Depuis quelques années les comportementalistes, les sociologues et les observateurs avertis sont désarçonnés par la perte irréversible de la plus noble des valeurs ; celle du travail. Tous sont unanimes, les tunisiens ont une aversion pour l'effort et rechignent à travailler malgré la crise et la paupérisation rampante. C'est vrai que la Tunisie, petit pays d'exception et porte drapeau de la débrouillardise, est l'épicentre des contrastes et des non-sens. Alors que le taux de chômage atteint des records, des entreprises peinent à trouver de la main d'œuvre et il est de plus en plus fréquent de voir des africains travailler dans le bâtiment, la restauration, les métiers à haute pénibilité, …. Nos jeunes ont-ils perdu la motivation ? Ont-ils perdu le gout de l'effort ou ne croient-ils plus à la valeur et aux vertus du travail ? Tous les observateurs s'accordent sur les raison de cette désertion du travail. C'est la conjonction de divers éléments. Sociologiques, politiques, psychiques, …. Gagner plus en travaillant moins est devenu le crédo des tunisiens qui travaillent et des tunisiens qui cherchent à travailler. L'opportunisme, l'attentisme, l'assistanat et l'appât de l'argent facile ont gagné la bataille. Les grèves à répétition, la posture indécente des nouveaux barons de la mafia tunisienne, l'ascension fulgurante des caïds de la contrebande et les honneurs réservés aux sans grades, aux faussaires et aux usurpateurs ont contribué à pervertir la mentalité de nos jeunes qui ont sombré dans la loterie aléatoire de la vie et à la fainéantise au détriment de l'effort, de la créativité et du travail. Des jeunes frappés de plein fouet par la piètre image renvoyée par le travestissement d'une bonne partie de la population depuis quelques années. Les valeurs se sont écroulées comme un château de cartes et l'accession à l'argent et à la reconnaissance sociale n'est plus réservé aux méritants, aux travailleurs, aux gens qui se lèvent tôt et ceux qui rament pour réussir mais aux « révolutionnistes », aux falsificateurs de l'histoire, aux faussaires, aux criminels et aux renégats. Désormais il ne sent plus l'odeur naturelle de la sueur au pays du jasmin mais l'odeur nauséabonde de l'opportunisme de bas étage. Pourquoi culpabiliser de son assistanat au pays de Rede l'arrivisme. Au pays de Reccoba, Bahri Jelassi, Deghij, Prince, .les sans grade sont devenus généraux, les criminels se sont rachetés une conduite, les imposteurs ont réécris l'histoire, les travestis intellectuels se sont reconvertis en visionnaires, les corrompus se pavanent impunément et les traitres ont été élevés au rang de patriotes. Parce que la Tunisie le vaut bien, l'idée de gagner plus en ne faisant rien a considérablement progressé et avec la banalisation du SAVOIR et le triomphe de l'IGNORANCE, il est désormais admis d'accéder aux fastes de la vie, de profiter de la luxure et de rouler les mécaniques en étant rien. Quelle hérésie qu'au pays de la misère on trouve autant de milliardaires et de millionnaires. Un contraste d'image qui témoigne de la cruauté, du cynisme et de l'injustice d'une société qui aime pourtant se rappeler la fameuse phrase d'Oscar Wilde : « Nul n'est assez riche pour racheter son passé ».