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Association des Economistes de Tunisie Fondation Carnegie: Quand l'économique s'arrime au train de la transition
Publié dans WMC actualités le 12 - 07 - 2011

L'ASECTU (Association des économistes de Tunisie) est revenue sur le devant de la scène, le samedi 9 courant, en tandem avec la Fondation Carnegie du Moyen-Orient. En cohérence avec son engagement citoyen, l'Association explore les défis à court et à moyen terme du processus de transition démocratique. Ce workshop est un épisode supplémentaire par lequel l'Université et par-delà les institutions de la connaissance et les hommes du savoir descendent dans l'arène. C'est la preuve par quatre que la dynamique réformatrice relève d'un élan national assumé de tous et véhiculé par nos institutions les plus représentatives dont l'Université.
L'Association s'assigne un rôle activiste. En effet, elle n'entend pas se restreindre au seul débat d'idées. Elle se propose d'évaluer les programmes économiques des partis politiques. Professeur Mohamed Haddar, son président, considère que le champ public est totalement dominé par l'instant politique. Aussi, il s'emploie à arrimer la question économique à l'agenda de la transition.
Les principales interrogations liées à la transition
Pr Lahcen Aschy, économiste en chef chez Carnegie, a rappelé que la révolution est une inflexion historique qui ne se répète pas à volonté. Il faut, par conséquent, optimiser cette occasion exceptionnelle. Il faut inaugurer une ère de refondation pour gouverner le pays, autrement et avec un nouvel ordre des priorités. Il y a essentiellement à veiller à ressouder les régions et assurer la jonction entre générations. D'où l'intérêt de bien cibler le «modèle économique» d'Etat à mettre sur pied .Mais alors sur quel pays l'étalonner? Celui de Turquie ou de Corée du Sud et peut-être également sur quelques pays d'Amérique Latine qui sont passés par des circonstances historiques similaires, propose le conférencier. Mais il convient qu'il est difficile, compte tenu des spécificités de l'histoire de répliquer un modèle. Un exercice d'implémentation est nécessaire. Il rappelle que l'objectif suprême reste le principe d'inclusion. Et c'est lui qui doit servir d'aiguillon aux choix stratégiques de l'avenir.
Les défis politiques de la transition
Professeur Ghazi Ghérairi est longuement revenu sur les conditions post 14 janvier où, par réflexe et à la fois, en toute conscience, les Tunisiens ont préservé l'Etat tunisien de l'effondrement. Autant le peuple désirait modifier radicalement la physionomie politique du pays, autant il a eu le bon instinct d'esquiver la situation de vide politique. Selon Pr Gherairi, notre conscience du phénomène institutionnel, vieille de trois siècles, nous a éveillé à ne pas broyer l'Etat. C'est un mix de discernement patriotique et d'instinct de survie qui a empêché la rage contestataire de mettre l'Etat par terre.
Au final, la profondeur de la structure étatique et l'enracinement du sens de l'Etat chez le Tunisien ont servi d'armature nationale. Il n'y a donc pas à craindre, assure-t-il, quant à un quelconque péril qui balaierait le caractère civil et la nature démocratique du futur Etat à naître le 23 octobre 2011. Et le Pacte républicain est un des bouliers de notre démocratie en devenir. Il reconnaît toutefois que ce n'est pas assez pour dissiper les craintes des couches populaires. La blessure est encore trop vive. Le souvenir de la décomposition programmée de l'Etat par le clan des B-A-T nous traumatise, à ce jour encore.
Ghazi Gherairi prend le pari d'un futur dispositif institutionnel à naître en octobre qui soit neutre. Plus encore, il favorisera la reprise économique avec une garantie constitutionnelle de gouvernance et par conséquent de transparence et d'équité. Mais cela ne nous exonère pas de donner un contenu et une substance à notre nouvelle politique économique.
