le plein dans tous les établissements qui dépendent de sa juridiction. Madame Karboul s'est acquittée convenablement de son devoir. C'est pourquoi, elle devrait répondre, devant les énergumènes de l'ANC, de son succès ! L'élu, soucieux de ses responsabilités, jaloux de ses prérogatives, est tenu de faire valoir les intérêts suprêmes de la nation, qui n'est autre, pour les Tunisiens que nous sommes – ou que nous sommes censés être – que la Tunisie. Il semble que ce ne soit pas là la priorité des « élus » désœuvrés de l'ANC puisqu'ils font passer les intérêts d'une nation étrangère avant ceux de leur patrie, celle qui leur paie, rubis sur l'ongle, leurs émoluments. En toute logique, les furies de l'ANC auraient dû exiger d'être payées par le pays qui profitent directement de leur excès de zèle, au lieu de continuer de vivre aux crochets d'un peuple qui a du mal, un peu à cause d'eux, à joindre les deux bouts ! Au lieu de demander des comptes à Madame la ministre du tourisme, les énergumènes de l'ANC auraient dû la congratuler parce qu'elle fait de son mieux pour qu'ils puissent toucher leurs pactoles à la fin de chaque mois ! On ne s'improvise pas inquisiteur (ou dictateur en herbe), on le devient au terme d'un cursus bien déterminé, exactement comme on devient médecin ou ingénieur. L'approche de l'inquisiteur amateur, comme c'est le cas de nos furies de l'ANC, comme celle de tout autre praticien, est une approche technique où l'impressionnisme moralisateur des vieux rossignols d'antan (les béni oui oui de l'ancien régime) n'est plus de mise. Ceci dit, il est juste d'ajouter que l'opposition, sur le mode des vieux rossignols, est, elle aussi, une spécialité, et qu'elle n'est pas à la portée du profane pataud qui s'improvise tribun ou leader ! Il n'est pas donné à quiconque de politicarder, c'est-à-dire de parler comme un authentique politicard ! A l'inverse du politicard professionnel, le politicard de pacotille (qui n'est ni amateur, ni débutant, mais un profane ignorant des règles élémentaires de la politique, dont celle – évidente en somme – de ne jamais se mettre en position d'infraction ! Ni Hitler, ni Mussolini n'ont commis une pareille gaffe ! La supercherie, pour être efficiente, se doit d'être exécutée dans les règles de l'art), faute de science et de technique, se laisse aller à un discours généralisant, entaché d'un moralisme poisseux ; un discours d'une affligeante platitude qui procède d'une rigoureuse vision manichéenne en vertu de laquelle la réalité, dont la complexité est pourtant évidente, est réduite à une suite dichotomique, faisant alterner, dans un style approximatif, souvent affecté et artificieux, des termes régis par une très sévère opposition : la nuit, le jour, la lumière, l'obscurité, le mal, le bien, la vérité, l'erreur, l'hypocrisie, la sincérité, l'échec et la réussite, la loyauté et la trahison, la foi et l'apostasie… etc. Le politicard de pacotille, qui se plaît dans sa peau d'usurpateur de droit divin, est un passionné dont l'exaltation n'a pas de limite. Il est donc normal qu'il n'ait pas le souci de la différence et ne voit le monde qu'à travers le prisme étriqué de sa personne, de sa foi, de son itinéraire, de ses espoirs, de ses déceptions, de ses aigreurs et de ses attentes. Sous son regard impérial de faucon, les hommes deviennent des robots, réglés par un opérateur occulte. Ces misérables machines devraient, selon lui, réagir conformément à des réflexes codifiés et se situer fatalement dans l'un des deux camps suivants, les seuls possibles dans la perspective hautement manichéenne du politicard fonceur et matamore : le camp des purs et durs d'un côté, et celui des traîtres et vendus de l'autre. Maintenant, si vous avez besoin de voir le manichéisme, doublé de machiavélisme, à l'œuvre, vous n'avez qu'à lire un bout, juste un bout (soit le titre) d'une œuvre exceptionnelle, intitulée Motion de censure, commise par l'Assemblée Nationale Constituante, tribunal inquisitionnel (faute d'adjectif adéquat, je me rabats sur ce néologisme de circonstance) tunisien, comme ne l'indique pas du tout son nom. Ne vous précipitez pas sur vos encyclopédies s'il vous plaît. l'Assemblée Nationale Constituante, cette instance, imposante en apparence, que personne ne peut vous reprocher d'en ignorer le sens et, plus encore, le rôle exact, est un attrape-nigauds (ça se voit surtout aux capitales dont elle s'affuble et au foin de tous les diables qu'elle fait pour la moindre vétille pour se donner bonne conscience et se croire utile aux contribuables qui se saignent à blanc pour lui payer son bifteck !), cirque de notre cru, forgé par nos soins (transition démocratique oblige) un certain 23 octobre 2011, qui est censé confectionner un mode de gouvernement, inédit dans nos contrées, devant générer, dans un délai de rigueur d'une année, un chef-d'œuvre d'une teneur exceptionnelle. Dans l'état actuel des choses, une motion de censure est vraiment nécessaire. Et c'est l'ANC en personne qu'elle aurai aurait dû frapper. Et ce ne sont pas les chefs d'accusation qui manquent. Nous mentionnons, en autres et en vrac, le non respect, par les « élus », des termes du contrat, le dépassement abusif des délais prévus pour l'exécution des travaux objets du contrat, le gaspillage des deniers publics, l'usage abusif des institutions étatiques à des fins strictement personnelles, entre autres le financement les campagnes électorales des présidents de la république et de l'ANC elle-même. Il y a là suffisamment d'éléments pour condamner au bagne, ou à la guillotine, des criminels novices, que dire alors des durs à cuir de l'envergure des récidivistes de l'ANC ? Non contents d'occuper, de manière illégale, l'hémicycle du Bardo, ils entendent faire le vide à la Casbah !