La Confédération Générale Tunisienne du Travail a vu le jour en décembre 2006. Elle s'inscrit dans un processus de refondation du mouvement syndical tunisien et de modernisation de la première centrale syndicale tunisienne créée le 3 décembre 1924 par feu Mohammed Ali et ses compagnons d'arme. Cinq ans après, elle tient à Nabeul son premier congrès national en présence de ses adhérents, des représentants des partis et de la société civile et des syndicalistes européens en vue d'élire son bureau confédéral avec un seul objectif ,la refondation du mouvement syndical tunisien. La CGTT s'inscrit dans le prolongement historique du mouvement syndical authentique libre et pluraliste qui se base sur le principe du droit des travailleurs d'adhérer au syndicat de leur choix et qui exprime la détermination ouvrière et syndicale profonde à défendre les intérêts des salariés a précisé Habib Guiza secrétaire général de la CGTT qui a fait souligner que ce mouvement syndical renouvelé que représente notre organisation se fonde sur quatre piliers essentiels : la défense soutenue des droits sociaux et économiques fondamentaux des travailleurs et l'implication du syndicalisme en tant qu'acteur dans la transformation sociale, tout en restant fidèle à l'autonomie syndicale par rapport à l'Etat et ses différentes instances, aux partis politiques et à tous les groupes de pression idéologiques ou économiques, et prend en considération les mutations profondes qui affectent le monde du travail. Par ailleurs, l'option en faveur de la démocratie et les droits de l'homme est vitale pour l'organisation syndicale. Il ne peut y avoir de syndicalisme libre et actif en l'absence de démocratie et de libertés. Ce syndicalisme rénové proposé par la confédération est à la fois une force de revendication et de proposition.Il combat l'exploitation mais il fait siennes aussi les questions de l'emploi, de l'exclusion, de la précarité, de la formation, du perfectionnement, de la reconversion et de l'affirmation d'une capacité d'intervention dans la gestion. Notre programme illustre une nouvelle conception de l'action syndicale qui réalise la synthèse entre le droit de défendre les aspirations fondamentales des travailleurs et le droit d'être un partenaire dans les transformations économiques et sociales. Ce programme se fonde sur le partenariat entre les acteurs sociaux avec une disponibilité à la coordination entre les organisations syndicales sur la base d'objectifs communs. Monique Boutrand représentante de la confédération française démocratique du travail a indiqué que la CGTT, une nouvelle organisation syndicale moderne, démocratique et militante en Tunisie devrait contribuer au développement de l'action syndicale en Tunisie. « Cette initiative découle des profondes transformations que vit la Tunisie depuis le 14 janvier et vise à la rénovation de l'action syndicale, aussi bien au niveau de la perception globale des problèmes que des méthodes de travail et la refondation de cette action, et ce dans le cadre d'un pluralisme syndical réel, d'une coexistence fructueuse, dans l'intérêt des travailleurs de la société et du pays. Je salue cet élan de modernité et de solidarité qui caractérise la société tunisienne et notamment le rôle de la femme dans la réussite de cette transition démocratique du pays. La CGTT pourra se développer plus et aura certainement sa place dans le monde du travail » Lui succédant, l'Espagnol Carlos Vallego du CCOO de Catalonia a salué le dévouement de la classe ouvrière tunisienne et son rôle dans la réussite de la révolution. « La Tunisie dit –il vit une grande mutation syndicale avec la création de la CGT tunisienne. La révolution tunisienne est devenue un exemple pour tous les pays du monde. Cette révolution a émigré dans des sociétés qui lui semblaient étrangères et a instauré la démocratie dans plusieurs pays arabes. ». Le représentant du Front civil pour la démocratie a estimé que le 3 décembre constitue un événement dans le mouvement syndical tunisien qui est appelé à se développer et à relever les principaux défis de l'action syndicale nationale : la défense des droits économiques et sociaux et la garantie d'un travail décent dans le cadre de la mise à niveau du système de production. Cette action syndicale doit avoir une portée méditerranéenne. C'est une nouvelle page dans l'histoire du mouvement syndical tunisien et cette initiative est une bonne opportunité pour la rénovation de l'action syndicale, aussi bien au niveau de la perception globale des problèmes que des méthodes de travail et la refondation de cette action. Ceci n'est possible qu'avec le soutien et l'appui inconditionnel de la société civile qui devra constituer un contre pouvoir en vue d'instaurer un processus démocratique libre de toute référence idéologique et religieuse et apporter des solutions socio-économiques urgentes au pays. Le rôle des syndicalistes est important dans cette phase cruciale que vit le pays qui a besoin de plus de stabilité et de climat social sain » Ahmed Jellouli du parti el Wasat a fait remarquer que le dépassement de la situation de blocage et d'absence de perspectives d'avenir exige de nous de trouver des modes nouveaux d'organisation et de fonctionnement à l'intérieur des structures syndicales. Pour cela nous devrons combattre avec force les symboles de la corruption et leurs acolytes ainsi que tous ceux qui ont commis des injustices envers le peuple tunisien car cela constitue une condition essentielle dans le nécessaire démantèlement du système despotique et la réalisation de la transition démocratique et le pluralisme syndical. Nous devrons consolider tout processus de démocratisation et d'acceptation de la diversité à tous les niveaux conceptuels, structurels ou de gouvernance et consolider les acquis de la deuxième République ». Bref, ce congrès de la CGTT comme l'a précisé Habib Guiza militera pour une dynamique syndicale pour la réforme et la rénovation et ouvre des perspectives prometteuses pour le mouvement syndical pour le réhabiliter et sur la base de notre attachement aux fondements nobles et authentiques du travail syndical démocratique, national et international. Ce congrès poursuivra ce matin ses travaux avec l'élection du secrétaire général et des membres du bureau confédéral