La nouvelle vision du développement régional
Pr Ghazi Boulila, directeur général au ministère du Développement, avec beaucoup de sérénité, avait expliqué la nouvelle approche du développement régional. Ce ministère se retrouve en pole position et s'y maintient, grâce à la qualité de la feuille de route qu'il a élaborée. D'ailleurs, le ministère prend l'engagement d'éditer un livre blanc avant le 23 octobre. Le plan de campagne ainsi mis au point prévoit de réduire les disparités régionales, sans toutefois, sacrifier la compétitivité des grandes agglomérations du littoral. En inversant les proportions à 80% en faveur de l'intérieur et 20% pour le littoral, le plan prévoit d'arrimer l'intérieur au littoral.
La question est de savoir comment assurer les élans de convergence entre les régions. Le ministère a structuré sa démarche en quatre grands axes.
Il y a d'abord la facilitation de l'accès aux services sociaux les plus divers -de la santé au réseau routier-, et ce afin de favoriser le climat d'investissement.
Il y a ensuite à susciter la poussée de convergence entre régions, c'est-à-dire à créer un effet de synergie nationale.
En troisième position, le ministère se soucie de réhabiliter des conditions saines pour stimuler l'investissement en supprimant les subventions. L'on doit venir dans les régions en raison de leurs avantages comparatifs propres et non pour les incitations et les primes. Cela doit inciter surtout les IDE à s'orienter vers l'intérieur, et pour cela un important travail de reconfiguration des codes d'investissement est à entreprendre.
Last but not least, les filets sociaux autant pour la couverture (santé, retraite) et pour les transferts (aides) sont à renforcer.
Où va le marché de l'emploi
Mohamed Haddar a méthodiquement décortiqué la question du chômage. Ses hypothèses frappent par leur pédagogie. Malgré le saut de palier du taux de croissance de 3,5 dans les années 90 à 5% lors des années 2000, l'offre d'emploi était structurellement en déficit de création d'emplois. Dans l'intervalle, la demande a vu sa structure se modifier en profondeur car environ 60% des nouveaux demandeurs d'emploi sont des diplômés de l'université. Si le modèle économique nouveau ne vient pas, on sera donc en carence d'emplois à l'avenir. Et dans ce sillage, Pr Haddar réprouve le papier «stratégie du développement 2012/2016» où il retrouve les termes du XIIème Plan de développement, plus édulcorés. Alors sa conclusion est qu'il faut monter au filet et sonder les partis politiques sur ce qu'ils nous préparent à l'avenir.
L'avenir du futur
Le souci de progrès économique porté au devant de la scène par l'Association est totalement recevable. Il est tout aussi légitime que le motif de justice et d'équité sociale et économique. C'est dans cette perspective qu'il faut aider l'économique à refaire surface dans le champ public.
C'est la panne de l'économie qui a créé ce hoquet de l'histoire qui nous a débarrassés de l'ancien régime, et il tombe sous le sens que l'économie soit la clé de voûte du futur échafaudage institutionnel. L'Etat doit favoriser l'irruption d'un nouveau modèle économique.
Ce ne sont donc pas les think tank, comme le disait le Pr Aschy, qui détermineront le modèle du futur Etat tunisien mais bien les opérateurs économiques et sociaux, c'est-à-dire toutes les composantes actives du peuple. Et ce modèle, comme ne l'a pas précisé Pr Gherairi, est principalement impacté par le spécimen de l'Etat sorti de la lutte de l'indépendance qui reposait sur une administration publique au service du peuple. Car c'est cette équation qui a permis l'unité nationale, laquelle nous a ressoudés ce fameux 14 janvier.
Cet Etat social doit posséder de larges attributions et des fonctionnalités étendues. On doit le préserver de la bureaucratie, car elle a permis aux B-A-T de l'instrumentaliser et de le féodaliser. On doit également veiller à le préserver de la technocratie demain, car elle le viderait de sa dimension démocratique. On veut un Etat qui assure un «Tunisian Way of Life» à la hauteur de nos attentes. C'est-à-dire avec une Université qui forme des diplômés en phase avec les attentes des entreprises et qui nous rapproche du plein emploi. On est près d'accepter la mobilité territoriale mais plus jamais de recours à l'immigration. Le drame de Lampedusa nous a beaucoup attristés. Plus jamais ça.


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