Et soudain, le ton changea dans la plupart des médias ! Comme par un tour de prestidigitation ou par un brusque réveil de la conscience ! Un soir du jeudi 21 mars 2016, et plus sensiblement encore le lendemain. Dans le non-dit, que les observateurs ne peuvent manquer de supposer, faute de le prouver, il y aurait comme un mot d'ordre qui aurait circulé dans une gentillesse plus de l'ordre de la responsabilisation que de l'ordre de la suggestion. Aurait-il transité par des canaux parallèles qu'on ne saurait blâmer le mode de transmission du message, vu les conditions où était le pays et les dangers encourus. Cependant, le message aurait pu passer, discrètement et sans tapage officiel, à travers la HAICA ; celle-ci aurait alors joué convenablement son rôle de régulateur, oeuvrant à protéger le secteur de dérapages à même de compromettre l'essence et le sens de sa mission. Sans blâme ni mise en demeure, juste un signal intelligent qui amènerait les concernés à repenser leur tâche et même à se repenser dans une autre noblesse de leur mission. En effet, dans la fougue débridée des acteurs des médias, un certain 14 janvier 2011, un comportement fort justifié et sans doute longtemps espéré, le fait est que cet élan a fini par basculer dans un sens particulier, substituant souvent un abus à un autre, apparemment contraire mais du même type de fonctionnement : la voix impérieuse et la voie unique. Plus rien ne paraissait alors que l'étalage, parfois inconsidéré, de la misère, que le bruit inaudible de la colère et parfois même les gestes arrogants d'un manque de respect. Cela ne devrait certes pas occulter l'émergence de quelques compétences certaines, peu connues ou pas du tout avant la date fatidique. Ces nouvelles figures, dotées d'un professionnalisme évident, malgré de petites maladresses sans gravité, et d'une objectivité qui les honore, ont présenté un anti-portrait de ces acteurs qui prennent l'espace médiatique pour une tribune où ils se sentent en devoir de haranguer la foule et de manipuler les gens par leurs propos enflammés et leurs gestes hystériques, sous prétexte de chercher à éclairent leurs concitoyens, comme s'ils en étaient les nouveaux précepteurs. Soudain donc, en réaction contre l'esprit des médias du gouvernement, les cinq dernières années ont instauré l'empire non moins despotique des médias de l'opposition pour l'opposition. Considération non prise ici des médias qui monnaient leurs services de propagande politique ! Or l'état d'esprit des médias de l'opposition pour l'opposition finit toujours par perdre le sens du juste milieu qui est le lieu propice à l'objectivité de l'information et de la communication, cette objectivité supposée mais souhaitée, comme un idéal à atteindre, au-delà de toute tentation d'abus du pouvoir médiatique. On oublie alors la lourde et noble mission des médias en tant que catalyseurs et adjuvants de la culture foncièrement démocratique où tout et tous ont droit à la parole et où chacun peut être amené à repenser sa vérité à la relativisation et à la révision. La conséquence est que dans certaines situations où le pays est vraiment en danger, ces médias restent en dehors du risque encouru et des défis que celui-ci appelle. L'ivresse du buzz et du populisme les emballe au point de faire crisser les dents de la plupart des citoyens. Quand ils ne sont pas armés de la seule parlotte sans queue ni tête, certains de leurs invités, devenus à tel point indéboulonnables qu'ils en sont devenus des experts, se permettent même de présenter des tableaux et des chiffres qu'ils se permettent de lire n'importe comment dans le sens de certaines complaisances idéologiques, alors que ces lectures devraient relever de la compétence des experts en la matière, surtout des sociologues, sans perdre toujours la part de relativité inhérente à toute lecture. Voilà pourquoi en un laps de temps record, et par l'effet d'une sonnette d'alarme, la plupart des médias ont dû réadapter leurs discours et leurs modes de fonctionnement à la lumière des dangers encourus par le pays et par la société de ses citoyens qui n'ont pas trop de discours à vomir, mais qui ont des oreilles et des cœurs pour souffrir.