Pour l'essentiel, sociétés familiales, le tissu des entreprises tunisiennes «craint» le marché financier. Mais les banques, qui ont pourtant, des sociétés d'intermédiation boursière, font une réelle concurrence au marché financier lorsqu'elles ne lui portent pas ombrage. Tout n'est pas seulement une affaire de changement de mentalités. Assurer le développement de la culture boursière. La Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis (BVMT) est décidée d'agir sur ce terrain. Le président du Conseil d'administration de cette institution l'a fait savoir dans une rencontre avec la presse le 8 juillet 2011. Ce développement figure parmi les 5 axes d'une stratégie d'ensemble de développement de la BVMT. Celle-ci n'a pas, d'ailleurs, mis beaucoup de temps pour mettre à exécution son projet. Des partis politiques sont touchés en vue de les sensibiliser sur le rôle de la Bourse dans l'économie nationale. Cette action vise à favoriser l'engagement des partis politiques, élection de la Constituante oblige, en faveur de l'intégration du développement du marché financier dans leur programme électoral. Il va sans dire que cette action de sensibilisation et d'autres similaires la BVMT a concocté tout un programme d'action- sont nécessaires. Un chiffre à lui seul résume la place de la Bourse dans le financement de l'économie tunisienne: 10%. Le reste (90%) est financé par le système bancaire. Et la situation perdure. Gageons que le développement d'une culture boursière continuera à être programmé dans les prochaines années. Et qu'elle ne produira pas toujours les effets escomptés. Car sans minimiser l'importance des actions de communication pour expliquer les vertus du marché boursier et attirer vers ce dernier les investisseurs, il faut reconnaître que tout ne réside pas seulement dans une «réforme» des mentalités. Certes, familiales pour l'essentiel, les entreprises tunisiennes ne veulent pas de la Bourse parce qu'elle est signe de transparence. «Offrir au regard de l'autre le détail de ses crédits et débits, si l'on a fait des bénéfices ou pas, voilà ce qui ne peut que gêner des entreprises qui veulent, d'abord, cultiver le secret. «Vivons heureux vivons cachés», commente un commissaire aux comptes. «Il suffit d'aller boire un café avec son banquier «Et puis, pourquoi s'exposer au regard de l'autre lorsqu'il est possible d'obtenir la même chose en s'adressant à la banque? Sans oublier les démarches et l'investissement en temps et en argent lorsqu'on passe par la Bourse, à commencer par l'établissement d'un prospectus», poursuit-il. Rien de tel lorsqu'on demande un crédit à la banque: «Il suffit d'aller boire un café avec son banquier. Et le tour est joué». La banque et la Bourse se font-elles concurrence? Pour de nombreux analystes, cela saute aux yeux, et cela malgré le fait que les banquiers tiennent des discours différents et que les banques ont créé des sociétés d'intermédiation. «C'est un trompe l'il», juge un autre commissaire aux comptes. Il s'explique: «J'ai vu de mes yeux un PDG de banque conseiller à un investisseur de contracter un prêt plutôt que de passer par une des filiale de la banque, précisément une société d'investissement. De toute manière, en opérant ainsi, il pensait au volume des crédits octroyés par sa banque et à sa prime de bilan. Sa filiale d'intermédiation boursière passe après. Elle n'intervient que lorsque le client n'est pas bancable ou s'entête à passer par la Bourse». Ce discours est-il exagéré? Certains connaisseurs du marché boursier n'en pensent pas moins. Pour eux, la situation ne peut changer que le jour où un investisseur est soumis aux mêmes démarches et règles auxquelles est soumis celui qui veut passer par la Bourse. La question a travaillé, à un certain moment, les initiateurs d'une réforme du système bancaire. Elle a été abandonnée!