«Oui, nous avons eu à maintes reprises l'occasion de rencontrer des responsables gouvernementaux y compris le ministre des Affaires sociales. Mais à l'évidence, nous ne sommes pas vraiment considérés comme des interlocuteurs valables pour lui, car nous ne sommes ni consultés en tant que syndicat ni vus en tant que partenaire social avec lequel il est important de discuter de la chose socioéconomique. Nous avons reculé depuis les gouvernements Ghannouchi et Caïd Essebsi. Ceci est aussi valable pour les partis politiques qui tolèrent le pluralisme politique et pas syndical». C'est la déclaration de Habib Guiza, secrétaire général de la Confédération générale tunisienne de Travail (CGTT). La CGTT est une organisation syndicale qui a commencé effectivement son exercice en 2011 mais qui n'en avait pas moins demandé l'autorisation den 2006 de l'ancien régime qui avait opposé son véto. Cette jeune confédération a aujourd'hui 45.000 affiliés dans plusieurs secteurs (santé, transport, banque, entreprises publiques, fonction publique, grandes surfaces) et autres entreprises étrangères (Valeo, Leoni et autres). Ils sont jeunes et pour la plupart des diplômés de l'université et des femmes. «Ce que nous comptons développer dans notre pays est le modèle d'une organisation moderne, démocratique et représentative. Notre devise est Emploi, liberté, Etat civil et démocratie». Depuis l'organisation de son congrès sous l'appellation «la Refonte du mouvement syndical», la CGTT milite pour être une partie prenante dans la transition démocratique et être elle-même un exemple en matière de bonne gouvernance et de pratiques démocratiques. Elle s'est ainsi dotée d'un comité directeur de 41 membres élus lors du congrès tenu en décembre dernier qui désigne un bureau exécutif, soit un bureau confédéral qu'il peut changer à tout moment dès le moment qu'il n'assure pas. Ce sont les fédérations qui sont équitablement représentées au sein du bureau exécutif. Deux femmes siègent au bureau confédéral. La stratégie de la CGTT est composée de 3 grands axes dont le premier est l'édification d'une organisation syndicale, moderne, démocratique, représentative et militante; le deuxième: «Pour un nouveau modèle social en Tunisie»; et le troisième, une implication efficiente dans la réussite de la transition démocratique. Pour la CGTT, il est important de réformer le système de relations professionnelles en Tunisie en révisant la politique des revenus, prix, salaires et fiscalité. Il faut également militer pour réviser la législation du travail dans le secteur privé et dans les secteurs publics et semi-publics. L'emploi doit être décent par une meilleure organisation du marché du travail et il faut pour cela valoriser les ressources humaines. Il est aussi important de travailler pour la valorisation de l'entreprise en étant des éléments efficients dans la création des richesses. Pour le secrétaire général de la CGTT, il est important de s'entendre avec l'UGTT pour une unité des actions. «L'UGTT discute avec le gouvernement pour un contrat social, nous devrions y être associés, et pour nous, il est important de mener de concert des actions communes. Nous avons perçus de bonnes intentions de la part de l'Union Générale des Travailleurs Tunisiens, nous espérons et attendons du concret».